Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Mondial 2022 - Espagne - Maroc : Sofyan Amrabat, lion parmi les Lions

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 10/12/2022 à 10:39 GMT+1

COUPE DU MONDE - Impressionnant dans l'entrejeu du Maroc, Sofyan Amrabat est l'une des belles surprises de ce Mondial 2022. Le milieu de terrain de la Fiorentina, qui n'a pas manqué la moindre minute avec sa sélection depuis le début de la compétition, est l'un des soldats de son sélectionneur Walid Regragui. Focus sur un joueur pas comme les autres.

"Le Maroc a gagné le droit de ne pas se fixer de limites"

Un jour d'octobre 2019, Ivan Juric, alors sur le banc de l'Hellas Vérone, s'était montré clair au moment de répondre à un journaliste le questionnant sur un possible repos accordé au pauvre Sofyan Amrabat, qui empilait mes matches les uns derrière les autres. "Non, il jouera jusqu'à tant qu'il ne meurt pas", lâchait celui qui est désormais sur le banc du Torino, déclenchant les rires de l'auditoire. Une boutade, certes, mais qui a le mérite de donner l'idée du joueur qu'est Sofyan Amrabat. Un milieu tout terrain, capable de multiplier les efforts, les courses et gérer les deux phases, défensive comme offensive. Un gratteur de ballons hors pair, bien aidé par un physique imposant et une lecture du jeu supérieure. Un rouleau compresseur qui, une fois lancé, est difficilement contrôlable. Et qui se révèle probablement aux yeux du grand public lors de cette Coupe du monde au Qatar avec sa sélection du Maroc, qui s'apprête à disputer un quart de finale historique face au Portugal, ce samedi (16h).
"Je sais que tout le monde parle de Ziyech et Hakimi mais moi, j'ai envie de parler d'Amrabat, expliquait Fabio Capello au Messaggero jeudi. Il est fondamental pour l'équilibre de son équipe, en plus d'être un grand coureur : j'ai lu qu'il avait parcouru plus de 14 kilomètres lors du huitième de finale face à l'Espagne. Je le considère comme le Gattuso du Maroc." Voilà un surnom qui devrait plaire au natif de Huizen (Pays-Bas), qui évolue en Italie depuis 2019 et son prêt à l'Hellas Vérone, après des passages au FC Utrecht (2014-2017), Feyenoord (2017-2018) et enfin le Club Bruges (2018-2020).
Sofyan Amrabat, issu d'une famille marocaine originaire de Ben Tayeb et cadet de quatre garçons, dont Nordin, lui aussi footballeur professionnel, porte le maillot de la Fiorentina depuis maintenant deux ans. A l'époque, en janvier 2020, la Viola le recrute pour une vingtaine de millions d'euros en vue d'un transfert l'été suivant, battant la concurrence de plusieurs écuries italiennes. "C'était mon rêve de venir jouer en Italie, confiait-il en mai dernier au site du club. La Serie A est l'un des championnats les plus difficiles du monde."
L'un des meilleurs milieux de ce Mondial
Tout n'a pas toujours été rose pour Amrabat dans la Botte. Exceptionnel dans le milieu à deux de l'Hellas de Juric, il a connu un premier passage à vide au moment de passer à trois avec la Fiorentina de Vincenzo Italiano. Mais cette saison, replacé au centre du projet, le guerrier est de retour à son niveau avec, au passage, un record de sept cartons jaunes consécutifs en Serie A. Pas glorieux, mais symbolique de son renouveau. Au Mondial, toutes les copies rendues sont proches du très bien. "J'ai eu la chance de commenter tous les matches du Maroc, et je ne peux que confirmer le fait qu'il dispute un grand Mondial, témoigne Andrea Stramaccioni, consultant de la Rai au Qatar. Je ne parle pas seulement de ses performances, mais aussi de sa personnalité. C'est bien plus qu'un joueur."
"La Coupe du monde a toujours été dans un coin de sa tête ces derniers mois, et c'est largement compréhensible, nous fait-on savoir au sein de la Fiorentina. Pour lui, c'était un rêve de porter le maillot de son pays dans une telle compétition. Mais malgré ça, Sofyan a toujours été exemplaire, ne lésinant pas ses efforts sur le terrain. Il suffit de voir le dernier match avant la trêve face à l'AC Milan à San Siro. Encore une fois, c'était lui le meilleur sur le terrain..." Au Qatar, Amrabat incarne parfaitement l'esprit des Lions de l'Atlas. Une équipe en mission et au supplément d'âme qui sait allier le cœur, le cerveau et les jambes. Abdelhamid Sabiri a tout résumé en une phrase au quotidien La Repubblica jeudi : "Je ne suis pas à 100%, mais je suis capable de laisser une jambe pour le Maroc."
"Il représente à la fois l'esprit, le cœur et l'équilibre du Maroc, poursuit Stramaccioni. C'est une sélection qui a fait de l'organisation défensive sa marque de fabrique, même en affrontant de grandes nations comme la Belgique, la Croatie et l'Espagne. Elle n'a encaissé qu'un seul but durant la compétition... Je pense qu'Amrabat, grâce à l'interprétation de son rôle de milieu devant la défense, combine parfaitement ses qualités d'organisateur de jeu à celles extraordinaires de protecteur de la défense. Face à l'Espagne, j'ai le souvenir de le voir défendre et récupérer des ballons derrière ses deux latéraux, soit dans une zone assez loin de ses compétences. Mais toujours avec une grande capacité à anticiper les choses, à voir et lire le jeu avant les autres. C'est l'un des meilleurs milieux de ce Mondial."
Sofyan Amrabat face à Sergio Busquets (Espagne-Maroc, Mondial 2022)
Chiffres à l'appui, difficile d'affirmer le contraire. Amrabat est en effet le premier de sa sélection en termes de passes réussies (143), de pourcentage de passes réussies (87%), de ballons récupérés (33) et de ballons interceptés (6). "Il est magnétique", résumait Opta au moment de livrer les statistiques de l'international marocain. Sur les quatre matches des siens, il n'en a manqué aucun : 390 minutes sur 390, sans compter le temps additionnel. Walid Regragui ne s'en passerait pour rien au monde. "C'est le Casemiro du Maroc. Il est partout", écrivait La Gazzetta dello Sport après la performance "monstrueuse" du milieu de terrain face à la Roja. "Il ne fatigue jamais. Une vraie épine dans le pied des trois milieux espagnols qui, avant même d'imaginer ce qu'ils doivent faire du ballon, se retrouvent avec lui sur les talons", rapportait Tuttosport.
"Cela fait deux ans que Sofyan est le meilleur joueur de la sélection, assurait Omar El Kaddouri, international marocain passé notamment par le Napoli et le Torino, au site Viola News cette semaine. Il ne m'a pas surpris, puisqu'il a toujours été à ce niveau en sélection. Il fait un Mondial incroyable. Pour moi, c'est le meilleur milieu sans aucun doute possible. Contre l'Espagne, c'était fou. Il était partout."

