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Karim Benzema et les Bleus de 2012 à 2014 : les cinq étapes qui l'ont fait grandir

Martin Mosnier

Mis à jour 17/06/2014 à 00:17 GMT+2

Entre l’Euro ukrainien et la Coupe du monde au Brésil, Karim Benzema a tout connu avec l'équipe de France. De la détresse du remplaçant inefficace à l’ivresse d’un doublé en Coupe du monde. Retour sur une trajectoire dont Didier Deschamps fut un acteur majeur. Il a su lui dire ses quatre vérités et ne lâcher totalement lâcher sa confiance.

Karim Benzema, photographié par son équipementier en 2014

Crédit: DR

"Karim Benzema m’a fait passer par tous les sentiments depuis que je suis sélectionneur." Depuis sa prise de fonction au lendemain de l’Euro jusqu'à l’entrée en lice en Coupe du monde, Didier Deschamps a connu le pire comme le meilleur de Benzema. Le sélectionneur a une part prépondérante dans la réussite actuelle de son buteur pour avoir su le gérer à merveille quand plus personne ne voulait le voir à la pointe des Bleus. Retour sur cinq périodes fondamentales dans l’épanouissement de Benzema en Bleu. Car sa réussite d’aujourd’hui s’explique aussi par ses moments de doute d’hier.

La traversée du désert : un an et demi d’errance (2012 – automne 2013)

A l’Euro, Benzema en fait trop. Avant la compétition, il se sent fort et sort d’une grosse saison avec le Real Madrid. En Ukraine, il redescend très bas chercher les ballons, délivre deux passes décisives mais ne marque pas. Le début des ennuis en Bleu. Il jouera 1222 minutes sans marquer le moindre but. Une inefficacité qui le mine et plombe sa confiance, son atout maître. Il dézone sans cesse, cherche à se refaire la cerise dans le jeu, sur les ailes. Mais c’est d’ans l’axe que Deschamps l’attend. Que ce soit lors des qualifications pour la Coupe du monde, de la tournée en Amérique du Sud ou lors des matches amicaux, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Pendant qu’il s’affirme au Real, il coule en sélection.
Ce qu’en pense Deschamps :
Ça ne sert à rien que je lui demande plus comme c'était le cas à l'Euro. Un attaquant qui a une période où il ne marque pas, c'est toujours difficile. Le fait d'égrener les minutes, les heures d'inefficacité, c'est quelque chose qui pèse et ne donne pas confiance. Karim a toujours eu une attitude professionnelle, que ce soit avant, pendant l'entraînement ou après.
Ce qu’en pense Benzema :
J’étais dans une mauvaise passe. Je suis le premier à reconnaître que je n’étais pas à mon meilleur niveau.
https://twitter.com/mikafrom/status/315209900445806592

L’électrochoc : La Biélorussie (septembre 2013)

C‘est une petite révolution. A Gomel, en Biélorussie (victoire 2-4), Benzema sort du onze et démarre la rencontre sur le banc de touche après une explication avec Deschamps. Olivier Giroud prend sa place. Le Gunner est sur l’action des premiers buts mais n’est pas beaucoup plus décisif que Benzema, il perd l’occasion de prendre la main.
Ce qu’en pense Deschamps :
Il y a eu des périodes moins agréables pour lui, ou j’ai eu à lui dire des choses, et je les lui ai dites. J’ai des discussions aussi pour que le joueur comprenne et après il fait en sorte de corriger ou pas. Peut-être que c’était un mal pour un bien?
Ce qu’en pense Benzema :
A ce moment-là, d’autres attaquants marquaient des buts. On a discuté avec le sélectionneur, il fallait que ça change. Je me suis recentré sur le travail. J’ai décidé de ne pas me prendre la tête là-dessus. J'ai pensé que ça tournerait.

Le déclic : L’Australie (octobre 2013)

Orgie de buts au Parc des Princes face à l’Australie (6-0). La physionomie du match et l’adversaire doivent permettre à Benzema de reprendre confiance en Bleu. Il entre à la pause et marque six minutes plus tard. Alléluia. Le public le chambre et chante : "Il a marqué." Benzema réagit avec finesse et applaudit le Parc plutôt que de bouder. Un déclic.
Ce qu’en pense Deschamps :
Le moment le plus important pour lui, c'est quand il est entré au Parc des Princes contre l'Australie. Le public le chatouillait et sa réaction a changé beaucoup de choses. Il n'avait plus le même visage, celui de quelqu'un de fermé, avec tous les trucs négatifs qui ont pu être dits. Ce n'est pas Karim, il n'est pas comme ça. Entre ce qu'il est et ce que le joueur peut faire transparaître, il y a un décalage.
Ce qu’en pense Benzema :
Peut-être que certains me connaissaient sous un autre angle. Cette image est belle. J'ai rigolé avec les supporteurs et les supporteurs sont aujourd'hui tous derrière moi. Mais c'est dû à mes performances sur le terrain.

La délivrance : L’Ukraine (novembre 2013)

A l’aller à Kiev, Giroud lui est toujours préféré mais le Gunner s’embourbe. Au retour, Benzema a les faveurs de Deschamps. Il inscrit le deuxième but des Bleus et explose de joie. Une célébration qui tranche avec ses habitudes, lui qui préfère la jouer profil bas. Benzema est désormais dans le partage avec les supporters. Son image change définitivement avec ce succès héroïque. Il n’est plus le boulet que se traîne les Bleus mais bien leur potentielle arme fatale.
Ce qu’en pense Deschamps :
Contre l'Ukraine, il a exprimé ses sentiments. Il est comme ça. Après quand il n'est pas content, il n'est pas content.
Ce qu’en pense Benzema :
On a connu des émotions contre l'Ukraine, il s'est passé quelque chose, on est une vraie famille.

La référence : Le Honduras (15 juin 2014)

Avant le Mondial, Benzema est transfiguré. Vraie star au Brésil, la seule de l’effectif français après sa victoire en Ligue des champions avec le Real Madrid, il se prête au jeu et se montre disponible. A la fin du premier entrainement à Ribeirao Preto, il est le seul à donner son maillot aux supporters qui le réclament. "C'est naturel. Je ne calcule rien. Là, ça se passe bien avec les supporters", témoigne-t-il. Sur le terrain, il reste sur six buts en sept rencontres et a inscrit un doublé pour son premier match en Coupe du monde. La France se cherchait un leader. Il a émergé en deux ans. Dans la douleur, certes, mais désormais Benzema file vers ce qu’il aurait toujours dû être : celui qui porte l’ambition de tout un pays. 
Ce qu’en pense Deschamps :
Karim est sur une belle lancée, il est en pleine possession de ses moyens. Il est heureux et épanoui. Vous aimez bien mettre des étiquettes. Karim est un joueur de très de haut niveau. Il arrive en pleine possession de ses moyens. Il faut qu’il garde ce naturel, ce n’est pas seulement un buteur c’est un joueur qui participe aussi aux actions. Je ne veux surtout pas qu’il se sente investi d’une mission spéciale, que tout dépende de lui. Evidemment, il a la confiance de tout le monde.
Ce qu’en pense Benzema :
Mes objectifs personnels, je les garde dans ma tête. Je veux juste être bon, prendre du plaisir. J’ai progressé. Bien sûr que je me sens fort. Il y a eu des critiques, des bonnes choses, des mauvaises choses… Je fais partie des plus anciens en équipe de France et je dois montrer l’exemple aux plus jeunes.
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