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Coupe du monde 1982 : la rétro (victoire de l'Italie en Espagne)

Laurent Vergne

Mis à jour 07/06/2014 à 11:19 GMT+2

En attendant le coup d'envoi de la Coupe du monde, retrouvez les grands moments des précédentes éditions. Aujourd'hui : Espagne 1982. Une édition marquée par le troisième sacre de l'Italie de Paolo Rossi, mais aussi par le talent fou des Brésiliens ou encore le France-RFA de Séville.

Karl-Heinz Rummenigge commet une faute sur Gabriele Oriali lors de la finale de la Coupe du monde 1982 entre l'Italie et l'Allemagne

Crédit: Imago

Le bilan

  • Lieu: Espagne
  • Participants: 24
  • Champion: Italie
  • Matches: 52
  • Buts marqués: 146
  • Meilleur buteur: Paolo Rossi (6 buts)
  • Affluence: 1 856 277

La finale : Italie - RFA (3-1)

  • Buts : Rossi (56e), Tardelli (69e), Altobelli (80e) pour l'Italie - Breitner (83e) pour la RFA
  • ITALIE : Zoff (Cap.) - Gentile, Collovati, Scirea, Cabrini - Bergomi, Tardelli, Oriali - Conti, Paolo Rossi, Graziani (Altobelli, 7e) (Causio, 89e). Entr: Bearzot
  • RFA : Schumacher - Kaltz, Stielicke, Karl-Heinz Förster, Bernd Förster - Breitner, Briegel, Dremmler (Hrubesch, 62e) - Littbarski, Fischer, Karl-Heinz Rummenigge (Cap.) (D.Müller, 70e). Entr: Derwall
Magnifique sur le plan du jeu, le Mondial espagnol accouche pourtant d'une finale entre deux équipes qui ont bâti leur succès sur leurs vertus athlétiques et défensives, davantage que sur un jeu aguichant, plutôt incarné lors de la compétition par la France et surtout le Brésil, deux magnifiques battus. Dans la moiteur de Santiago Bernabeu, l'Italie aborde l'ultime rencontre du tournoi avec le vent dans le dos et se sent des ailes après ses victoires sur l'Argentine, le Brésil et la Pologne. A l'inverse, la RFA a les jambes lourdes, trois jours seulement après l'invraisemblable combat de Séville, face aux Français.
Le premier acte, équilibré, est surtout marqué par le penalty manqué par Antonio Cabrini. La Squadra met une mi-temps pour comprendre que son intérêt est de porter le jeu vers l'avant. Physiquement au bord de la rupture, les Allemands vont imploser en un quart d'heure. L'inévitable Paolo Rossi ouvre la marque en opportuniste à la 56e minute. Dès lors, c'est l'hallali. 13 minutes plus tard, Scirea sert Tardelli en retrait. La frappe croisée de ce dernier méduse Schumacher. Deux buts de retard, la RFA a déjà remonté ce handicap contre la France. Mais les Italiens ne lâcheront rien. Un troisième but de Sandro Altobelli scelle définitivement le sort de la finale. Le but de Breitner ne console pas la bande à Juup Derwall. Métamorphosée par rapport à son début de tournoi, l'Italie triomphe et rejoint le Brésil au rang des triples vainqueurs.

Le but : Socrates (Brésil)

Le but de ce tournoi ne pouvait être que brésilien, car la Seleçao fut de loin la plus belle équipe de la compétition. Malgré l'absence d'un avant-centre digne de ce nom, les Auriverde ont fasciné par la pureté de leur jeu. Zico, Falcao, Eder, Cerezo... des noms comme autant d'appels au talent et au plaisir. Puis il y avait le formidable capitaine, Socrates. Un surnom dû à sa formation de docteur pédiatre. Par l'élégance de sa silhouette et de ses gestes, sa technique, et sa vision du jeu, il crève l'écran en Espagne. Et peut-être plus encore par la sereine autorité qui se dégage du visage de ce joueur exceptionnel. Pour son premier match, face à la redoutable URSS, le Brésil est mené 1-0 avant que Socrates ne trouve la mire d'une formidable frappe du pied droit en pleine lucarne de Rinat Dassaev. Un geste d'une efficacité redoutable, précédé de deux feintes de frappe d'école. Du grand art pour un grand artiste.
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Socrates avec le Brésil lors de la Coupe du monde 1982

