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Coupe du monde 2014, après Brésil - Chili (1-1, 3-2 tab), le Brésil est à genoux devant Julio Cesar

Laurent Vergne

Mis à jour 29/06/2014 à 16:01 GMT+2

Si le Brésil est encore en vie dans son Mondial, il est persuadé de le devoir en grande partie à son gardien de but, Julio Cesar. Un héros inattendu, très critiqué il y a quatre ans et qui ne suscitait guère d'intérêt depuis le début du Mondial.

Julio Cesar s'envole durant Brésil - Chili lors de la Coupe du monde 2014

Crédit: Panoramic

Le peuple et les médias créent leurs idoles. Le terrain, lui, choisit ses héros. Et ce ne sont pas toujours les plus attendus. Le Brésil tout entier comptait sur Neymar pour le propulser en quarts de finale de sa Coupe du monde en évitant le piège chilien. A l'arrivée, un seul nom ressort du lot. Julio Cesar. Le gardien de but est partout. Sur toutes les chaines de télé. Dans tous les journaux. Sur Twitter, du #JulioCesarOBrasilTeAma au #JulioCesarNossoHeroi sans oublier le #JulioCesarObrigadoGuerreiro, la célébration collective ne connait pas de limites depuis samedi après-midi. Il y a la performance, bien sûr, puis l'attitude du joueur, aussi, qui a visiblement touché.
Des larmes avant, pendant et après
Il faut dire que Julio Cesar a beaucoup pleuré samedi à Belo Horizonte. Il a pleuré avant le match. Après, aussi. Au micro de Globo, à sa sortie du terrain, il a eu toutes les peines du monde à livrer son sentiment, les mots entrecoupés de sanglots. "Seul Dieu et ma famille savent par quoi je suis passé aujourd'hui", dira-t-il, un brin mystérieux. Dix minutes plus tôt, l'ancien gardien de l'Inter Milan avait déjà pleuré. Juste avant la séance de tirs au but. "Plusieurs joueurs sont venus me parler, ils m'ont dit des choses très belles, qui m'ont donné de la force, explique-t-il. J'ai pris tout ça, c'était fort, le moment était très fort. Je n'ai jamais caché que j'étais quelqu'un de très émotif. J'ai besoin de ça. Mais quand les tirs au but ont commencé, j'étais parfaitement concentré."
Résultat, deux arrêts, avant le dernier tir chilien sur le poteau. Dans le même but où, sa barre transversale cette fois, l'avait déjà sauvé à l'ultime minute de la prolongation. "Après tout, note Eduardo Mendes dans Lance, la compétence et la chance vont souvent de pair." Si Julio Cesar a lu la presse dimanche matin, il y a de bonnes chances qu'il se soit encore mis à pleurer. Il n'y en a que pour lui. Il est partout. D'un média à l'autre, ses notes oscillent entre 8,5 et 10. Pour Globo, il est "Le sauveur de la partie", pour O Dia, "Saint Julio" puis "Julio Cesar, c'est notre roi" peut-on lire dans le cahier intérieur. "Ave Cesar", tranche Lance. Folha, le quotidien de Sao Paulo, se montre beaucoup plus mesuré : "Julio Cesar et la chance sauvent le Brésil de l'embarras". Bien vu. Il n'empêche. Julio Cesar est célébré comme jamais, lui dont personne ne parlait ici depuis le début de la Coupe du monde. On l'avait presque oublié. Le Brésil lui dit merci avec le zèle de la culpabilité de celui qui n'aurait pas prêté assez d'attention à quelqu'un de finalement pas si anodin que cela…
Je sais qu'on a dit beaucoup de choses quand Luiz Felipe Scolari a fait de moi son numéro un…
 D'autant que, au-delà de la séance de tirs au but, le joueur de Toronto avait déjà fait le job dans le temps règlementaire. Son arrêt spectaculaire sur une frappe à bout portant d'Aranguiz au cœur de la seconde période, a pesé lourd. "Tout le monde parle des tirs au but et c'est sans doute ce que l'histoire retiendra, mais cette parade-là, s'il ne la réussit pas, je pense que l'équipe ne se relève pas derrière", insistait samedi soir l'ancien attaquant auriverde, Casagrande. C'est une douce revanche pour Julio Cesar d'être ainsi célébré, car sa sélection a suscité beaucoup d'interrogations. L'évolution de sa carrière ces derniers temps laissait sceptique.
 Puis il y a le souvenir de la Coupe du monde 2010. Sa "faillite", comme le dit l'intéressé lui-même, contre les Pays-Bas, en quarts de finale. "Je sais qu'on a dit beaucoup  de choses quand Luiz Felipe Scolari a fait de moi son numéro un, rappelait-il samedi soir. Je sais aussi que d'être le vilain, le coupable, ce n'est pas agréable. J'ai dû gérer toutes ces émotions ces quatre dernières années, puis je suis passé à autre chose. Je me suis très bien préparé psychologiquement pour ce Mondial, je me sens bien." "Scolari a été beaucoup critiqué pour avoir accordé sa confiance à Julio Cesar, et il y avait des raisons de doute, note Rodrigo Stafford dans le journal O Dia. Mais il a assumé ce choix et Julio Cesar lui a donné plus que raison contre le Chili."
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Les Unes des quotidiens après Brésil - Chili

Crédit: Eurosport

Pénurie de mouchoirs et de superlatifs 
Pour autant, si la presse brésilienne n'est pas avare de compliments pour son Cerbère, elle n'est pas dupe non plus. La belle histoire césarienne traduit surtout les carences de cette équipe. Après le grand frisson, un journaliste carioca soulignait samedi à quel point tout ceci ne sentait pas bon pour la Seleçao. "Au Brésil, racontait-il, on dit que le gardien, c'est comme l'arbitre. Tant qu'on ne le voit pas, qu'on n'en parle pas, c'est très bon signe. C'est quand on commence à en parler que ça ne va pas, car ça veut dire qu'on a eu besoin de lui. Et ça, il ne faut pas que ça dure. Pour un match, d'accord. Mais Julio Cesar ne pourra pas jouer les sauveurs à chaque fois. Le Brésil ne doit pas avoir besoin de son gardien. Il faut que Scolari trouve des solutions. Ce n'est pas Julio Cesar qui doit gagner ce Mondial. On lui demande juste de ne pas le perdre."
Le moins que l'on puisse dire, c'est que, samedi, à Belo Horizonte, Julio Cesar a outrepassé les limites de ce rôle, pour le bien de tous. "J'espère qu'il n'y aura pas de tirs au but la prochaine fois, a-t-il fini par sourire. Pour le cœur de nos familles et de nos supporters, ce serait mieux." Sinon, il faudra rejouer les sauveurs. Deux certitudes, quand même. D'abord, si le même scenario doit se reproduire, le responsable de l'intendance de la Seleçao peut prévoir triple ration de mouchoirs. Sinon, il y aura vite pénurie. Elle pourrait se doubler d'une autre. Pour les journaux brésiliens. Même si leur imagination est sans bornes, ils vont se retrouver à court de superlatifs pour l'ami Julio...
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Julio Cesar a arrêté deux tirs lors de la séance des tirs au but

Crédit: Panoramic

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