Coupe de france : Lorient-Lens : les raisons d'un coup de mou

C'est un duel attendu. Un match pour repartir de l'avant. Celui qui se qualifiera en quarts de finale de Coupe de France jeudi soir, bénéficiera d'un boost psychologique non négligeable. Et si Lens et Lorient se croisent en Coupe, c'est finalement avec une dynamique presque similaire en championnat. Bretons et Nordistes ne comptent qu'une victoire sur leurs cinq dernières rencontres de Ligue 1. Aujourd'hui, les hommes de Franck Haise ne sont plus dauphins du PSG mais 3e, derrière l'OM. Ceux de Régis Le Bris pointent à la 7e place et vont devoir mettre un coup de collier pour jouer l'Europe la saison prochaine. Un coup de mou hivernal des deux côtés et des explications communes pour l'expliquer.

"C’est un casse-tête, résumait Franck Haise dans La Voix du Nord après le nul face à Brest dimanche (1-1). Il faut vérifier tous les bobos plus ou moins graves, sachant que moins de trois jours après Lorient, on va à Lyon. Il y aura des choix à faire et d’autres à ne pas faire". Et les choix dont le coach de Lens parle, sont d'autant plus faciles (ou difficiles) à faire que l'infirmerie des Sang et Or est pleine à craquer, avec des absences de taille (Wesley Saïd, Jimmy Cabot, Alexis Claude-Maurice) pour ne citer qu'eux. Sur le côté gauche, Massadio Haïdara et Deiver Machado vont mieux et sont dans le groupe mais manquent de rythme. Pour ne rien arranger, Kévin Danso est suspendu pour le voyage au Moustoir.

Du côté des Merlus, la blessure de Julien Laporte, le 1er février, devrait continuer à peser sur la défense centrale. Le capitaine lorientais Laurent Abergel et Théo Le Bris sont forfaits, tout comme Yvon Mvogo, lui jusqu'à la fin de saison. Comme de nombreux joueurs dans le championnat, ils font les frais d'une saison très dense, marquée par la Coupe du monde. Surtout que depuis le début de l'exercice en cours, Le Bris et Haise imposent un jeu basé particulièrement sur l'intensité. Tout l'enjeu est donc de garder cette philosophie, tout en tentant de préserver les joueurs des blessures. A Lorient surtout, le mercato hivernal a permis d'attirer de nouvelles recrues pour apporter de la profondeur de banc, mais il leur faudra du temps s'acclimater.

Il est clair que le RC Lens n'est pas une machine à marquer. Mais la 8e attaque du championnat (34 buts en 22 matches) compte plutôt sur l'efficacité, ce qui ne l'a pas empêchée de faire un début de saison remarquable. Pourtant aujourd'hui, ce rendement est moins bon. "On manque de points en ce moment, on a du mal à concrétiser nos occasions", déplorait Jonathan Gradit sur Canal + après le nul face à Brest. C'est d'ailleurs le défenseur, qui signait le premier but en Ligue 1 de sa carrière, qui avait permis aux Sang et Or d'arracher un point à Francis Le Blé. Pas de grand mercato hivernal dans le Pas-de-Calais mais deux recrues pour tenter d'enflammer le secteur offensif (Angelo Fulgini et Adrien Thomasson). Le premier n'a fait que ses débuts mais le staff compte déjà sur lui. "C'est un milieu attaquant créatif, très complet sur le plan technique, sur son volume, capable aussi de finir les actions, qui est aussi un bon frappeur sur les phases arrêtées", décrivait Franck Haise. De quoi espérer quelques illuminations dans les trente derniers mètres, comme celles de Seko Fofana. Thomasson a déjà marqué en Coupe et en championnat et va devoir être décisif et régulier dans une attaque où Florian Sotoca et Loïs Openda sont branchés sur courant alternatif.

A Lorient, le chantier offensif n'est pas simple non plus. "On est dans le processus qu'on avait imaginé. C'est une équipe qu'on a beaucoup modifiée et qui encore a du mal à trouver une fluidité dans son jeu offensif. Il y a eu quelques séquences sur la première période puis sur la longueur du match, c'est devenu brouillon", analysait Régis le Bris après le match face à Angers dimanche (0-0). Surtout parce que ces dernières semaines ont été marquées par la série à rebondissements autour de Terem Moffi. Le meilleur buteur des Merlus (12 réalisations), ne jouait plus avant de signer officiellement pour l'OGC Nice. Et pour ponctuer le tout, les supporters bretons ont également assisté au départ de Dango Ouattara (6 buts), pour Bournemouth. Sans ses deux grosses gâchettes, Régis Le Bris doit repenser son attaque. Les nouvelles recrues Bamba Dieng et Romain Faivre ont été alignées sur les ailes face à Angers. Sans avoir fait de mauvais match, les deux joueurs n'ont pas assez pesé dans ce rôle. Enzo Le Fée est toujours capable de créer des fulgurances mais tout ne peut pas reposer sur lui dans la création et il faut surtout que la finition suive, avec un Ibrahima Koné qui pourrait être plus décisif.

Lens et Lorient ont réalisé un début de saison tonitruant. Et c'est aussi peut-être parce que les deux équipes étaient un peu moins attendues à des sommets. Désormais, elles sont connues et redoutées par leurs adversaires et notamment du bas de tableau. "C'est ça le haut du classement, il faut être le plus régulier possible", répondait Jonathan Gradit, lucide, cette semaine. Le statut des deux clubs ayant évolué au cours de la saison, il y aurait donc moins "l'effet de surprise". "Lens a une équipe physique et complète. C’est forcément un challenge pour nous de les rencontrer", glissait l'entraîneur brestois avant la confrontation. Au final, le Stade brestois a su contrer les Sang et Or, en mettant en place une défense solide et un bloc bas. Pareil pour les Lorientais, même s'ils ont enchaîné les matches face à des grosses écuries déjà bien en place (Monaco, OM, Rennes) depuis la reprise.

Lorient est toujours en course pour l'Europe et il serait dommage de mal finir une saison brillamment démarré. Pour Lens, il va falloir rapidement réagir si le club nordiste souhaite jouer le podium et pourquoi pas plus. En tout cas, si maux il y a, on ne crie pas encore à l'épidémie générale. "Ça fait partie de notre saison, ce que je vois de mon groupe me laisse à penser qu'il y aura d'autres moments positifs. Je continue à leur tirer mon chapeau, même avec des vents contraires, ils vont jusqu'au bout d'eux-mêmes", expliquait dernièrement Franck Haise.