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Coupe de France / Feignies Aulnoy FC - Paris Saint-Germain : Le PSG est-il en train de gâcher Achraf Hakimi ?

Vincent Bregevin

Mis à jour 18/12/2021 à 08:51 GMT+1

COUPE DE FRANCE - Étincelant en début de saison, Achraf Hakimi est beaucoup plus discret depuis quelques mois. Le latéral marocain peine à apporter la plus-value attendue dans l'animation offensive du PSG et n'offre pas toutes les garanties défensives. Mais il semble davantage victime que coupable de cette situation. Explications avec Laurent Fournier, nouveau consultant pour Eurosport.

Achraf Hakimi (PSG)

Crédit: Getty Images

C'était le 22 septembre dernier. Au bout d'une nouvelle montée rageuse, Achraf Hakimi faisait parler tout son talent à la réception d'un service de Neymar pour marquer et donner la victoire au PSG à Metz (1-2). Il venait de signer un doublé en Lorraine, dans la lignée d'un début d'aventure parisienne prometteur après son transfert en provenance de l'Inter pour 60 millions d'euros. A ce stade de la saison, il totalisait 3 buts et 2 passes décisives en 7 matches. Quasiment trois mois et 16 matches plus tard, ses statistiques n'ont pas bougé. Cela passe de moins en moins inaperçu.
Le problème principal ne tient pas tant aux chiffres. Mais plutôt à l'impression qu'on ne reconnaît plus Hakimi. Le latéral qui arpentait inlassablement son couloir droit et aimantait régulièrement le ballon en début de saison, comme il le faisait si bien au Borussia Dortmund et à l'Inter auparavant, semble avoir totalement disparu. Son appel de balle déterminant sur le but de Lionel Messi face à Nantes en championnat est l'exception qui confirme la règle. Dans l'animation offensive parisienne, l'impact du Marocain est devenu proche du néant.

La question du système

C'est pourtant bien dans cette optique qu'il avait été recruté. Si des doutes pouvaient exister quant à la capacité de Hakimi à exprimer pleinement son potentiel, ils étaient davantage liés au système du PSG qu'à la qualité du joueur. L'ancien Madrilène avait brillé dans un rôle de piston au sein d'un schéma à trois défenseurs centraux, et son passage à un poste de latéral pur dans une défense à quatre à Paris pouvait éventuellement nuire à son rendement. Le Marocain a cependant prouvé en début de saison qu'il savait aussi être performant dans cette configuration.
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Mais ce n'est pas celle qui le met le mieux en valeur. "C'est un excellent contre-attaquant avec des qualités de vitesse, de centres, de dédoublements, résume Laurent Fournier, consultant pour Eurosport et qui avait joué dans un rôle similaire au PSG. Il est assez obnubilé par l'attaque. Il a du mal à se replacer, surtout quand le PSG joue à quatre derrière. Je pense qu'il apporterait beaucoup plus si le PSG jouait à trois défenseurs, par sa qualité de dédoubler sur les côtés, de percuter, de jeu sans ballon et de centres. A quatre c'est beaucoup plus compliqué car il faut défendre avec les quatre qui sont devant, et ce n'est pas son point fort."
C'est tout le problème. Dans le système à quatre défenseurs de Pochettino, Hakimi devient une victime collatérale du profil des stars de l'attaque parisienne. En défense comme en attaque. "Si à chaque fois il y a des appels dans son dos et que ces joueurs ne l'aident pas, c'est compliqué, explique Fournier. Par ailleurs, quand vous avez un latéral capable de prendre la profondeur et que vous lui bouchez le côté, parce que Di Maria ou Messi sont sur cette aile droite, ça l'oblige à passer devant eux et si le ballon est perdu, c'est dangereux défensivement."