Crédit: Panoramic

La star : Paolo Rossi (Italie)

Meilleur buteur de cette Coupe du monde avec six buts, Paolo Rossi est le symbole parfait de cette équipe italienne. Comme elle, il fut laborieux, voire inexistant, lors du premier tour. Comme elle, il s'est réveillé de manière aussi brutale qu'inattendue par la suite. Une résurrection en forme de miracle pour cet attaquant racé, qui sortait tout juste d'une suspension de deux ans pour son implication dans des paris frauduleux sur des matches du Calcio. Malgré les critiques, nombreuses et justifiées, Enzo Bearzot, le sélectionneur transalpin, décida de lui maintenir sa confiance. Grand bien lui en prit. Face au Brésil, Rossi, buteur redevenu redoutable, claque un triplé majestueux pour terrasser l'immense favori sud-américain. Ainsi lancé, Rossi ne s'arrêtera plus. Deux autres buts face à la Pologne, en demi-finale, et le premier but de la finale confirment cet état de grâce. Six buts en trois matches, et le sacre d'un artiste au milieu d'une troupe d'artisans. Chaotique avant cette Coupe du monde, la carrière du grand Paolo le redeviendra après. Finalement, Rossi n'aura tutoyé les étoiles que l'espace d'une semaine. Suffisant pour entrer dans la légende de son sport.
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Paolo Rossi avec l'Italie lors de la Coupe du monde 1982

Crédit: Panoramic

Le saviez-vous ?

  • Pour la première (et dernière) fois, la compétition propose un deuxième tour alambiqué, avec quatre poules de trois équipes. Un format bancal, qui fait la part belle aux calculs d'apothicaire. Il sera abandonné dès 1986, avec la mise en place des huitièmes de finale.
  • Agé de 40 ans et 133 jours, Dino Zoff, le gardien de but italien, devient le plus vieux vainqueur de la Coupe du monde. Il l'est d'ailleurs toujours aujourd'hui.
  • La rencontre entre la RFA et l'Autriche tourne au scandale, les deux équipes s'étant manifestement mis d'accord pour une victoire allemande qui qualifiait les deux formations au détriment de l'Algérie. Pour éviter que ne se renouvelle ce genre de pratiques, la FIFA décidera à partir de 1986 de faire jouer les deux derniers matches de chaque groupe simultanément.
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Algérie Coupe du monde 1982

Crédit: Panoramic

  • Fait unique dans l'histoire de la Coupe du monde, trois des quatre futurs demi-finalistes ne s'imposent pas lors de leur premier match. Deux (France et RFA) sont même battus. Autre curiosité, l'Italie ne remporte aucune de ses trois premières rencontres (trois nuls), alors qu'elle sera sacrée championne du monde en fin de tournoi.
  • La séance de tirs au but qui clôtura la demi-finale entre la France et l'Allemagne de l'Ouest était la première de l'histoire de la Coupe du monde.
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Chili, Coupe du monde 1982

Crédit: Imago

Le chiffre : 10

Soit le nombre de buts inscrits par la Hongrie lors de sa (très) large victoire face au Salvador lors du premier tour. C'est la première fois, et la seule à ce jour, qu'une équipe parvient à marquer dix buts dans une rencontre en phase finale. Les Magyars battent ainsi leur propre record, qui date du Mondial 1954 (9-0 face à la Corée du Sud). Le Hongrois Kiss s'offre d'ailleurs au cours de ce match le hat-trick le plus rapide de l'histoire de la Coupe du monde (70e, 73e et 78e). Deux autres joueurs, Nyilasi et Fazekas, signent un doublé. Mais les Hongrois, malgré ce carton, seront éliminés, échouant à la troisième place du groupe, derrière la Belgique et l'Argentine. Paradoxalement, le Salvador résistera beaucoup mieux face à ces deux équipes, ne s'inclinant que 1-0 contre les Belges et 2-0 devant l'Albiceleste.

