CAN 2022 - Après le premier titre de champion d'Afrique du Sénégal contre l'Egypte : "Nous aussi, on a notre étoile"

C'était comme une libération. Comme si le poids d'une frustration qui durait depuis des décennies s'était envolée d'un coup. Il fallait vaincre la référence du foot africain, l'Egypte et ses sept titres de champion d'Afrique. Il fallait le faire au bout d'un suspense insoutenable. Au terme d'une séance de tirs au but à rebondissements. Où, tour à tour, les deux stars des Lions de la Teranga, Edouard Mendy et Sadio Mané, sont venus porter tout le peuple sénégalais dans ce paradis inaccessible jusqu'ici. L'histoire a été longue à s'écrire. C'est peu de le dire. Mais elle n'en est que plus belle.

Le Sénégal a forcé son destin. Certainement plus tard que prévu. Mais comme il l'a toujours voulu. "On savait que ça allait être difficile, soufflait le défenseur sénégalais Kalidou Koulibaly au micro de BeIN Sports. A Dakar, on s'est tous parlés. On avait un rêve, c'était de gagner la CAN. Personne ne nous attendait là, en finale. Aujourd'hui, on l'a fait, je l'ai toujours cru, malgré toutes les critiques, malgré le statut de favori. Personne n'y croyait et on a gagné, on ne peut être que content. Notre peuple le mérite, je le remercie d'avoir toujours cru en nous."

Ce rêve, les Lions de la Teranga se sont surtout donné les moyens de le réaliser. Sans le talent de l'incroyable portier égyptien Mohamed Gabaski, ils auraient certainement concrétisé plus tôt une domination assez nette sur une Egypte un peu rincée après avoir déjà dû disputer trois prolongations pour en arriver là. Son portier l'a tenue à bout de bras et d'une main ferme, comme celle qui avait repoussé le penalty de Sadio Mané en début de match. Le Sénégal aurait pu y voir le signe d'une malédiction qui allait se poursuivre.

Mais il en fallait beaucoup plus pour mettre ces Lions de la Teranga à genou. Leur talent n'aurait pas suffi. Ce trophée, ils sont allés le chercher avec leur cœur. "Cela prouve encore qu'avec la force de travail, la persévérance, le fait de ne jamais se décourager, on arrive à obtenir ce qu'on veut", résumait Aliou Cissé. Le sélectionneur sénégalais sait de quoi il parle. En 2002, il avait manqué le tir au but décisif lors de la finale perdue face au Cameroun et offert bien malgré lui le titre aux Lions Indomptables (0-0, 3-2 t.a.b.).

Cette douleur, Cissé l'a enfin exorcisée. "Aujourd'hui nous sommes fiers, a-t-il clamé au micro de BeIN Sports après la rencontre. On gagne face à l'Egypte qui a sept Coupes d'Afrique. Cela s'est joué à peu de choses, c'est le Sénégal qui a gagné aujourd'hui. Ce n'est pas rien, je veux féliciter nos joueurs. Je suis très ému parce que cette coupe, on l'a gagnée pour tout le peuple sénégalais. Il la réclamait depuis plus de 60 ans. On va profiter de ces bons moments. Aujourd'hui, nous aussi on a notre étoile."

Cette étoile, le Sénégal la doit aussi à ses deux stars. Edouard Mendy, décisif au moment de sortir le tir au but de Mohanad Lasheen pour offrir la balle du titre à Sadio Mané. Et Mané, donc. L'attaquant de Liverpool n'a pas tremblé malgré son échec sur penalty en début de match. Deux héros qui ont été élus respectivement meilleur gardien et meilleur joueur du tournoi. Mais ils ont surtout su donner au Sénégal ses lettres de noblesse. Et permettre aux Lions de la Teranga de régner enfin sur l'Afrique.