L'Italie, tenant clopinant

On a connu la Nazionale plus sereine. Si les éliminatoires se sont déroulés sans trop de problème, les matchs amicaux (nuls face au Cameroun et à la Suisse, défaite contre le Mexique) ont réveillé le scepticisme transalpin. Pêle-mêle, cette équipe serait sur le déclin, trop vieille, sclérosée dans un schéma de jeu trop attendu. Oui, Cannavaro, Zambrotta ou Gattuso ne sont plus au sommet de leur forme. Mais en 2006, Lippi et ses hommes, minés par le scandale du Calciopoli, abordaient le Mondial allemand sur la pointe des pieds. On connait la suite... 

Les deux favoris du groupe ne devront pas rater leur entrée en matière. Une victoire et le ticket pour le 8e de finale est quasiment validé. L'Italie, tancée depuis plusieurs semaines, jouera particulièrement gros sur un match qui, soyons franc, ne devrait pas soulever les foules. L'objectif est également de s'assurer la première place du groupe et s'éviter un 8e aux odeurs de souffre face aux Pays-Bas.

Le classement mondial dessine une hiérarchie très claire. L'Italie (5e) ne devrait pas avoir de concurrent à sa hauteur. Le Paraguay (31e) et la Slovaquie (34e) pourraient se disputer le second ticket pour les huitièmes. Quant à la Nouvelle-Zélande (78e), elle apparaît comme la grosse cote de ce Mondial avec la Corée du Nord et l'Af'Sud.  

Pas grand chose finalement. La Nouvelle-Zélande n'a rencontré que le Paraguay pour une défaite (3-2) en....1995. Jeune nation, la Slovaquie n'a, elle, croisé la route que de l'Italie, en amical, pour une déroute (3-0, 1998). La Nazionale a déjà récité la leçon au Paraguay en Coupe du monde (3-0) mais du temps du noir et blanc (1950). Plus récemment, en match amical, elle n'a pas fait plus de sentiment (3-1, 1998) mais la dernière confrontation laisse un peu d'espoir à l'Albirroja (victoire 1-0 lors des JO 2004).

Pour le football champagne, le jeu à une touche de balle, passez votre chemin. Dans le groupe F, pas de place pour les poètes. Le combat, l'agressivité, l'homogénéité entre les lignes sont érigés en principe de jeu. Lippi va appliquer les mêmes recettes qu'en 2006 : derrière, on bétonne. Le Paraguay, deuxième défense de la zone d'Amérique du Sud, compte aussi sur l'étanchéité de son arrière-garde pour tirer son épingle du jeu. En éliminatoires, l'Albirroja n'a ainsi pas hésité à aligner quatre milieux défensifs de formation. La Slovaquie, avec Skrtel comme symbole, a laissé aux Tchèques la créativité et gardé l'agressivité de l'époque tchécoslovaque. Quant à la Nouvelle-Zélande, on la voit mal partir à l'abordage et l'effectif regorge de beaux bébés qui culminent à plus d'1m82 (17/23). Les rares créateurs comme De Rossi ou Hamsik devront prendre garde à leur cheville.

Le Paraguay devra faire sans son meilleur buteur lors des éliminatoires : Salvador Cabanas (6 réalisations). Grièvement blessé par balle à la tête lors d'une rixe dans un bar de Mexico en janvier, l'attaquant de l'America s'en est finalement sorti. S'il a affaibli le Paraguay sur le terrain, ce drame a soudé une équipe déjà très unie par son fort sentiment patriotique. Un ressort psychologique qui pourrait guider l'Albirroja.