Les Bleus : Demi-finalistes (4e)

Qualifiés au détriment des Pays-Bas, finaliste des deux dernières éditions, les Français abordent la Coupe du monde ibérique plein d'espoirs. Mais à Bilbao, pour leur premier match, ils sont submergés par une équipe d'Angleterre beaucoup plus mature. Hors sujet, le XI de France inquiète. La large victoire face au Koweit (4-1) le remet en selle et il lui suffit d'un nul contre la Tchécoslovaquie pour se qualifier. Les Bleus l'obtiennent péniblement (1-1). A la dernière minute, Manuel Amoros, d'un coup de tête rageur sur sa ligne de but, vient sauver la patrie. Un geste décisif, qui va permettre au football français de vivre des heures folles et palpitantes.
Libérés, les hommes de Michel Hidalgo flambent lors de la deuxième phase. Sans Platini, ils écartent l'Autriche (1-0) grâce à un coup-franc... platinien de Bernard Genghini, puis ils atomisent l'Irlande du Nord (4-1). Sans avoir fait trop de bruit, les Tricolores sont en demi-finale, où la RFA les attend, pour ce qui va devenir le match le plus incroyable de l'histoire de ce sport. Des buts, du spectacle, mais surtout une intensité dramatique jamais atteinte et inégalée depuis, vont faire de ce 8 juillet 1982 un moment inoubliable. D'un penalty, Platini a répondu à Littbarski et les deux équipes sont à égalité à la pause. 45 minutes plus tard, le score n'a pas évolué, malgré une frappe d'Amoros sur la barre à la 90e. Décidément, le Monégasque est l'homme des fins de match...
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Patrick Battiston allongé au sol après son terrible choc avec Schumacher lors de la demi finale France-Allemagne de la Coupe du monde 1982

Crédit: Panoramic

Mais cette seconde période a surtout été marquée par l'intervention brutale et scandaleuse d'Harald Schumacher sur Patrick Battiston. Un véritable attentat du gardien allemand que l'arbitre, M.Corver, ne sanctionne pourtant pas. Incompréhensible. Lorsque Battiston quitte la pelouse sur une civière, inconscient, ses partenaires le croient mort. Dans L'Equipe, le lendemain, Philippe Tournon aura ces mots qui en disent long sur le sentiment de colère qui traversa la France entière: "Pendant ce temps-là, l'immonde Schumacher, sans un regard pour sa victime, jonglait tranquillement avec le ballon et préparait sans doute la réponse aussi sordide qu'ahurissante qu'il devait faire à sa sortie des vestiaires: 'si vraiment ça peut lui faire plaisir, je lui paierai ses frais de dentiste'. Autant de cynisme et de désinvolture ne peut inspirer que le dégoût et le mépris."
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La joie d'Alain Giresse après son but lors de la demi-finale France - Allemagne de la Coupe du monde 1982

Crédit: Panoramic

Après cet incident, le match est devenu tragédie grecque. Et on n'a encore rien vu. La prolongation est inouïe. Marius Trésor, d'une volée limpide, puis Alain Giresse, d'une frappe rageuse, donnent un avantage substantiel aux Bleus. La finale est là, presque palpable. Mais l'Allemagne reste l'Allemagne et les Bleus sont trop naïfs. Karl-Heinz Rummennigge, tout juste entré en jeu, marque le but de l'espoir, celui qui change tout. Klaus Fischer égalise ensuite à 3-3. La France a laissé passer sa chance et s'incline aux tirs au but. Cruel. Injuste. Reste que cette équipe a laissé un souvenir impérissable à ceux qui l'ont connue, par sa capacité à produire du jeu, mais aussi à surprendre en permanence, en bien comme en mal.
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La déception de Maxime Bossis après l'élimination de la France en demi-finale de la Coupe du monde 1982

Crédit: Panoramic

Battue par la Pologne (3-2) dans un match qui était de trop pour elle, la France hérite finalement de la quatrième place, juste un cran derrière son ainée de 1958. Son formidable milieu de terrain, avec trois meneurs de jeu (Platini, Giresse, Genghini) a enchanté tous les observateurs. Comme une juste récompense, les Bleus terminent avec la meilleure attaque du tournoi (16 buts). Ils ont marqué au moins une fois à chaque rencontre. Ce Mondial marque le début d'une période glorieuse pour le football français, qui le mènera deux ans plus tard au titre européen, sur ses terres.

L'équipe-type

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Coupe du monde 1982 infographie

Crédit: Eurosport

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