Espagne - Iran : David De Gea, des dégâts qui font débat

C'est la dure loi du poste de gardien de but. L'ingratitude du rôle d'un dernier rempart qui ne pourra compter sur personne pour rattraper son erreur. David de Gea est bien placé pour en parler. Depuis vendredi, tout le monde ou presque lui tombe dessus. En cause, cette faute de main sur une frappe de Cristiano Ronaldo qui a entraîné le deuxième but du Portugal face à l'Espagne (3-3). Avant, le portier de la Roja n'avait pas fait de miracle sur le penalty de CR7. Après, il est resté impuissant sur le coup franc de la star portugaise. Trois buts encaissés. Et une pluie de critiques à essuyer.

La situation peut sembler paradoxale. Pour beaucoup d'observateurs, de Gea n'est pas loin d'être le meilleur gardien au monde à l'heure actuelle. Il enchaîne les performances de haute volée avec Manchester United et vient d'être nommé meilleur portier de Premier League pour la quatrième saison consécutive. L'Espagnol a été le grand artisan de la deuxième place obtenue par MU en championnat la saison passée. Et il a suffisamment prouvé sa valeur avec Manchester United depuis plusieurs années pour ne pas se retrouver sous le feu des critiques à la première erreur.

Mais le gardien mancunien a moins de vécu en sélection. Et moins de crédit. Surtout depuis quelques mois. Il y avait eu les trois buts encaissés en Russie en novembre dernier (3-3). Il y a cette année 2018 où il n'a préservé son but inviolé qu'une seule fois, face à la Tunisie (1-0) dans le dernier match de préparation de la Roja. Il y avait surtout eu une autre faute de main, face à la Suisse quelques jours plus tôt (1-1). De Gea n'a pas été aussi impérial avec l'Espagne qu'avec Manchester United. Son erreur face au Portugal a confirmé cette tendance.

A l'unisson, tous les membres du groupe de Fernando Hierro ont pris la défense de leur gardien. A commencer par le sélectionneur par intérim de la Roja, qui s'est empressé de confirmer de Gea dans son statut de titulaire face à l'Iran. "Il a toute notre confiance, a martelé Hierro. Je sais que les sportifs ont besoin de confiance, pas seulement dans les bons moments.Nous ne doutons pas de lui et lui non plus ne doute pas. Gardien est un poste spécial, avec une psychologie spéciale et nous n'avons aucun doute à son sujet, sincèrement".

Un message déjà largement diffusé par les Espagnols devant la presse après la rencontre. Tous sans exception, de Nacho à Gerard Piqué en passant par Iago Aspas, avaient volé au secours de leur portier. "De Gea est l'un des meilleurs gardiens du monde, a renchéri Isco lundi en conférence de presse. Il a déjà connu ce genre de choses, il sait comment réagir. Et nous lui apportons toute notre affection". Un soutien sans faille également affiché sur les réseaux sociaux. Sergio Ramos a ainsi appelé son coéquipier à "ne jamais abandonner" dans un post publié sur Twitter.

Si la sélection fait corps avec De Gea, ce n'est pas forcément le cas du public espagnol. Un sondage publié sur le site de Marca, regroupant 160.000 votants, indiquait que 49% des sondés souhaitaient voir Kepa, le jeune gardien de l'Athletic Bilbao, être titularisé face à l'Iran. De Gea n'avait recueilli que 41% des suffrages. Même constat sur le site de l'autre quotidien madrilène, As, avec une majorité d'internautes militants pour voir Kepa plutôt que de Gea garder le but de la Roja face aux Iraniens, même si la différence est moins marquée (46% contre 45%).

Il convient de relativiser ces sondages réalisés à chaud. Ils traduisent surtout la déception des aficionados espagnols par rapport à la dernière prestation de leur gardien. Mais ils montent aussi que de Gea ne fait pas autant l'unanimité en Espagne qu'à Manchester. Ce n'est peut-être qu'une question de temps. Si la dure loi du gardien de but ne pardonne pas les erreurs, elle sait aussi glorifier les exploits.