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France - Pérou : Ricardo Gareca, l'oeil du Tigre

Thomas Goubin

Mis à jour 21/06/2018 à 11:00 GMT+2

COUPE DU MONDE - Il pourrait poser quelques problèmes à la France et Didier Deschamps pour ce deuxième match des Bleus en Russie. Mais qui est l'Argentin Ricardo Gareca, l'homme qui a qualifié le Pérou pour son premier Mondial depuis 36 ans ?

Ricardo Gareca sur le banc du Pérou

Crédit: Getty Images

Cheveux fins et mi-long, silhouette élancée, et visage émacié. Quand il troque son survêtement pour ses habits de ville, l'entraîneur bientôt sexagénaire a l'allure de ces rock-star d'âge mur sur lesquelles le temps n'a pas de prise. Plus d'un s'est d'ailleurs amusé à le comparer à l’icône, Iggy Pop, alors qu'au Pérou sa popularité n'a rien à envier aux plus grandes idoles populaires depuis la première qualification de la Blanquirroja pour la Coupe du monde depuis 1982. Mais avant même d'avoir éliminé la Nouvelle-Zélande en barrages, le 16 novembre, tout un pays avait déjà déposé sa foi en Ricardo Gareca. Après douze journées d'éliminatoires et alors que le Pérou occupait une peu reluisante huitième place (sur dix), 71 % des Péruviens étaient derrière lui, selon une enquête Ipsos. Aujourd'hui et malgré la défaite face au Danemark (où le Pérou n'avait pas démérité, et affiché un séduisant visage), son taux d'approbation est dictatorial : près de 100%.
C'est en mars 2015 que le Pérou a décidé de miser sur l'un de ses sorciers des bancs argentins que s'arrache l'Amérique du sud. La Colombie a José Nestor Pékerman, le Chili a eu Marcelo Bielsa puis Jorge Sampaoli, alors que le Paraguay avait brillé sous la direction de Gerardo Martino lors du Mondial 2010. Le Pérou aurait donc Ricardo Gareca. A Lima, El Flaco (le maigre) a débarqué avec un CV avantageux, où il pouvait notamment faire figurer trois championnats d'Argentine remportés avec Vélez Sarsfield (tournois de fermeture 2009 et 2011, et tournoi d'ouverture 2012). En quatre ans à sa tête (2009-2013), "El Tigre", son autre surnom, a marqué de son empreinte l'histoire du club de Buenos Aires.
Quand il ne gagnait pas, il terminait deuxième (tournoi ouverture 2001) ou troisième (tournois ouvertures 2011 et 2013, tournoi de fermeture 2012), et avait même atteint, en 2011, les demi-finales de la Copa Libertadores, l'équivalent de notre Ligue des champions. De quoi attirer l'intérêt du géant brésilien Palmeiras, même si l'aventure sera de courte durée. Cinq mois à Sao Paulo, avant de se faire licencier. Un échec qui ne découragerait toutefois pas la fédération péruvienne.

Il a remis de l'ordre dans la sélection

Au Pérou, Ricardo Gareca a appliqué une recette pas franchement rock n'roll. Sa priorité : remettre de l'ordre dans la sélection. Sur le terrain et en dehors. Entraîneur pragmatique, Gareca s'est ainsi adapté à son effectif, qu'il fait, en règle générale, évoluer en 4-2-3-1, avec le goleador, Paolo Guerrero -suspendu lors du barrage suite à un contrôle positif- en pointe. L'entraîneur de 59 ans, qui puisait abondamment dans le centre de formation de Vélez Sarsfield, a aussi rajeuni le visage de la Blanquirroja. Une politique qui l'a conduit à faire des choix forts, comme de se passer de Claudio Pizarro ou de l'ex de la Fiorentina, Juan Manuel Vargas.
Gareca avait aussi osé se passer de l'ex-PSV et Schalke 04, Jefferson Farfan, avant de le rappeler à l'été 2017, pour une dernière ligne droite des éliminatoires où le Pérou revint de loin pour arracher sa qualification. Sous Gareca, la Blanquirroja a dû attendre l'antépénultième journée pour apparaître dans la zone de qualification, mais l'Argentin n'a jamais vraiment craint pour son poste. "Quand a perdu à domicile face au Chili, le match à ne pas perdre ici, car c'est notre clasico, ou qu'on a concédé un nul face au Venezuela, il a été critiqué, mais la Fédération n'a jamais pensé à le licencier", confirme Eli Schmerler, journaliste péruvien pour El Depor. Peut-être parce que l'homme transmet un grand sentiment de tranquillité, dont avait besoin un pays sevré de Mondial depuis trop longtemps, mais aussi parce qu'il avait su mettre un terme aux problèmes d'indiscipline récurrents au sein de la sélection.
Au Pérou, Ricardo Gareca avait déjà connu le succès. En 2008, il y avait obtenu le premier titre de sa carrière d'entraîneur en étant sacré champion du Pérou, à la tête d'Universitario, l'un des grands du football inca. Mais Gareca a longtemps été un nom qui rappelait de mauvais souvenirs au peuple dont il deviendrait le héros. En 1985, El Tigre, ancien attaquant surnommé ainsi pour sa capacité à jaillir au moment idoine dans la surface, avait inscrit le but de l'égalisation (2-2) qui avait éliminé le Pérou de la course au Mondial 1986, et qualifié dans le même temps l'Albiceleste. Pour Gareca, ex-joueur de River Plate, entre autres, le souvenir n'était pourtant pas cher à son cœur. Car le héros de la qualification n'avait pas été retenu pour la Coupe du monde au Mexique. Plus de trente ans plus tard, Gareca tient sa revanche. Face à la France, le Pérou du sélectionneur au physique de rock-star sera-t-il électrique ?
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