OL : Yoann Gourcuff - Clément Grenier, les artistes associés

En évoquant il y a peu que Clément Grenier et Yoann Gourcuff étaient "interchangeables" et en soulignant que Rémi Garde ne les faisait pas "systématiquement jouer ensemble", Jean-Michel Aulas a ouvert la porte à un départ d'un de ses milieux offensifs, ce qu'il a confirmé, à condition "d'une très belle offre". Mais depuis, l'entraîneur des Gones est parvenu à trouver la solution pour les associer sans exiler Gourcuff et l'OL s'est relancé.
En début de saison, Lyon avait débuté dans un traditionnel 4-2-3-1 avec Grenier en 10 et Gourcuff à gauche, un schéma qui avait eu des résultats flatteurs devant Nice (4-0) et à Sochaux (victoire 2-1). Les deux hommes se blessant ensuite à tour de rôle, ils s'étaient retrouvés en concurrence frontale début novembre, au moment du retour de Gourcuff. Qu'avait fait Garde? A Grenier les chocs (Saint-Etienne, Bétis Séville…), à Gourcuff les miettes (Rijeka, Guimares…), excepté une association guère concluante dans un 5-3-1-1 à Paris (défaite 4-0), avec Gourcuff positionné juste derrière Gomis.

Ce n'est finalement que le 15 décembre, lors d'OL-OM, que l'entraîneur lyonnais avait aligné ensemble ses deux techniciens dans un 4-4-2 avec un milieu en losange que l'OL utilisait alors depuis un mois et demi. En dépit du match nul (2-2), l'expérience s'était avérée concluante avec notamment Gourcuff passeur décisif. De nouveau utilisé trois jours plus tard, ce duo participait grandement au bon match de l'OL en coupe de la Ligue contre Reims (3-2), avec Gourcuff passeur et buteur.

L'année s'achevait sensiblement de la même façon : un nul à Lorient (2-2) avec un but de Grenier sur une passe de Gourcuff. En 2014, face à La Suze (6-1, un but de Grenier, deux passes de Gourcuff), et Sochaux (2-0, un but chacun), les deux meneurs se sont de nouveau montrés décisifs, au point que le Dauphiné Libéré insistait sur la réussite de la "2G" de l'OL. "Quand vous avez en face deux joueurs de cette trempe, il faut vraiment redoubler de vigilance ", analysait, envieux, le coach doubiste Hervé Renard.

S'il est connu que les techniciens se trouvent toujours des affinités sur une pelouse, Rémi Garde a toutefois mis du temps avant de trouver la solution la plus adéquate : "Il y a eu quelques tâtonnements, admet-t-il. Le job d'un entraîneur est de trouver les meilleures associations entre les joueurs qui peuvent être décisifs." Une réflexion qui l'a finalement conduit à descendre d'un cran Clément Grenier, au poste de milieu relayeur : "Clément est un joueur performant quand il est plus bas et qu'il a le jeu par rapport à lui, explique l'ancien directeur du centre de formation lyonnais. Par rapport à Yoann, il a peut-être un peu plus d'habileté pour récupérer le ballon."

Un rôle qui n'a pas spécialement déplu à l'intéressé, déjà utilisé en "8" chez les jeunes ou lors de son arrivée chez les professionnels : "Cela ne me dérange pas plus que ça. Il y a beaucoup d'efforts défensifs à faire pour l'équipe, j'essaie de jouer pour "Yo" car il peut être décisif." Ce schéma fait la part belle à l'ancien Bordelais qui a pour consigne de ne pas trop redescendre : "On me demande de me déplacer derrière la ligne de milieu adverse car je peux être embêtant dans cette zone en me déplaçant sur la largeur du terrain."

Plus à l'aise que Grenier dos au jeu et sans doute un poil plus clairvoyant dans les vingt-cinq derniers mètres, le Breton traverse la meilleure période de sa carrière lyonnaise. Ce qui n'empêche pas Grenier de venir de temps en temps s'inviter dans la zone de vérité : "Ils s'apprécient sur le terrain, sont complémentaires et sont capables d'intervertir leur position", explique Rémi Garde. "Il faut être intelligent, avance l'Ardéchois. Avec "Yo", on sait ce que l'autre pense rien qu'en se regardant."

Une entente qui ravit leurs partenaires : "C'est vrai que ça fait du bien de les voir comme ça", s'enthousiasme le capitaine, Maxime Gonalons. "Ils ont une relation technique au-dessus de la moyenne", renchérit Bafétimbi Gomis. "Il faut que cela perdure sur le temps", glisse Rémi Garde, qui doit certainement croiser les doigts pour que cette paire existe toujours à la fin du mercato hivernal.