Sans queue, ni tête

La France serait-elle devenue le vilain petit canard du football mondial ? Ou alors sommes-nous tous d'affreux Calimero songeant avant tout à leur petit bonheur sans même regarder plus loin que le bout de notre nez ? Après l'annonce par la FIFA des têtes de série lors du tirage au sort de vendredi, la manière d'analyser le choix du comité d'organisation de l'épreuve africaine prête à interprétation. Le vice-champion du monde invité dans le pot 4, peu de monde avait pu envisager cette hypothèse.

L'Angleterre et les Pays-Bas semblaient avoir moins d'atouts à offrir, le comité d'organisation en a décidé autrement. Sans jamais donner une ligne directrice précise quant à la manière de désigner les têtes de série, la FIFA a semé le trouble et surtout le doute sur le fondement même du choix qui a été fait. En choisissant ainsi de s'arrêter au classement FIFA du 16 octobre dernier sans prendre en compte les matches de barrages, la logique aurait voulu qu'une annonce claire, limpide et équivoque avant même les phases de groupe explique la désignation des têtes de série lors du tirage de vendredi prochain.

Le flou entourant la décision finale de la FIFA amène à se poser une question évidente : La France a-t-elle payé la manière avec laquelle elle s'est qualifiée pour l'Afrique du Sud ? "Ce n'est pas une sanction quelconque contre la France", a ainsi annoncé Jerme Valcke, le secrétaire général de la FIFA pour tenter de mettre fin à toute supputation. Pourtant, la légitimité de la question trouve une justification face aux choix des autres têtes de série. Si l'Afrique du Sud fait enrager Michel Hidalgo, ancien sélectionneur des années 80, sur l'antenne de RTL : "qui ne voit pas ce que cette équipe peut apporter au football", d'autres s'adaptent à la situation. C'est le cas de Jean-Pierre Escalettes, président de la FFF : "Il n'y a aucune surprise. J'avais fait mes calculs et nous n'avions que très peu de chances de figurer dans le premier chapeau".

Même les joueurs de l'équipe de France tentent de minimiser l'importance de ce choix qui n'est guère en leur faveur. Hugo Lloris appliquait la méthode du footballeur langue de bois pour donner le fond de sa pensée : "Cela démontre qu'il y a encore du travail à faire pour redevenir tête de série. Maintenant, le tirage au sort est toujours aléatoire et rare sont les petites nations." Une chose est certaine, la France a perdu de son aura et de sa superbe au regard de la décision prise mercredi.

Le souci du moment des Bleus fait évidemment le jeu d'une autre nation, en l'occurrence, celui des Pays-Bas. Pour tenter de trouver des motifs d'espoir, il suffira finalement de se souvenir du Mondial 2002 où bien que tête de série, la France s'était noyée lors d'un premier tour cataclysmique. Evidemment, un groupe composé du Brésil ou de l'Espagne, de la France, de la Côte d'Ivoire et des Etats-Unis ferait trembler. Mais ne serait-ce pas le meilleur moyen de rentrer directement dans le vif du sujet ?