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Histoire d'un malentendu

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ParEurosport

Mis à jour 11/07/2011 à 21:03 GMT+2

A quelques heures du match contre le Costa Rica (2h45), l'Argentine critique sévèrement Lionel Messi pour son début de Copa América, lassée de ne pas voir la réincarnation de Diego Maradona. Mais, même s’ils sont gauchers, explosifs et buteurs, les deux joueurs ne sont pas comparables.

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Crédit: Eurosport

Depuis que Diego Maradona a raccroché les crampons, en 1997, l’Argentine lui cherche un digne héritier. A savoir, un leader charismatique, un sauveur spectaculaire, un winner, capable de hisser la sélection albiceleste sur le toit du monde. Les Gallardo, Batistuta, Aimar, d’Alessandro ou Riquelme ont fait naître de grands espoirs sur les bords du Rio de la Plata, mais tous, ont fini par décevoir jusqu’à ce que le Messi(e) arrive sur le devant de la scène. Tout de suite, les Argentins ont su qu’ils tenaient là un joueur exceptionnel, un gaucher, court sur pattes, explosif, capable de dribbler une équipe entière et d’inscrire un but d’anthologie. C’était donc devenu trop tentant et trop évident : Lionel Messi était bien la réincarnation du Maradona footballeur.
Mais quinze ans après la retraite de Maradona, vingt-cinq ans après la Coupe du Monde 1986, le football a bien changé. Et les stars d’aujourd’hui ne ressemblent pas vraiment à celles d’hier. La pression n’est plus la même et les intérêts, bien plus importants. Mais aujourd’hui, c’est une mode, tout le monde a besoin de comparer ce qui n’est pas comparable. Diego Maradona tout comme Zinedine Zidane, Ronaldo ou Ronaldinho étaient uniques et c’est, finalement, ce qui fait leur charme. Jamais personne ne leur ressemblera et c’est bien mieux comme ça. En revanche, d’autres joueurs vont écrire leur propre histoire et, eux aussi, vont devenir des héros et faire gagner leur club où leur sélection, mais ils le feront à leur manière.
Timide, réservé et loin de la politique
Maradona était un leader, un vrai, tant sur qu’en dehors des terrains. Il aimait, par dessus tout, être le centre d’attention. La plus grande gueule de l’histoire du football n’esquivait pas les médias, il aimait leur parler de tout et de rien et c’était souvent pour mieux prendre toute la pression sur ses épaules. Plus il était attendu, meilleur il était. Toute sa vie, il a voulu être un héros, il a souhaité que les Argentins et les Napolitains se souviennent de lui comme le sauveur de la nation ou d’une ville. Et c’est ce qu’il transmettait sur un terrain. Diego était capable de jouer avec une cheville aussi grosse qu’un ballon de football, et de motiver ses coéquipiers comme jamais. Lionel Messi, lui, est un tout autre personnage. Il est timide, réservé et il ne fait pas de politique. Il ne parle qu’avec ses pieds. C’est un leader technique, un finisseur hors pair, mais jamais, il n’a pris le jeu à son compte et jamais, vous ne le verrez crier sur un coéquipier pour mieux le motiver. Messi ne veut pas être un héros à la Maradona même s’il rêve de remporter, comme lui, une Coupe du Monde.
Pep Guardiola a bien compris le personnage et a su le mettre dans les meilleurs conditions tant sportives que psychologiques. Son équipe s’articule autour de Messi, elle joue pour lui mais son rôle est bien précis : les 30 ou 40 derniers mètres. C’est dans cette zone de vérité que Messi est le meilleur de la planète. La Puce n’est pas Xavi, ni Iniesta, mais son jeu dépend d’eux. Ce n’est pas un chef d’orchestre mais un soliste surdoué. Le problème aujourd’hui, c’est que les Argentins voudraient qu’il soit les deux à la fois. C’est impossible et ça n’arrivera pas. Alors, en sélection, “Leo” joue contre-nature. Il pense que c’est en touchant beaucoup le ballon qu’il mettra tout le monde d’accord. Mais, ce n’est pas parce qu’il porte l’historique numéro 10 de la Seleccion qu’il doit et peut faire du Maradona. Ce n’est pas parce qu’il joue au Barça qu’il doit faire du Xavi ou du Iniesta. Et ce n’est pas en allant chercher le ballon à 60 mètres du but qu’il fera la différence. Pour l’instant, aucun sélectionneur argentin n’a su l’utiliser à sa juste valeur.
Maradona a été champion du monde à 26 ans, Messi en a 24
Messi a besoin d’être couvé pour être au top alors que Maradona adorait l’adversité. La preuve : le passage de Diego au Barça a été un cuisant échec, alors que Messi construit, en Catalogne, sa propre légende. Mais “el pibe de oro” a réussi là où “la puce atomique” échouerait certainement : il a fait de Naples, un club sans histoire et sans palmarés, un grand d’Italie et d’Europe. A 24 ans, Messi a encore de belles années devant lui. Et si cette Copa America, à domicile, est un échec, il pourra toujours se faire pardonner plus tard. Il ne doit pas oublier que Diego Maradona n’a jamais remporté de Copa America dans sa carrière et cela ne l’empêche pas d’être aujourd’hui un dieu vivant en Argentine. Il ne doit pas oublier non plus que Maradona a soulevé sa seule Coupe du Monde à 26 ans, l’âge qu’il aura en 2014, au Brésil...
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