Bordeaux mystifie Paris

Paris voulait une revanche, les Bordelais auront finalement donné une correction. Pis, une démonstration de réalisme et de maitrise technique. Digne des grandes équipes? La fin de saison viendra confirmer ou non cette tendance. Mais les hommes de Laurent Blanc, monstrueux ce soir, ont adressé un nouveau message à tous leurs futurs adversaires. Les Girondins peuvent tout rafler cette saison. Le premier trophée pourrait venir du Stade de France avec l'affrontement face à Vannes (L2) le 25 avril prochain en finale de la Coupe de la Ligue. Mis au courant de l'esprit revanchard qui animait les Parisiens depuis la claque reçue en Gironde (4-0), les coéquipiers d'Alou Diarra, ont de nouveau prouvé l'écart qui réside entre les deux formations, avec un score sans appel (0-3).

La confrontation entre le deuxième et le troisième du championnat hexagonal a accouché de nombreux enseignements. Devant un Parc des Princes plein comme un oeuf pour l'occasion, les dauphins de Lyon ont fait preuve de qualités techniques et mentales hors du commun. La prestation de ce soir est encore plus impressionnante qu'il y a moins d'un mois. En Gironde, il n'y avait pas eu de match. A Paris, la formation aquitaine est tombée sur une belle équipe parisienne. C'est ce qui rend la performance encore plus monumentale. Une demi-finale de Coupe de la Ligue qui restera dans les mémoires tant au niveau du jeu déployé que des multiples rebondissements vécues du côté de la Porte de Saint-Cloud.

Parti sur des bases très élevées, la rencontre n'a que très rarement baissé de rythme. Un vrai match de coupe. D'entrée de jeu, Armand et Hoarau mettent la pression sur le but de Valverde -auteur d'une très grosse prestation- mais le remplaçant de Ramé est solide (2e). Bordeaux n'est pas en reste avec des réactions de Bellion (2e) et Gourcuff (7e). Mais, sur un bon centre de Jurietti côté droit, David Bellion vient planter sa tête et tromper Landreau (0-1, 18e). Face au laxisme de Camara, l'ancien Niçois refroidit les travées du Parc. A ce moment de la partie, les souvenirs du 11 janvier dernier ressurgissent. Sonnés, les hommes de Paul Le Guen ne trouvent pas la solution, manquant de réalisme, dans une première période marquée par l'incroyable intensité physique au milieu de terrain.

Au retour des vestiaires, Paris domine les débats. Les Marine et Blanc plient mais ne rompent pas. Critiqué depuis son arrivée dans la capitale, Mateja Kezman, qui semblait en bonne forme ces dernières semaines, rate la balle de match. Sur une remise parfaite de la tête de Hoarau dans la surface bordelaise, le Serbe marche sur le ballon et ne peut conclure par un but qui lui tendait les bras (62e). Le tournant de la rencontre. Il n'en faut pas plus pour voir le Parc conspuer l'ancien attaquant de Chelsea. Deux minutes plus tard, Paul Le Guen procède à ses premiers changements. "Batman" paie la note. Irrité, agacé par les sifflets et le coaching de son entraîneur, l'international serbe jette son maillot avant de sortir du terrain et file directement vers les vestiaires (64e). Pas mieux pour une sortie théâtrale. Une scène hallucinante."Un manque de respect" dira le technicien breton après la rencontre. L'avenir du protégé de Charles Villeneuve, à Paris fait plus que s'assombrir. Même s'il présentera des excuses en conférence de presse d'après match. Le mal est profond.

Au niveau du jeu, sur l'action suivante l'arbitre oublie un penalty indiscutable après une faute de Clément sur Jurietti (66e). Paris, perturbé par ces changements met du temps à se remettre dans la partie. Durant le dernier quart d'heure, le but de Valverde subit un véritable siège des Parisiens. Mais Bordeaux en a vu d'autres. Regroupé autour d'un Souleymane Diawara monstrueux, les Girondins laissent passer l'orage. Après deux corners successifs, sous l'impulsion de Giuly, les Aquitains se dégagent et Jussié, d'un centre parfait, trouve Diawara, qui, d'un plat du pied droit, lobe Landreau (0-2, 88e). Un but plein de sang-froid. L'instinct du tueur pour l'ancien Sochalien. Bordeaux est en réussite et tout ce qu'il touche ce transforme en or. Le troisième but de Wendel vient alourdir la note (0-3, 92e). Dur pour Paris tant les hommes de Sébastien Bazin ont tenté ce soir. Mais face à eux, Bordeaux a été magistral. Perdre contre plus fort que soi adoucit quelque peu les regrets. Pour les Girondins, la saison est loin d'être terminée.

"Ce soir, on était conscient qu'une équipe allait se qualifier pour la finale et jouer au Stade de France. Je suis très satisfait. On a su faire ce qu'il fallait pour aller en finale même si cela a été difficile. Le score ne reflète pas la physionomie du match. Le jour de récupération en moins c'est fait sentir en seconde mi-temps. Vannes, c'est le charme de la coupe. On aura du respect pour cette équipe. Sur un match, n'importe quelle équipe peut battre n'importe qui".