Coupe d'Espagne, Real Madrid-Atlético Madrid : Rüdiger, le turbulent enfin canalisé

"Antonio Rüdiger à son meilleur niveau est juste le meilleur défenseur du monde". Pour parler de son compatriote, Mesut Özil ne passe pas par quatre chemins. La veille de cette publication élogieuse sur X (ex-Twitter), le défenseur du Real Madrid avait achevé Majorque d'un coup de tête opportun et donné la victoire à son club (1-0).

Seulement son 3e but pour les Merengues, en 77 rencontres, mais celui-ci a permis à son club de rester en tête de la Liga et de cristalliser la dimension prise par l'Allemand dans le collectif de la Maison Blanche. Moins de deux saisons après la signature de son contrat dans la capitale espagnole, Antonio Rüdiger est devenu le leader défensif du Real Madrid.

Un statut qu'il préfère rejeter, modeste : "Je ne me considère pas comme le patron ou quoi que ce soit d'autre, déclarait-t-il après le match. Je fais simplement mon travail et j'essaie de le faire parfaitement." Depuis le début de la saison, le résultat de son travail se rapproche effectivement de ses ambitions de perfection.

Une importance capturée par Mesut Özil : "Regardez ce qui est arrivé à Chelsea après son départ… Sa mentalité leur manque tous les jours." Parti libre en juillet 2022 après cinq ans à Londres, Antonio Rüdiger a laissé un vide défensif jamais vraiment comblé depuis à Chelsea. L’Allemand n'a pourtant pas toujours été un indiscutable à Londres. Mis sur le banc par Frank Lampard, il a dû attendre l'arrivée de Thomas Tuchel chez les Blues pour éclore à nouveau.

Dans l'axe à trois de l'ancien coach du PSG, Rüdiger est alors devenu l'un des défenseurs les plus craints du globe. Pour son niveau de jeu, mais aussi pour ses coups de folie. "Ça ne me dérange pas qu'ils disent que je suis fou, parce que je le suis un peu", assumait-t-il totalement après son but face à Majorque. Un trait de caractère confirmé par Lucas Vazquez, en conférence de presse début décembre : "Il est un peu fou, personne ne connaît ses secrets. Mais il joue à un niveau incroyable."

Cette réputation, il se l'est bâtie avec des actes. Ses sprints fantasques, d'abord, les genoux particulièrement levés, ses grimaces, aussi, et cette morsure sur Paul Pogba à l'Euro 2020, surtout, qui a définitivement collé l'étiquette. "Nous sommes amis. Ce n'était rien de grave", relativisait Pogba après la rencontre. Mais les images avaient déjà fait le tour du monde, et le mal était fait.

Quelques semaines plus tôt, il s'était fait remarquer en tamponnant violemment Kevin De Bruyne avec Chelsea. Le Belge était sorti en larmes et avait manqué le début de l'Euro. L'Allemand s'était excusé platement sur les réseaux sociaux. Mais sous Ancelotti, Rüdiger a appris à stabiliser ses humeurs, et par conséquent, ses performances. Une relation donnant-donnant que l'Allemand lui rend bien : "Lorsqu'il s'agit de traiter avec les joueurs, Ancelotti est intouchable", louait-t-il après son arrivée. Quelques jours plus tard, Carlo Ancelotti était venu participer à l'improviste au barbecue de la famille Rüdiger, pour apprendre à mieux connaître son nouveau joueur.

Avec déjà 1571 minutes disputées, il est le joueur le plus utilisé par le coach italien cette saison. L'ancien Blue a même rapidement chassé les doutes sur sa capacité à jouer dans une défense à quatre, au point d'être considéré aujourd'hui comme l'un des meilleurs du monde, et pas seulement par son compatriote Mesut Özil.

Une façon d'achever, quelque part, une certaine prophétie. En 2016, alors qu'il évoluait à la Roma, Florentino Perez lui avait envoyé une lettre après une blessure pour lui souhaiter un bon rétablissement. "Je sais que je ne peux pas plaire à tout le monde", philosophait-t-il en septembre 2022. Au Bernabéu, au moins, Antonio Rüdiger a trouvé un refuge où il fait l'unanimité.