Coupe de France - Revel - PSG - La gloire, la chute et le fantôme : Navas, trois vies à Paris

C'est lors d'un anonyme 16e de finale de Coupe de France, lors d'une correction face aux amateurs du Pays de Cassel (7-0) que la carrière de Keylor Navas au PSG aurait pu s'achever. Dans la foulée, il s'engageait en prêt à Nottingham Forest et comme Gianluigi Donnarumma avait fini par remporter le bras de fer, il y avait finalement peu de chance de le revoir dans les parages. Mais clore une si belle aventure au soir d'un lundi sans fièvre face à une valeureuse mais limitée équipe de Régional 1, ce n'était pas rendre honneur à la carrière de Navas à Paris. Sauf qu'aujourd'hui, comme l'an dernier, Navas est devenu un sujet périphérique du PSG.

Son retour n'y a absolument rien changé. Luis Enrique a beau aimer son profil et d'abord son jeu au pied bien plus appliqué que celui de Donnarumma, l'Italien a éteint les débats depuis bien longtemps. Et même les sévères secousses traversées lors d'une semaine de l'enfer par le colosse début décembre n'ont pas remis le Costaricien dans le jeu. Précisément parce que les jeux sont faits depuis le 15 février 2022 quand Mauricio Pochettino a choisi de titulariser Gianluigi Donnarumma en 8e de finale de la Ligue des champions face au Real Madrid.

Navas a compris, ce jour-là, qu'il avait fait son temps et que le sien était compté à Paris. Ce jour-là, le clou a scellé un cercueil ouvert quand Leonardo avait choisi, à l'été 2021, de ramener le gardien des champions d'Europe italiens, libre de tout contrat, alors que Navas n'avait, à cette époque, aucun souci à se faire dans le but parisien. Deux ans après sa rétrogradation dans la hiérarchie, Navas est toujours là parce que son confortable salaire à un million d'euros bruts par mois et sa vie à Paris aident à faire passer l'amertume d'un indécrottable statut de doublure. Aujourd'hui, son statut n'est pas net et il n'est pas totalement exclu de penser que le surprenant Arnau Tenas le devance dans la hiérarchie désormais.

Ses blessures (dos et fissures aux lombaires) lors de la première moitié de saison sont totalement passées inaperçues tant son influence s'est diluée à Paris et il fut même parfois complètement oublié des communiqués médicaux pourtant exhaustifs du PSG. Navas est devenu le fantôme d'un vestiaire que Luis Enrique lui avait pourtant demandé de mener en début de saison. Mais sans aucune minute de jeu, comment avoir la moindre autorité dans un effectif bourré de stars et d'égos ?

Navas est aujourd'hui la star la plus discrète du club alors qu'il fut l'une des recrues les plus importantes de son histoire. Quand Neymar brillait par son inconstance et avant que Léo Messi rate son expérience parisienne, Navas apportait une sérénité nouvelle à l'éternel poste faible du PSG sous QSI. Si Paris a atteint la finale de la Ligue des champions en 2020 pour la seule fois de son histoire, il le doit d'abord à un Navas irréprochable cette saison-là, et celle d'avant d'ailleurs. Aucun gardien, pas même Gianluigi Donnarumma, n'a fait preuve d'une telle constance en Ligue des champions, une compétition dont il fut l'un des rois et qu'il a gagnée à trois reprises avec le Real Madrid.

Ce dimanche, face à Revel (20h45), il reprend du service alors que plus personne ne l'attendait. Et il jouera peut-être, cette fois-ci, son tout dernier match avec Paris. D'abord parce que son contrat se finit dans six mois et que personne n'a intérêt à ce que l'histoire, déjà trop longue, s'éternise plus longtemps. Ensuite parce qu'il doit sa titularisation à la décision de Luis Enrique de laisser au repos Donnarumma mais aussi, peut-être, à la blessure de Tenas. Pays de Cassel et Revel, voilà les miettes qui doivent contenter le gardien aux 108 matches avec Paris. Une bien triste fin.