Le paradoxe Messi

Un constat d'autant plus troublant que l'association de Messi et Hakimi promettait justement d'être un atout redoutable pour le PSG. Elle rappelait sous certains aspects celle qui avait particulièrement bien fonctionné à Barcelone entre l'Argentin et Dani Alves, un joueur au profil assez proche de celui du latéral marocain. Mais la connexion tant attendue est particulièrement délicate à mettre en place. La baisse de régime du Marocain coïncide d'ailleurs quasiment avec l'intégration de Messi dans le onze parisien.
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L'absence de repli défensif de Messi explique en partie le phénomène. Elle incite vraisemblablement Hakimi à davantage de prudence dans ses montées pour permettre au PSG d'être moins exposé sur le côté droit à la perte du ballon. "Peut-être que Messi fait moins d'efforts, avance Fournier. Et il rentre énormément. Sur le dernier match, c'est Di Maria qui a joué sur le côté et on l'a vu plusieurs fois venir faire les efforts pour bloquer ce couloir, ce qui a peut-être permis à Hakimi de récupérer un peu plus." Mais quel que soit le joueur aligné devant lui sur le côté droit, le Marocain voit son impact offensif limité.

"Il faut qu'il soit heureux pour apporter"

C'est aussi la conséquence du style de jeu parisien en général, et pas seulement d'une connexion loin d'être optimisée avec le joueur qui lui est associé sur le côté droit. La plupart des mouvements se font dans l'axe et l'utilisation des latéraux reste minime. L'équipe de Pochettino n'est pas non plus adepte des changements d'aile sur des diagonales. Alors que Hakimi a justement cette faculté à bien lire ce type de phases de jeu. Il est régulièrement libre quand le ballon est côté opposé. Mais il n'est jamais l'option recherchée.
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Hakimi doit ainsi jouer un peu contre-nature au PSG. "Si devant vous avez Messi, Neymar et Mbappé, vous pouvez vous concentrer sur votre travail défensif, poursuit Fournier. Mais est-ce que Hakimi, psychologiquement, est prêt à ça ? On le voit heureux quand il peut faire des appels, dans son envie d'aller de l'avant et d'apporter, d'être généreux dans les efforts. Et là on a l'impression dans cette défense à quatre qu'il a peut-être peur d'apporter ça. Parce qu'il a vu par rapport à son travail défensif que le PSG prenait beaucoup de buts venant des côtés. Il faut qu'il soit heureux dans son rôle pour qu'il puisse apporter énormément."

La défense à trois, c'est faire des choix

Que Hakimi soit heureux dans son rôle peut passer par l'adoption d'un système à trois défenseurs centraux qui permettrait au Marocain d'endosser son rôle favori de piston. Pour Fournier, c'était la logique de son recrutement. "Pourquoi prendre Hakimi si ce n'est pas pour jouer à trois ?", s'interroge notre consultant. "Je me demande pourquoi le PSG l'a pris. Si c'est pour rester dans une défense à quatre, il fallait prendre un joueur qui défend. Là le PSG prend Hakimi, et Nuno Mendes c'est pareil à gauche. Ce sont des latéraux qui sont des contre-attaquants et on leur demande de défendre. Je pense que dans le choix du recrutement, c'est difficile à accepter."
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C'est tout le contraste avec le début de saison. Une période où les qualités offensives d'Hakimi sautaient aux yeux, et où l'intérêt de son recrutement ne faisait aucun doute. Mais quand on les voit moins, ce sont ses défauts en défense que l'on voit davantage. "Je ne mets pas son talent défensif en cause, corrige Fournier. Mais c'est un joueur pour jouer à trois derrière, un joueur de couloir, capable de défendre et d'attaquer. Pour le bien du PSG, pour les échéances à venir, le mieux pour lui ce serait une défense à trois. Mais c'est faire des choix. Jouer à trois centraux derrière avec deux latéraux, ça revient à sortir un attaquant ou un milieu."
C'est peut-être ce qui explique pourquoi Pochettino n'a opté pour ce système que sur quelques bouts de match. Mais l'Argentin aurait des raisons de l'adopter pour de bon. "Ça apporterait plus de sérénité derrière, estime Fournier. On voit que l'adversaire du PSG se crée des occasions à chaque match. Et ça apporterait de la diversité dans le jeu, ce ne serait plus seulement attendre que Mbappé pou Messi fassent la différence. Comme en début de saison, quand la générosité des latéraux et des milieux qui se projetaient apportaient une certaine créativité. Là la créativité est réduite.Je pense que ça contenterait tout le monde." En particulier Hakimi.
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Tout sourire, Lionel Messi célèbre son but marqué contre Bruges aux côtés de Kylian Mbappé et Achraf Hakimi, le 7 décembre 2021 au Parc des Princes.

Crédit: Getty Images

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