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Avant Atlético - Real : En silence, Godin est devenu l'un des meilleurs défenseurs du monde

Alexandre Juillard

Mis à jour 06/01/2015 à 23:18 GMT+1

A 28 ans, il est, sans conteste, l’un des meilleurs défenseurs centraux de la planète, dans la pure tradition des kaisers uruguayens. Diego Simeone compte sur lui pour que son Atlético Madrid continue de briller en Liga et sur la scène européenne. Portrait.

Diego Godin (Atletico Madrid)

Crédit: AFP

Il n’est pas aussi médiatique que Sergio "l’impulsif" Ramos, que Gerard "le Golden Boy" Piqué, que Javier "le guerrier" Mascherano, que le "Bad Boy" Pepe, que Thiago "le monstre" Silva ou que David "le feu follet" Luiz. Et pourtant, Diego "le pharaon" Godin n’a absolument rien à leur envier. Mais il est certainement le moins coté de tous ces défenseurs. Manchester United aurait préparé une offre de 20 millions d’euros pour s’attacher, dès cet hiver, les services du kaiser uruguayen. Lorsque cette rumeur est arrivée aux oreilles de Diego Simeone par l’intermédiaire d’un journaliste, l’Argentin s’est presque étouffé : "20 millions ? Mais c’est une blague, vous me faîtes marcher. Franchement, Diego Godin pour 20 millions d’euros, c’est une blague. Si ça ne tenait qu’à moi, je ne le laisserais jamais partir. Parce qu’il est l’un des joueurs les plus importants du club. Il ne cesse de progresser dans tous les domaines : footballistiquement, en tant que leader et en tant qu’homme."
Imprenable de la tête, buteur à ses heures, impitoyable dans les duels, propre dans ses relances, Diego Godin a tellement de qualités qu’il est devenu l’un des meilleurs défenseurs de la Liga (pour ne pas dire de la planète). Depuis deux saisons, il plane sur le championnat d’Espagne et sur la scène européenne. Sans parler d’une Coupe du monde très réussie où, capitaine de la Celeste, il a inscrit ce but de la tête (ou de l’épaule) contre l’Italie synonyme de qualification pour les huitièmes de finale. "C’est vrai que je traverse le meilleur moment de ma carrière, vient-il de déclarer à un média uruguayen. Mais je ne veux pas m’arrêter là. Je veux continuer de progresser et de donner le meilleur de moi-même. Je veux gagner encore beaucoup de titres." Le tout est dit sans fanfaronner, sans se prendre pour un autre car Godin, et ce sont ses coéquipiers qui l’affirment, "brille par son humilité".

Un as de la natation

Chez les Godin, l’humilité et le travail, sont deux valeurs qui sont profondément ancrées dans leurs gênes. La famille est originaire de Rosario, une bourgade modeste et calme du sud du pays. Un havre de paix qui s’est spécialisé dans l’industrie agricole et laitière. Dès qu’il le peut, Diego Godin s’en va se ressourcer sur ces terres qui l’ont vu grandir. "J’aime la chasse et la pêche, le calme de la campagne et surtout passer du temps avec ma famille à qui je dois tout. J’ai passé une enfance heureuse. On n’était pas riche mais je ne manquais de rien." C’est dans cette ville de 10 000 habitants que Diego Godin a commencé à faire parler de lui. Mais, surprise, lorsque les médias locaux ont écrit leurs premiers articles sur ce fils devenu prodigue, il était question d’un Godin "nageur de première classe", "d’un albatros uruguayen".
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Diego Godin, défenseur de l'Uruguay

Crédit: AFP

"A 5 ans, j’ai eu des problèmes respiratoires, et le médecin a conseillé à mes parents de m’inscrire à la natation. J’étais plutôt doué dans les bassins et j’aimais bien nagé. J’ai battu plusieurs records nationaux et je crois que tous n’ont pas été battus depuis. Mais à un moment, il fallait que je fasse un choix et c’est très naturellement que j’ai préféré le foot à la natation. Maintenant, je ne nage qu’en vacances…" Cette première carrière prouve que Godin est un athlète complet et coordonné, un joueur endurant et résistant, et un homme capable de s’entraîner à haute intensité sans broncher. Diego a donc choisi de jouer au foot plutôt que d’enquiller des kilomètres, chaque jour, dans un bassin. Mais ce choix, il aurait aussi pu le regretter. Car sa carrière de footballeur n’a tenu qu’à un fil. Cet ex-attaquant a même failli tout plaquer pour rentrer chez lui et se remettre à ses études.
Je ne gagnais plus d’argent et j’ai été obligé de rentrer chez moi
"J’étais dégouté, désabusé lorsque mon club de Defensor Sporting (Montevideo) a décidé de me laisser libre. Je ne gagnais plus d’argent et j’ai été obligé de rentrer chez moi. C’est mon père qui a alors pris les choses en main. Il a pris son téléphone, appelé une connaissance au club Atlético Cerro (Montevideo) pour me faire passer un test. J’y suis allé, ils m’ont pris tout de suite (2003). Je ne leur ai pas coûté un centime. C’est dans ce club que je suis passé d’attaquant à défenseur central. Je me suis tellement bien adapté qu’en 2006 j’ai signé au Nacional (l’un des plus grands du pays) avant de m’envoler vers l’Europe." Son ascension est assez exceptionnelle. Il n’est pas passé par un centre de formation et il a su monter les marches une à une. En quelques saisons il est devenu un titulaire indiscutable à l’Atlético Madrid et en sélection.
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Diego Godín

Crédit: AFP

Au final, Diego Godin est dans la droite lignée des kaisers uruguayens. Il est le digne héritier des Jose Nasazzi, José Emilio Santamaría, Atilio Ancheta, Hugo de León, Darío Pereyra, Paolo Montero ou Diego Lugano. Avant la Coupe du monde, Oscar Tabarez, son sélectionneur, lui a même confié le brassard de capitaine. Un honneur pour le cinquième joueur le plus capé de l’histoire de l’Uruguay (85 sélections). "Mais je ne suis pas un capitaine aboyeur, je ne crie pas, même si je sais hausser la voix sur le terrain. J’essaie de donner l’exemple dans l’humilité, dans le professionnalisme et dans la solidarité. On est un groupe uni ce qui facilite les choses et il doit rester uni car ensemble, on veut gagner des titres comme la prochaine Copa America (2015 au Chili)."
 Cette saison, l’Albatros uruguayen, aussi impitoyable dans les airs que dans l’eau, veut donc tout emporter sur son passage. Des titres avec l’Atlético et avec sa sélection. Et ensuite ? Il sera peut-être temps pour lui d’aller voir ailleurs. Ou alors continuer à aider son entraîneur à faire grandir un club qui lui a permis de s’affirmer comme l’un des meilleurs défenseurs centraux de la planète.
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