Un seul être vous manque... Comment la retraite de Philipp Lahm a déséquilibré l’Allemagne

COUPE DU MONDE - Ces dernières années, l’Allemagne n’a jamais paru aussi friable défensivement qu’en ce début de Mondial, avant son match décisif face à la Corée du Sud mercredi (16h). La faute, en partie, à une retraite que la Mannschaft peine à compenser : celle de Philipp Lahm.

Philipp Lahm avec l'Allemagne en 2014

Crédit: Getty Images

Il est des fantômes qui, même quelques années après, continuent de rôder. Ces derniers jours, l’équipe d’Allemagne est hantée par une présence. Ou plutôt, une absence : celle de Philipp Lahm. L’ex-capitaine de la Mannschaft était parti au sommet en 2014, en soulevant le trophée Jules-Rimet devant les yeux du monde entier. Quatre ans plus tard, l’équipe de Joachim Löw joue sa survie au premier tour du Mondial face à la Corée du Sud (mercredi à 16h). La faute à des soucis défensifs et à un déséquilibre général qui ne sont sûrement pas étrangers au départ du latéral.
Les lacunes de la Mannschaft sont apparues au grand jour contre le Mexique et, à un degré moindre en raison de la victoire arrachée dans les dernières secondes, contre la Suède. Le déséquilibre allemand a été frappant contre le Tri, en particulier sur le but de Lozano. Joshua Kimmich (très) en retard, c’est Mesut Özil qui s’est retrouvé en position de dernier défenseur. Et l’équipe de Löw aurait pu en encaisser bien plus d’un, tant elle a été sans cesse déséquilibrée. Bis repetita contre la Suède : Kimmich a encore une fois été pris de nombreuses fois à revers, notamment sur un face-à-face remporté par Neuer juste avant le but de Toivonen.
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Philipp Lahm holds the World Cup

Crédit: Eurosport

Il n’en fallait pas plus pour voir ressurgir le spectre de Philipp Lahm. Jürgen Kohler, champion du monde 1990 avec la Mannschaft, écrivait notamment dans Kicker : "Il manque une ossature à l’Allemagne. Elle n’est pas stable." Comment alors ne pas penser à Lahm, mais également à Bastian Schweinsteiger, garants de l’équilibre quasi-parfait de l’Allemagne au Brésil il y a quatre ans ? L’importance du latéral au niveau défensif a ainsi pu être sous-estimée, du fait de sa discrétion sur le pré. Mais par sa vitesse, son apport offensif toujours mesuré et sa polyvalence, Lahm était un maillon essentiel du champion du monde.

Kimmich doit progresser, Müller est isolé

Si Kimmich n’a pas à rougir de la comparaison avec son aîné, son sens tactique n’est pas encore au même niveau. Pep Guardiola disait de Philipp Lahm qu’il était "le joueur le plus intelligent" jamais passé sous ses ordres. Si cela n’était pas forcément flagrant durant la carrière de l’Allemand, ça l’est désormais, depuis qu’il est absent. Höwedes à l’Euro 2016, comme Kimmich plus récemment, n’ont pas réussi à stabiliser correctement la défense allemande. D’autant que la charnière Hummels-Boateng se fait vieillissante, et forcément moins rapide.
Aussi, si Lahm savait choisir comme personne son moment pour attaquer, Joshua Kimmich a montré lors des premiers matches de l’Allemagne une propension à se projeter sans cesse. Le latéral jouait de la même façon cette saison au Bayern, dans une équipe dominante et peu menacée. Mais il a suffi que le Mexique sache exploiter cette faiblesse, et que le milieu Khedira-Kroos ne compense pas les montées, pour que la Mannschaft implose. Sans accabler Kimmich, forcément pas seul responsable, la grande majorité des attaques subies par l’Allemagne est venue du côté droit.
Un côté droit qu’occupe toujours Thomas Müller. Lui aussi a souffert du départ de Lahm. L’homme aux dix buts en Coupe du monde semble de moins en moins à l’aise sur son côté, à Munich ou en équipe nationale. Contre le Mexique, il a peiné à se montrer dangereux, se situant souvent dans l’axe sans être sollicité. Résultat : Kimmich a voulu profiter de l’opportunité pour offrir des dédoublements. Müller n’étant plus aussi volontaire dans le travail défensif, l’Allemagne l’a forcément payé. Et la complicité entre l’attaquant et Lahm, entretenue de longues années au Bayern, manque toujours clairement à la Mannschaft.
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Lahm et Müller avec l'Allemagne pendant les qualifications pour l'Euro 2012

Crédit: Eurosport

Où sont les leaders ?

Le départ de Philipp Lahm, suivi par Bastian Schweinsteiger après l’Euro 2016, a également laissé un vide dans le vestiaire allemand. Le poncif du "manque de leaders", entendu maintes fois en France, s’applique aussi à l’équipe d’Allemagne actuelle. Mis à part la charnière centrale Hummels-Boateng, respectée mais pas au niveau en ce début de compétition, le reste de l’ossature des champions du monde 2014 (Özil, Müller, Khedira, Kroos) peine à se faire entendre, ou à faire l’unanimité sur le pré. Même si le joueur du Real Madrid a pris ses responsabilités en inscrivant le coup franc victorieux face à la Suède.
Philipp Lahm, lui, est devenu une figure écoutée. L’ancien capitaine est d’ailleurs présent en Russie, en tant qu’ambassadeur allemand pour l’Euro 2024. Il en a profité pour s’exprimer sur les soucis rencontrés par l’Allemagne, toujours avec un ton mesuré : "Un résultat négatif peut avoir des conséquences positives. Le coeur de l’équipe doit rester uni, et trouver des solutions." Sans son ancien capitaine emblématique et homme à tout faire, ces solutions sont forcément moins évidentes.
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