La Fiorentina veut le prolonger, mais...

A Florence, Rocco Commisso se frotte les mains. Le propriétaire de la Viola, conscient de la dimension prise par un joueur à qui il demeure très attaché, s'attend à recevoir plusieurs coups de téléphone en vue du prochain mercato hivernal. Pour son entourage, c'est déjà le cas. "Mais l'objectif, c'est surtout de le prolonger", nous fait-on savoir au sein du club toscan, assurant au passage qu'un départ de l'international marocain en janvier est "catégoriquement à exclure". La volonté de ses dirigeants est d'allonger son bail actuel, qui expire en 2024 avec option jusqu'en 2025, de trois ans, assorti d'un salaire aux alentours de 3 millions d'euros.
Selon la presse transalpine, Liverpool serait déjà à l'affût pour le recruter. Mais pas que, puisque le Séville FC, où Amrabat retrouverait ses compatriotes Yassine Bounou et Youssef En Nesyri, aurait déjà pris son ticket dans la longue file des courtisans. L'intéressé, heureux à Florence, rêverait toutefois de disputer la Ligue des champions dans un futur plus ou moins proche. Mais pour l'heure, toutes les discussions pour son avenir ont été mises en stand-by. Le présent est beaucoup trop important. Samedi, lui et ses Lions de l'Atlas peuvent écrire l'histoire de leur pays.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité