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Coupe du monde au Qatar 2022 - Brassard 'One Love', soutien aux ONG : Les Bleus et la FFF à la hauteur des enjeux ?

Martin Mosnier

Mis à jour 15/11/2022 à 21:03 GMT+1

COUPE DU MONDE – Les Bleus ont annoncé ce mardi leur intention d'apporter un soutien financier à des ONG oeuvrant "pour la protection des droits humains" avant de s'envoler pour le Qatar. Nécessaire mais pas suffisant pour Amnesty International. Le refus d'Hugo Lloris de porter le brassard One Love a, lui, fait bondir plusieurs associations.

Le brassard 'One Love' porté par Harry Kane, capitaine de l'Angleterre

Crédit: Getty Images

Il fallait régler le dossier brûlant avant de s'envoler, ce mercredi, pour le Qatar. Les joueurs de l'équipe de France l'ont fait en deux temps. Lundi, devant la presse, Hugo Lloris dévoilait son intention de ne pas porter le brassard inclusif, symbole de la lutte contre toutes les discriminations, dont celles qui visent les personnes LGBT à la Coupe du monde. Mardi, dans une "lettre collective" publiée sur les réseaux sociaux, les champions du monde en titre reconnaissaient "un contexte troublé" autour de cette Coupe du monde et annonçaient leur intention d'apporter un soutien financier à des ONG oeuvrant "pour la protection des droits humains".
Amnesty International, qui a fait pression sur la FFF et l'équipe de France depuis plusieurs mois notamment pour défendre le droit des travailleurs migrants, estime cette action nécessaire mais pas suffisante. "Nous saluons cette prise de parole tardive mais nécessaire, nous a fait savoir Lola Schulmann, chargée de plaidoyer à Amnesty France. Les joueurs avaient une responsabilité morale. Mais ils peuvent faire plus. Certaines équipes ont prévu de rencontrer et échanger avec des travailleurs migrants pour engager des dialogues. On espère que les joueurs de l'équipe de France ne vont pas simplement se contenter de ce courrier."

Amnesty International dénonce le silence de la FFF

Cette lettre n'a donc pas dissipé tous les sujets de crispation. Plusieurs ONG, dont Amnesty International, se sont prononcées pour la création d'un fonds d'indemnisation pour les ouvriers ayant travaillé sur les chantiers. Le 2 novembre dernier, le ministre du travail qatarien avait averti que son pays ne financerait pas un tel projet. "Nous nous adressons à la Fédération désormais, a continué Lola Schulmann. Il y a quelques mois, la FFF soutenait le fonds d'indemnisation des travailleurs migrants. Depuis, elle est silencieuse alors qu'elle doit faire pression sur la FIFA pour obtenir la création du fonds."
Autre sujet brûlant, le brassard One Love. Alors que huit fédérations (ndlr : l'Allemagne, l'Angleterre, la Belgique, le Danemark, la France, les Pays-Bas, le pays de Galles et la Suisse) avaient annoncé leur volonté de voir leur capitaine porter un brassard arc-en-ciel, symbole de la lutte contre toutes les discriminations, au Qatar, la FFF et Hugo Lloris ont freiné des quatre fers depuis. Lundi, à Clairefontaine, le capitaine des Bleus actait son refus de le porter : "Sur ce dossier, j'ai mon opinion personnelle et ça rejoint celle du président. Lorsqu'on accueille des étrangers en France, on a l'envie qu'ils se prêtent à nos règles et respectent notre culture. J'en ferai de même lorsque j'irai au Qatar."
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Hugo Lloris et son brassard lors de l'Euro 2016

Crédit: Getty Images

C'est la honte
Des déclarations qui ont heurté Bertrand Lambert, président du club PanamBoyz & Girlz, qui lutte contre l’homophobie dans le foot : "Je suis choqué. Lloris parle de 'respecter les règles et la culture' du Qatar mais on ne parle pas des règles du code de la route là. On parle de valeurs et de droits humains. On parle de gens qui sont emprisonnés parce qu'ils ont eu le tort de ne pas être comme tout le monde. Quand on est le pays des droits de l'homme, on va porter des valeurs humanistes partout où on va."
"C'est la honte, nous a confié Yoann Lemaire, fondateur de l’association Foot Ensemble en décembre qui vise à sensibiliser à la lutte contre toutes formes de discriminations. Ces gens-là vivent une réalité parallèle. Nos voisins allemands, danois, anglais sont tellement en avance parce qu'ils réfléchissent plus à la question. Il nous manque un Harry Kane ou un Manuel Neuer. Il nous manque des gens courageux avec un engagement humaniste."

Le Graët freine, les associations heurtées

Dans une interview à L'Equipe, Noël Le Graët s'est montré clair la semaine dernière. Le patron du foot français est sur la même ligne que Lloris concernant le brassard 'One Love' : "J’aime autant qu’il (Hugo Lloris) ne le fasse pas. On va jouer dans un pays que l’on doit respecter, a argumenté le président de la 3F. Mais s’il faut le porter, on le portera. Ce n’est pas que je ne suis pas favorable à ce brassard, mais quelques fois je me dis que l’on veut être tellement donneur de leçons qu’il faudrait regarder aussi ce qui se passe chez nous".
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Noël Le Graët, le président de la FFF.

Crédit: Getty Images

"Tout ce qui sort de la bouche de Noël Le Graët dès qu'il parle de discrimination est à côté de la plaque, juge Bertrand Lambert. C'est toujours : 'Circulez, il n'y a rien à voir." Yoann Lemaire trace le même sillon : "Je ne sais pas s'il y a un relent de conservatisme ou si les enjeux entre la France et le Qatar sont trop grands pour que la FFF se mouille mais en tout cas, le résultat est le même : il faut se taire." Dans leur communiqué, les joueurs, eux, ont rappelé leur "attachement" au "refus de toute forme de discrimination."
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