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Finale CAN - Nigéria - Côte d'Ivoire - Abandonné à 12 ans, en finale de la CAN à 22 ans : Adingra, histoire d'un miracle

Martin Mosnier

Mis à jour 12/02/2024 à 13:59 GMT+1

Révélation ivoirienne du tournoi, sauveur des Eléphants en quart de finale, Simon Adingra explose à la face de l'Afrique dans un tournoi qu'il n'aurait jamais dû jouer. D'abord parce qu'une fichue blessure semblait le condamner mais surtout parce que son parcours, très mal né, n'aurait jamais dû le mener chez les professionnels. Ce dimanche, il peut offrir la CAN aux siens.

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Si la Côte d'Ivoire remporte le trophée ce dimanche face au Nigeria, il faudra se rappeler que Jean-Louis Gasset, débarqué en cours de route, n'a pas tout fait à l'envers. Et s'il fallait retenir un bienfait de son passage sur le banc des Eléphants à cette CAN, ce serait sans doute de s'être obstiné à sélectionner Simon Adingra, pourtant blessé et très incertain au début de la compétition, contre vents et marées. Aujourd'hui, il est devenu le chouchou de son peuple, l'homme le plus acclamé de la demi-finale face à la RD Congo lors de la présentation des deux équipes.
Il faut dire que son pays se souviendra pour toujours de son but à la dernière seconde du match face au Mali en quart. Un but comme une bouée de sauvetage, comme des points de suspension pour une Coupe d'Afrique des Nations qui filait, encore une fois, entre les doigts du pays hôte. Les Eléphants se sont trouvé un héros avec ce petit ailier, léger comme le vent (68 kgs) et percutant comme le plomb. Des caractéristiques qui tracent déjà une filiation avec Gervinho, ancienne idole du pays. Pourtant, Adingra n'aura jamais dû être là, et pas seulement parce que ses ischios-jambiers sifflaient il y a un mois. C'est d'abord parce que son histoire ne ressemble à aucune autre, parce qu'elle lui a fait emprunter des itinéraires dont, généralement, on ne se relève pas, que sa trajectoire est belle.

Abandonné au Bénin à 12 ans

Sûr qu'au moment de démarrer le match le plus important de sa vie, ce dimanche face au Nigeria, il se souviendra d'où il vient. Cette histoire douloureuse, le milieu offensif ivoirien l'a racontée l'an dernier au quotidien belge la Dernière Heure. C'est celle d'une escroquerie qui aurait pu lui coûter sa carrière, enterrer ses espoirs et un peu plus encore. A 12 ans, Adingra est tombé entre les griffes d'un charlatan se faisant passer pour un coach, qui a subtilisé 300 euros à sa famille en promettant de faire fructifier le talent du gamin dans une académie au Bénin.
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Simon Adingra

Crédit: Imago

Dix jeunes footballeurs ivoiriens tombent dans le panneau. L'escroc part avec le butin, Adingra et ses compagnons d'infortune sont abandonnés dans un pays qu'ils ne connaissent pas. "Il n’y avait ni académie ni logement pour nous sur place, rembobine celui qui fait aujourd'hui les beaux jours de Brighton. Nous étions tous les dix au Bénin, à l’âge de 12 ans, livrés à nous-mêmes sans l’aide de personne. Nous n’avions même pas d’argent pour nous nourrir (…). Nous avons décidé de rester tous ensemble et de faire des petits boulots pour commencer à gagner de l’argent. Nous lavions par exemple des assiettes dans des restaurants en échange d’un peu d’argent et de repas."
Je suis très fier de toi Simon
La roue finira par tourner quand un de leurs compatriotes les croise par hasard dans la rue et décide de les aider en créant une petite académie qui grandira au fil du temps. Adingra tapera dans l'œil de recruteurs de l'académie ghanéenne Right to Dream où il croisera l'ancien Rennais Kamaldeen Sulemana ou encore Mohamed Kudus. A 17 ans, sa carrière est enfin sur les bons rails, l'emmène, comme nombre de Ghanéens, dans le Nord de l'Europe (FC Nordsjaelland), en Belgique et en Premier League… avant cette incroyable finale à domicile. Après la qualification en demi-finale, nos confrères de BeIn Sports lui ont demandé ce que l'homme qu'il est devenu aujourd'hui dirait au petit garçon paumé dans les rues du Bénin. "Je lui dirais : 'Je suis très fier de toi Simon, malgré les difficultés, tu as réussi à atteindre tes objectifs et ton plus grand défi, jouer la CAN avec les Eléphants.'" Oui, le grand Simon peut être fier du parcours et la Côte d'Ivoire remercier le destin de lui avoir offert ce talent.
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