La lombalgie chronique, cette "pathologie de monsieur tout-le-monde" qui menace le Mondial de Ribéry

C'est un mal bien connu de nombre d'entre vous. Comme beaucoup de Français et de personnes dans le monde, Franck Ribéry souffre du dos. Et dimanche, l'encadrement des Bleus a mis des mots pour définir ces douleurs : il est victime d'une "lombalgie chronique". Depuis, l'inquiétude plane sur ses chances de participer au Mondial 2014, même si le staff tricolore se veut rassurant. 

Si le terme de "lombalgie" est souvent employé dans le langage courant, il est utile de rappeler la définition précise pour y voir plus clair : "Une lombalgie est un terme médical quelque peu générique désignant des douleurs en bas du dos et plus précisément au niveau des lombaires", explique le site lombalgie.eu.

Tout comme les facteurs de risques, les causes des lombalgies sont variées, ainsi que l'explique le site de l'Institut national de recherche et de sécurité. De lésions après un effort à une usure des disques intervertébraux ou tout simplement à la vieillesse (l’arthrite, arthrose…), le mal peut survenir pour plusieurs raisons. Et n'est pas toujours évident à identifier. "Pour un staff médical d’un club professionnel, il n'y a rien de pire qu'un joueur qui a mal au dos. C'est très frustrant car on ne voit rien le plus souvent sur les images, nous avoue le Dr Karl Chaory, médecin en charge de l'équipe professionnelle du Stade Rennais. On peut avoir un mal de dos sans diagnostic précis, sans lésions anatomiques précises."

Car c'est une lombalgie… chronique. Il existe en fait trois stades distincts de lombalgie, comme le décrit le site Passeport Santé. L'aiguë, qui ne dure pas plus de six semaines ; la subaiguë, qui sévit entre six semaines et trois mois ; et donc la lombalgie chronique. Cette dernière, qui ne touche que 5% des malades parmi lesquels Franck Ribéry, dure plus de trois mois… La spécificité de la blessure du Bavarois réside bien là.

Le terme "chronique", employé par l'encadrement des Bleus, est en effet le plus surprenant. Le Dr Karl Chaory, spécialiste en rééducation et médecine physique au centre de médecine du sport Spormed de Rennes, nous explique pourquoi : "La lombalgie chronique n'est pas une pathologie très fréquente chez le sportif de haut niveau. La preuve, c'est que le meilleur traitement est l'activité physique, le gainage, le renforcement musculaire... Des activités que les sportifs de haut niveau font de manière régulière. Finalement, on peut dire que la lombalgie chronique est plus une pathologie du non-sportif."

Bien sûr, les douleurs récurrentes au dos de Franck Ribéry ne signifient en aucun cas que la star du Bayern Munich est mal préparée. Mais pour diverses raisons, son mal perdure. Car finalement, on ne connaît pas l'origine du problème. "Le terme lombalgie chronique peut englober plein de choses, prévient le Dr Karl Chaory, qui n'a jamais été confronté à un joueur professionnel victime d'une lombalgie chronique en sept ans au Stade Rennais. C'est un mot très générique. Seul, le staff médical de l'équipe de France sait ce qu'il définit vraiment." En clair, l’expression "lombalgie chronique" est assez vaste, ce qui laisse pas mal de zones d'ombre sur la suite.

Prise d'analgésiques ou encore des séances de kinésithérapie, il existe plusieurs remèdes pour favoriser la guérison des lombalgies aiguës. Pour la lombalgie chronique, il y a d'autres soins pour diminuer la douleur plus rapidement. Le mouvement, notamment, en est un : "Le repos strict est rarement positif dans la lombalgie chronique", précise Dr Karl Chaory. Il évoque également des infiltrations et met de côté le renforcement musculaire, puisqu’il s’agit d’un sportif de haut niveau.

En famille comme les autres Bleus jusqu’à mercredi, Franck Ribéry est le mieux placé pour savoir ce qui lui reste à effectuer. "Il est allé faire des examens complémentaires dans un hôpital parisien et consulter un spécialiste samedi matin, avant de partir à Nice. Et depuis, il suit un protocole visant à le remettre d'aplomb sous huitaine", a précisé lundi l'encadrement des Bleus à l'AFP. L’équipe de France et les supporters tricolores croisent les doigts pour que sa rééducation se déroule bien. Histoire que cette lombalgie chronique, une "pathologie plus de monsieur tout le monde", comme la décrit Karl Chaory, ne le prive pas de Coupe du monde.