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Hierro, l’homme de fer qui s'imposait

Antoine Donnarieix

Mis à jour 15/06/2018 à 08:49 GMT+2

COUPE DU MONDE - Suite à la secousse subie par l’éviction de Julen Lopetegui à deux jours du début du Mondial, la fédération espagnole donne son entière confiance à Fernando Hierro, passé de directeur technique national à sélectionneur intérimaire en moins de 24 heures. Un changement de rôle que l’ancienne légende du Real Madrid va assumer, quel que soit l’issue de la compétition.

Fernando Hierro

Crédit: Getty Images

L’un s’active avec aplomb et lève les bras pour exprimer ses émotions avec intensité. L’autre écoute, baisse les yeux et marche le regard à moitié vide. Signe fort d’un tremblement de terre en interne, la discussion mouvementée entre Fernando Hierro et Julen Lopetegui anime les médias du monde entier. Sans avoir le contenu de la discussion, il est possible d’en déceler l’ambiance : l’Espagne, grande favorite pour l’obtention d’un titre mondial et invaincue sous l’ère Lopetegui initiée à la sortie de l’Euro 2016, vacille. Et au milieu d’un vacarme médiatique ambulant, Fernando Hierro tente de mettre de l’ordre dans tout ce capharnaüm.

La tour de Babel

Si Hierro connaît bien le Real Madrid pour y avoir évolué entre 1989 et 2003, le DTN ignore en revanche la raison qui a poussée le capitaine Lopetegui à mettre le bateau de la sélection nationale à quai d’une part, puis celle consistant à informer le staff de sa décision de rejoindre la Maison Blanche après le Mondial, le tout à 48 heures de la première rencontre contre le Portugal, d’autre part. Arrivé au sein de La Roja en décembre dernier après un court épisode comme entraîneur du Real Oviedo, Hierro n’adhère pas à la méthode prodiguée par son collègue de travail et lui fait savoir. Sa vision ? La fédération espagnole de football est perçue comme LA référence ultime.
Cet avis, Luis Rubiales le partage. Après avoir pris connaissance que Julen Lopetegui s’était engagé au Real sans le consulter au préalable, le président de la fédé, en poste depuis le 17 mai, ne décolère pas d’être le dindon de la farce. Résultat ? Adiós Lopetegui, sans même croiser le sélectionneur destitué en conférence de presse, ni annoncer de remplaçant attitré sur le champ. Une petite heure de flottement suffit pourtant à clore le suspens. Hierro, recruté en décembre dernier par ses amis José Luis Larrea et Luis Rubiales, reprend le flambeau de l’aventure ibérique en Russie pour un intérim durant le Mondial. Fin de l’imbroglio, place au travail.
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Fernando Hierro

Crédit: Getty Images

L’heure du changement

Si le choix de virer Lopetegui semble aussi radical que sévère compte tenu des performances sportives positives sous son mandat (seize victoires, quatre matchs nuls), ce bombazo envoie un signal au pays : la fédération espagnole possède des règles de bonne conduite, et quiconque s’amuse à les enfreindre peut subir de lourdes sanctions. Lopetegui serait-il bouc-émissaire de la passation de pouvoir entre Villar, son ancien président en poste depuis 1988, et Rubiales à la tête de la fédé ? Possible. Traité de "plouc" dans la presse par l’ancien sélectionneur Javier Clemente, Rubiales bénéficie toutefois de soutien de poids dans cette éviction, comme Xavi ou Cañizares. Et le choix de Hierro dans tout ça ? Sans doute le plus pertinent en sachant que le Mondial démarre maintenant. Nommer Hierro comme sélectionneur, c’est davantage opter pour le meneur d’hommes que celle du grand tacticien renommé.
Ancien capitaine du Real Madrid, Hierro possède déjà un point en commun avec l’un des piliers de l’équipe, Sergio Ramos. Sur Twitter, le défenseur central s’est fendu d’un message rempli de bonnes ondes. "Nous sommes la Selección, nous représentons un emblème, des couleurs, un public et un pays. (…) Hier, aujourd’hui et demain, ensemble !". Une publication reflet d’un état d’esprit que Hierro souhaite insuffler dans ces moments délicats subis par l’Espagne. Il faut dire que par le passé, le sceau de Hierro constituait la clé de la réussite espagnole : le 17 novembre 1993, le Madrilène inscrivait l’unique but d’une rencontre douloureuse face au Danemark pour qualifier La Roja au Mondial 94 aux États-Unis (1-0).
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Fernando Hierro

Crédit: Getty Images

En deux jours, nous ne pouvons rien changer
Mais résumer Hierro à un but ou des chiffres qui le consacrent cinquième meilleur buteur de l’histoire de la Selección, cela réduit considérablement l’essence du personnage. Hierro, c’est une belle idée de la classe, associée au parfait personnage politique. "Si je n’étais pas convaincu de notre capacité à vaincre, je ne serais pas ici, tranche l’ancien adjoint de Luis Aragonés en 2008 et Vicente Del Bosque en 2010. Les garçons sont d’excellents travailleurs, dotés d’une maturité de grands sportifs." Voilà le genre de personne avec une aura conséquente, capable de rassurer tout un pays grâce à son charisme naturel et éviter de se prendre la tête face aux médias sur le prochain fond de jeu de son équipe.
Juste après avoir salué le travail de son prédécesseur, l’homme va même droit au but. "Il faut être intelligents et cohérents : en deux jours, nous ne pouvons rien changer. L’objectif commun est toujours d’aller chercher quelque chose de grand. Je n’ai qu’une seule expérience en tant qu’entraîneur principal, c’est vrai. Mais j’ai aussi trente années d’expérience du football de haut niveau." Auréolé de trois Ligue des champions lors de sa période au Real (1998, 2000, 2002), Hierro sait soulever des trophées et possède les moyens de ses ambitions avec un effectif taillé pour la gagne. Seule ombre au tableau en tant qu’ancien joueur : n’avoir jamais dépassé le stade des quarts de finale d’un tournoi international. C’est l’heure de se montrer opportuniste...

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