Coupe du monde - Les origines de l'hymne "Muchachos" chanté par Lionel Messi et l'équipe d'Argentine
ParCyril Morin
Mis à jour 17/12/2022 à 16:37 GMT+1
COUPE DU MONDE - Après le succès de "Brazil, decime que se siente", hymne officieux de l'Albiceleste lors du Mondial 2014 au Brésil, l'Argentine se prend de passion pour une nouvelle chanson : "Muchachos". Un chant qui reprend les codes traditionnels des paroles argentines, mélange de nostalgie, de fierté et d'espoir. Voyage aux origines d'un tube improbable.
Les habitants de São Paulo en gardent un souvenir amer. Ce 9 juillet 2014 est une double punition : le Brésil s'est fait humilier la veille par l'Allemagne (7-1). Le jour-même, des hordes d'Argentins envahissent la ville avec la ferme intention de narguer les Brésiliens. La qualification en finale en poche, c'est une vague ininterrompue de la chanson "Brazil, decime que se siente" qui envahit la ville. La police locale interrompt les festivités mais le refrain, lui, traverse les frontières. Surtout sa conclusion : "Maradona es más grande que Pelé".
Huit ans plus tard, l'Albiceleste est de retour au rendez-vous de son rêve. Cette fois, c'est Doha qui est envahi par une marée d'hinchas argentins. Mais le chant a changé. Cette fois-ci, place à "Muchachos", du groupe La Mosca. Un hymne dont les paroles reprennent les grands thèmes footballistiques de la nation aux deux étoiles. Cet hymne, le voici.
Des paroles symboliques
Malvinas, Diego, sa Tota (sa mère), Maracana : les symboles au passé de l'Argentine sont évidents et convoquent toute une litanie de refrains connus. La fierté d'être argentin, l'exception culturelle du pays, la tristesse des défaites, la référence aux Brésiliens battus en finale de Copa America et l'espoir, encore et toujours, de compter malgré tout.
Là où le pays connaît une réplique particulièrement violente de sa crise économique continue, le chant est devenu une évidence au moment d'encourager cette sélection. Avec cette phrase que les Argentins adorent répéter : "Je ne peux pas te l'expliquer car tu ne pourrais pas comprendre".
Les paroles de la chanson
En Argentina nací, tierra de Diego y Lionel | Je suis née en Argentine, terre de Diego et de Lionel |
De los pibes de Malvinas que jamás olvidaré | Terre des soldats des Malouines que je n'oublierai jamais |
No te lo puedo explicar, porque no vas a entender | Je ne peux pas te l'expliquer car tu ne pourrais pas comprendre |
Las finales que perdimos, cuántos años las lloré | Toutes les finales qu'on a perdues, toutes ces années où je les ai pleurées |
Pero eso se terminó porque en el Maracaná | Mais tout s'est terminé parce qu'au Maracana |
La final con los brazucas la volvió a ganar papá. | La finale contre les Brésiliens, c'est papa qui l'a à nouveau gagnée. |
Muchachos, ahora nos volvimos a ilusionar | Les gars, maintenant on recommence à rêver |
Quiero ganar la tercera, quiero ser campeón mundial | Je veux gagner la troisième, je veux être champion du monde |
Y al Diego en el cielo lo podemos ver | En plus, on peut voir Diego dans le ciel. |
Con don Diego y con la Tota, alentándolo a Lionel | Avec don Diego et sa Tota qui encouragent Lionel |
Le succès est tel que même le placide Messi a fini par le reprendre, à l'unisson avec un vestiaire argentin conquis par cet hymne. Une belle histoire aussi improbable que complètement argentine. Car "Muchachos" est le fruit de l'amour inconsidéré du football au pays et de la créativité (parfois franchement limite) de ses supporters. Le tube argentin vient du cerveau de l'un d'entre eux, Fernando Romero.
Crée dans une cuisine de Buenos Aires
En cuisinant, ce professeur dans une école catholique tente de trouver une nouvelle chanson autour de cette Albiceleste qui a enfin rompu le signe indien lors de la Copa America 2021. "Je voulais écrire une chanson qui écarte enfin cette comparaison constante qu'il y a eu entre Messi et Maradona, expliquait-il auprès de Telenoche. Les deux font partie des nôtres." La suite, c'est un mariage inattendu.
Pour les paroles, il s'inspire de ce qu'il entend tous les week-ends. Fanatique du Racing de Avellaneda, il reprend l'un des chants les plus connus du répertoire des hinchas argentins : " Muchachos, traigan vino, juega la Acade", "les gars, amenez-le vin car l'Académie joue" littéralement. Il les adapte et choisit d'y mettre la mélodie d'un tube de 2003, de la Mosca. "Muchachos, esta noche me emborracho". Traduction : "les gars, ce soir, je me bourre la gueule".
La suite défie tout entendement. Ce remix aurait pu rester cantonné à la cuisine de l'auteur sans l'aide de la télévision nationale et la puissance des réseaux sociaux. Pour un match face à la Bolivie, Romero et ses potes réussissent à chanter la reprise face aux caméras de Tyc Sports, avec un journaliste très impressionné par l'adaptation. Le début d'une folle histoire. Les joueurs argentins la remarquent et décident de la chanter après leur victoire lors de la Finalissima en juin dernier.
Séparé depuis 2008, le groupe La Mosca ("La Mouche", d'où ces lunettes de soleil du chanteur) ne laisse pas passer l'occasion. Ils contactent Romero, l'inscrivent comme co-auteur de la chanson, et réalisent ce clip juste avant le lancement de la Coupe du monde. D'une cuisine de Buenos Aires aux travées de Doha, le voyage de "Muchachos" a quelque chose d'authentique. Et de franchement argentin.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Télécharger
Scannez ici
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité