Serie A - Luka Modric, déjà guide de l'AC Milan pour sa première apparition : "Il va être fondamental cette saison"

C'est comme si un frémissement avait parcouru tout San Siro en même temps. Dimanche soir, aux alentours de l'heure de jeu du match de Coupe d'Italie entre l'AC Milan et Bari, les 71 061 spectateurs présents dans l'enceinte milanaise se sont toutes levés comme un seul homme. Pas pour fêter un but des leurs, qui se sont facilement imposés (2-0) pour ce premier match de reprise. Mais bien pour célébrer plutôt celui que tout le monde était venu admirer pour la première fois : Luka Modric. Après une première énorme ovation reçue avant la rencontre, au moment de sa présentation aux côtés des autres recrues milanaises, le Croate en a reçu une deuxième au moment de son entrée en jeu. Le numéro 14 sur ses épaules, ou le flocage le plus vendu de l'été à Milan, il a rapidement rappelé que son âge (39 ans, bientôt quarante) n'était bien qu'un chiffre.

Une première passe de l'extérieur du pied (pouvait-il en être autrement ?), des ballons "nettoyés" les uns derrière les autres, un but frôlé mais raté par excès de générosité, une technique qui ne vieillit pas... Disons que pour un match de reprise, avec très peu de vacances et à peine une dizaine de jours d'entraînement dans ses jambes de quasi quadragénaire, Modric n'a pas manqué sa rentrée. Elle est même plutôt prometteuse, bien que l'adversité du soir (Bari évolue en deuxième division) est à relativiser. Mais qu'importe pour les tifosi milanais, qui ont accompagné toutes ses premières prises de balle par des applaudissements nourris.

"C'était tout simplement fantastique de pouvoir disputer mes premières minutes à San Siro, a reconnu le Ballon d'Or 2018 après la rencontre. Je me suis beaucoup amusé. Merci à tous pour le soutien et rendez-vous samedi pour le prochain match." Ce sera samedi soir, face à la Cremonese (20h45), lors de la première journée de Serie A. Débutera-t-il titulaire ? Difficilement, sa condition physique restant à parfaire et son temps de jeu soigneusement dosé. Comme ce fut le cas lors des dernières saisons à Madrid. Mais bonne nouvelle pour lui : son équipe ne disputera qu'un seul match par semaine cette saison, puisqu'elle n'est qualifiée pour aucune Coupe d'Europe. Et sur la scène nationale, il n'y aura que la Coupe et la Supercoupe d'Italie au calendrier. Il aurait certainement aimé disputer, peut-être pour la dernière fois, quelques matches de Ligue des champions, mais Modric pourra au moins gérer son physique comme il l'entend. Sans rien forcer.

En attendant, la presse italienne, elle, a aussi savouré les premiers pas de Modric. "En 25 minutes, il a déjà montré certains éclairs de son génie, se félicitait La Gazzetta dello Sport lundi. C'est la pure classe (...) Il a déjà pris entre les mains son équipe. Aux supporters du Milan, son âge importe peu. Il suffit de prononcer la parole Modric et l'enthousiasme déborde. San Siro a toujours su reconnaître la beauté, l'élégance, le génie et l'intelligence. Le Croate possède encore toutes ces qualités."

Il existe un temps où l'enceinte lombarde aurait pu le voir jouer à son summum, là au beau milieu de sa carrière. Mais celle-ci étant désormais révolue, pour le club septuple vainqueur de la Ligue des champions comme pour tout le reste du championnat italien, le peuple rouge et noir va se contenter de l'admirer à son crépuscule. "C'est la dernière danse de Modric, mais ça reste quand même bien", savourait le quotidien aux pages roses. "Il lui a suffi de toucher seulement quelques ballons pour recevoir les ovations du public", écrivait Il Giornale. Le Corriere della Sera résumait : "il aura bientôt quarante ans, sa condition physique reste à voir, mais la classe est intacte."

Pour ses coéquipiers, c'est aussi le pied. "En plus d'être un champion, c'est un homme très humble et très disponible. Il va être fondamental pour nous cette saison", a par exemple indiqué Samuele Ricci, l'un de ses compères au milieu de terrain, à MilanTV dimanche. "Il a beaucoup d'expérience, cela peut nous aider au quotidien. J'espère pouvoir m'amuser et profiter de jouer avec lui, et surtout grandir à ses côtés", a confié quant à lui Ardon Jashari, tout juste arrivé en Lombardie.

"Dès le premier entraînement, j'ai compris qu'il était différent. Nous sommes vraiment heureux de l'avoir avec nous", a avoué Alexis Saelemaekers. Des propos qui vont dans le sens de la venue du Croate à Milan. Après une saison catastrophique sur tous les plans, le club lombard a souhaité apporter à son effectif plusieurs retouches mais, surtout, un leader qui peut servir de modèle et de guide. "Il sera un exemple pour tout le monde", a prévenu Massimiliano Allegri, le technicien milanais, de retour sur le banc après onze ans. Dès son arrivée, d'ailleurs, Modric avait prévenu ses troupes : il n'est pas venu à Milan pour faire les boutiques de la Galerie San Vittorio Emanuele ou prendre des photos de la très belle Piazza Duomo. Son objectif, c'est gagner et remporter des trophées.

"Je suis heureux d'être ici et j'ai hâte de commencer une nouvelle aventure. Je voulais rester en Europe, continuer à jouer un football compétitif. J'avais d'autres propositions, mais lorsque le Milan s'est manifesté, pour moi, cela a été évident dès le premier instant. Le Milan est l'un des plus grands clubs d'Europe. Milan ne peut pas se satisfaire de la médiocrité et doit avoir les plus grands objectifs possibles : gagner des titres, rivaliser avec les meilleures équipes du monde. C'est pourquoi je suis ici", balançait-il dès sa première interview, lui qui a signé un contrat d'un an, jusqu'en juin 2026, contrat assorti d'une option pour une saison supplémentaire.

"Je ne suis jamais satisfait, je veux toujours plus, prévenait l'homme aux six Ligues des champions, quatre Ligas, deux Coupes du Roi et cinq Supercoupes d'Espagne. Quand tu as ressenti cette sensation (de gagner), tu veux la ressentir encore davantage. J'ai encore faim, encore envie. C'est ce que j'ai encore, ce que je ressens encore dans mon ventre, ce feu. C'est ce qui me pousse (...) il n'y a pas de secret, si ce n'est la passion, l'amour du football."

Bercé par les exploits du grand Milan durant sa jeunesse, l'international croate, qui a mis le cap sur le prochain Mondial, s'est mis en tête de lui rapporter ses plus belles lettres de noblesse. "Quand j'étais enfant, je regardais beaucoup le championnat italien, Milan était mon équipe préférée. À cette époque, en Croatie, nous suivions beaucoup le Milan parce que c'était l'un des clubs les plus populaires au monde. Aussi parce qu'il y avait Zvonimir Boban, qui était mon idole", rappelait-il.

Au sein du club lombard, tout le monde a été impressionné par sa connaissance du club. "Quand nous avons tourné les vidéos de présentation, avec notamment sa photo en survêtement du club, on voyait qu'il était très touché et sincère, nous fait savoir un salarié du club lombard. Il est exactement comme le grand public l'imagine : disponible, humble et presque timide. Il va faire du bien à tout le monde, cette équipe avait besoin d'un tel professionnel pour se remettre sur la bonne voie." Et qui de mieux que Modric pour servir de guide ?