Entre Messi et Robben, c'est aussi le titre de meilleur joueur du Mondial qui se joue

Pour eux, c'est déjà une finale. Arjen Robben et Lionel Messi vont se livrer au plus beau duel à distance de cette Coupe du monde lors de la demi-finale qui opposera les Pays-Bas à l'Argentine. Le Néerlandais et l'Argentin sont probablement les deux dernières individualités les plus marquantes encore en lice dans ce Mondial. Ils ont porté leurs équipes respectives jusqu'au dernier carré au cours d'une compétition qu'ils ont éclaboussé de leur talent. Mercredi soir, à São Paulo, il n'y aura pas qu'une place en finale de la Coupe du monde en jeu. Il y aura aussi, probablement, le titre de meilleur joueur de l'épreuve.

Louis van Gaal a mis en place une stratégie qui permet aux Pays-Bas d'exploiter au mieux les qualités d'Arjen Robben. Avec un bloc assez bas et un jeu très direct vers l'avant, les Oranje sont particulièrement redoutables en contre-attaque avec la vitesse du joueur du Bayern Munich. Il bénéficie aussi de la qualité de passe de Wesley Sneijder, et des appels de Robin van Persie. Robben n'est pas le seul talent de la sélection néerlandaise, mais il est le joueur recherché dans l'équipe de van Gaal. Et son leader. "Arjen est un capitaine, un vrai meneur d'hommes, insiste le milieu de terrain Georginio Wijnaldum. Sur le terrain, c'est quelqu'un qui facilite la tâche des autres joueurs. Et en dehors, c'est un leader qui nous tient en éveil." Décisif et influent, Robben est le joueur clé des Pays-Bas dans ce Mondial.

Lionel Messi est celui de l'Argentine. Le schéma mis en place par Alejandro Sabella est lui aussi destiné à placer la Pulga dans les meilleures conditions, devant trois milieux et derrière deux attaquants la plupart du temps. Le joueur du Barça bouge entre les lignes adverses, et sa capacité d'élimination lui permet de trouver des décalages dont il fait profiter ses coéquipiers, ou lui-même. L'Albiceleste a parfois tendance à jouer systématiquement sur lui, et ce sera certainement encore plus le cas avec l'absence sur blessure d'Angel Di Maria, qui constituait quasiment la seule alternative utilisée par l'équipe de Sabella dans l'animation offensive. Sans le Madrilène, le capitaine de l'Argentine n'aura que plus de responsabilités au sein d'une équipe qu'il tient déjà à bout de bras depuis le début du Mondial.

Il y a déjà l'impression visuelle dégagée par Arjen Robben et Lionel Messi, deux joueurs qui paraissent plus difficiles, voire impossibles à arrêter au Brésil. Elle est assez nette sur un tournoi où les deux hommes ont été quasiment décisifs à chaque match. Robben (3 buts, 1 passe décisive) l'a été face à l'Espagne (5-1) avec un doublé, face à l'Australie (3-2) avec un but, contre le Chili (2-0) avec une passe décisive et contre le Mexique (2-1) en provoquant le penalty de la victoire, transformé par Klaas-Jan Huntelaar. Messi, lui, a marqué lors des trois matches de poules, remportés face à la Bosnie-Herzégovine (3-1), l'Iran (1-0), et le Nigeria (3-2), où il a signé un doublé. Il a aussi offert le but de la victoire à Angel Di Maria au bout de la prolongation face à la Suisse (1-0 a.p.).

Au-delà des buts et des passes décisives, il y a aussi les différentes faites par Robben et Messi dans le jeu. Le Néerlandais est le joueur le plus rapide du tournoi, même du monde avec une vitesse de pointe de 37km/h sur l'un de ses buts marqués face à l'Espagne, qui explique en grande partie pourquoi il est l'un des joueurs qui subit le plus de fautes (4,2 par match). L'Argentin est pour sa part celui qui réussit le plus de dribbles par match dans ce Mondial selon le site whoscored.com (5,8), juste devant Alexis Sanchez (5,5), Di Maria et Robben (5). Enfin, Messi arrive en quatrième position des joueurs qui réalisent le plus de passes clés par match (3,8), tandis que Robben arrive peu après à la huitième place (3). Aucun joueur, parmi les équipes encore en lice, n'affiche un registre aussi large que Robben et Messi dans le domaine offensif.

La seule individualité qui pouvait réellement menacer Robben et Messi dans la course au titre de meilleur joueur a été éliminée en quart de finale. James Rodriguez avait lui aussi les arguments pour revendiquer cet honneur, après avoir illuminé la Coupe du monde de tout son talent, à l'image de son but d'anthologie face à l'Uruguay en huitième de finale (2-0). Le Colombien a pris soin d'ajouter une réalisation à sa collection lors de la défaite contre le Brésil. Avec six buts, il peut encore terminer meilleur buteur du tournoi. Mais pour obtenir le titre de meilleur joueur, il aurait vraisemblablement fallu qu'il emmène les Cafeteros dans le dernier carré.

L'autre joueur qui pouvait revendiquer ce titre a lui aussi vu sa course stoppée net en quart de finale. Victime d'une agression de Zuniga, Neymar a quitté prématurément un tournoi où il aura lui aussi donné l'impression de tenir son équipe à bout de bras. Sans lui, le Brésil a vu ses rêves se fracasser sur l'Allemagne en demi-finale (7-1). De toute façon, il n'avait pas d'individualité équivalente. La seule qui se dégageait, c'était David Luiz, deuxième meilleur buteur de sa sélection derrière le Barcelonais avec deux réalisations. Du côté de la Nationalmannschaft, c'est plus un collectif qui se dégage, au sein duquel Thomas Müller apparait comme la meilleure individualité. Mais c'est difficile de réduire le Brésil à David Luiz, et l'Allemagne à Thomas Müller. Autant qu'il est facile de résumer les Pays-Bas à Robben, et l'Argentine à Messi. Leur duel ne s'annonce que plus savoureux.