Gourcuff : "Pour limiter l'influence de Messi, il faut prendre le jeu à son compte"

C'est l'éternel débat dès qu'une équipe affronte le FC Barcelone ou l'Argentine. Et c'est encore le cas avant ce huitième de finale du Mondial pour l'équipe de France. Il faut résoudre le cas Lionel Messi. Une équation insoluble ? Cela y ressemble tant le numéro 10 argentin est capable de faire des différences grâce à sa vitesse d'exécution, son toucher de balle et sa science du jeu. Cependant, l'affronter revient à se demander comment le limiter. Comme pour toute équipe qui le croise, la France a ainsi forcément un plan anti-Messi.

Affronter Lionel Messi n'impose cependant pas de tout remettre en questions. Sur un match, ce n'est pas envisageable de faire drastiquement évoluer sa manière de défendre sur le plan collectif, en passant du marquage de zone à celui individuel, comme nous le confirme Christian Gourcuff. "On ne peut pas changer juste pour un match. Cela ne s'improvise pas. Et puis défendre en individuel sur Messi, c'est très dangereux", souligne l'ancien coach du Stade Rennais et de Lorient.

Pour éviter de voir La Pulga signer un récital, l'idée est en fait surtout de défendre en bloc. Car si on se souvient du match de Presnel Kimpembe en 8es de finale de la Ligue des champions 2017 face à Messi ou si Raphael Varane s'était illustré lors de ses premiers Clasico en 2013 face au génie catalan, un homme seul ne peut pas stopper le quintuple Ballon d'Or. "Plus que jamais, il ne faut pas lui laisser d'espaces collectivement car il a des capacités à faire des différences dans les un contre un", nous explique encore Christian Gourcuff.

La possible titularisation de Blaise Matuidi, dans son nouveau rôle de faux ailier à la Moussa Sissoko, pourrait bien entendu aider. Mais c'est bien un défi collectif qui se présente face aux Bleus. "Il faut toujours assurer une couverture en contrôlant les espaces dans le bloc pour ne pas le laisser avec des ouvertures", ajoute Gourcuff. Sinon, dès qu'il peut prendre de la vitesse et a du temps pour se mettre en position de frappe ou pour créer du jeu, cela peut se payer cash. Le Nigeria a pu le constater.

Pour atténuer son rendement, l'une des clefs est aussi d'essayer de l'isoler. De le couper de ses coéquipiers. "L'idée est aussi de limiter toutes les transmissions vers lui. De manière à éviter ses prises de balle. Déjà, cela permet de filtrer son influence", abonde l'ancien sélectionneur de l'Algérie. S'il n'y a pas de recette miracle, Christian Gourcuff estime que l'équipe de France doit toutefois tout mettre en oeuvre pour dominer les débats. "Avec ce type de joueurs, la meilleure façon, c'est de les obliger à défendre. A partir de là, ils ne sont plus du tout dans leur registre", explique le technicien, qui rappelle également la tendance de Messi à ne pas travailler pour la récupération du ballon. "Si l'équipe adverse peut prendre le jeu à son compte, son équipe peut souffrir. Cela peut être une stratégie qui ne me semble pas délirante face à une équipe d'Argentine qui n'est pas très sereine", argumente-t-il encore.

Ce samedi, la meilleure chance de l'équipe de France est cependant ailleurs. C'est de ne pas affronter le Messi version Barça. Avec l'Albiceleste, le numéro 10 argentin est moins flamboyant. La faute à un collectif moins bien huilé qui le met moins en valeur. "Sur le plan collectif, le Barça arrive à le trouver dans de meilleures conditions. Là, c'est plus poussif. Quand il a le ballon, il ne se retrouve pas dans des conditions de décalage qui peuvent exister au Barça", constate Gourcuff. Et c'est bien la principale aubaine des Bleus à l'heure de retrouver Messi.