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Qatar 2022 : Un petit tour et puis s'en va : la France peut-elle échapper à la malédiction du champion du monde ?

Maxime Dupuis

Mis à jour 17/11/2022 à 18:33 GMT+1

COUPE DU MONDE – Le XXIe siècle est un cimetière des éléphants. Lors des cinq dernières éditions de la Coupe du monde, le tenant du titre a été éliminé quatre fois lors du premier tour. France 2002, Italie 2010, Espagne 2014 et Allemagne 2018 ont tous mis pied à terre avant les hauteurs. Une véritable lame de fond à laquelle l'équipe de France de 2022 va tenter d'échapper.

La malédiction des champions du monde

Crédit: Marko Popovic

Vingt ans après le dernier triomphe planétaire du Brésil et au cœur d'une disette historique pour l'Amérique du Sud, le sous-continent américain n'a plus grand-chose en magasin pour rouler des mécaniques. Avant de, peut-être, renouer avec les sommets le 18 décembre prochain à Lusail, il lui reste tout de même deux derniers titres de gloire. L'un qui vient de loin : le Brésil est le dernier champion du monde à avoir conservé sa couronne. C'était il y a (très) longtemps, puisque cela remonte à 1962, au Chili. L'autre, un peu plus proche de nous et qui renvoie à une incongruité à l'échelle de la longue histoire du Mondial : les Brésiliens, encore eux, sont les derniers champions du monde en titre à avoir franchi le premier tour. C'était en 2006, en Allemagne.
Le Brésil de Ronaldo, sacré à Yokohama, tombé à Francfort en quart quatre ans plus tard face aux Bleus, est une bizarrerie à l'échelle du XXIe siècle. Parce que les autres tenants engagés en Coupe du monde sont tous tombés au premier tour de la compétition depuis deux décennies.

L'incroyable quadruplé

La France avait ouvert le bal en 2002. L'Italie lui a emboîté le pas en 2010. La gloutonne Espagne s'est associée au duo en 2014. Et l'Allemagne, jamais éliminée au premier tour depuis 1938, y est allée de sa contribution en 2018. Bref, l'Europe a réussi un impensable 4/4 et c'est d'autant plus incroyable qu'au XXe siècle, seul le Brésil en 1966 avait été sorti d'entrée. Les jambes de Pelé s'en souviennent encore.
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Mario Americo auprès de Pelé en 1966 lors de la Coupe du monde en Angleterre.

Crédit: Eurosport

Bref, ce qui était une exception est devenu une règle. Mais à part être championnes du monde en titre, qu'ont en commun la France, l'Italie, l'Espagne ou l'Allemagne ? Qu'ont-ils perdu en cours de route ? Les ressemblances existent, à défaut d'être frappantes. En 2002, les Bleus de Lemerre avaient été conservateurs mais étaient privés du meilleur d'entre eux. Les Italiens de 2010, pourtant dans un groupe avec la Nouvelle-Zélande, le Paraguay et la Slovaquie, s'étaient renouvelés en nombre, mais pas en cadres ni en talent, devant notamment. L'Espagne, elle, avait continué à faire confiance à ses maîtres du monde et d'Europe, mais arrivait au bout d'une exceptionnelle odyssée, sans plan B valable.
Quant à l'Allemagne de 2018, elle avait changé en profondeur, puisque neuf héros de Rio étaient encore là. Plus son sélectionneur, Joachim Low. Mais elle s'était également ramassée d'entrée. "L'équipe était de qualité, mais sans idée de jeu", se souvient Dennis Melzer, journaliste d'Eurosport présent en Russie il y a quatre ans. "Beaucoup de leaders, comme Lahm ou Schweinsteiger étaient partis. Le lieu de résidence de l'équipe nationale avait également été critiqué. Personne ne se sentait à la maison, comme au Brésil quatre ans auparavant".
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Özil, Müller, Kroos lors du Mondial 2018

Crédit: Imago

Le lieu de villégiature, cible de critiques après une compétition ratée, est un classique. Rappelez-vous l'hôtel des Bleus ouvert aux quatre vents en Corée du Sud… La literie a souvent bon dos mais elle ne révèle finalement pas grand-chose des raisons d'un crash à cette altitude. Au-delà du renouvellement, ou non, le poids des saisons de club en Europe, accru au XXIe siècle, couplé à l'attente et la pression sont aussi des ingrédients qui viennent pimenter la recette. Ajoutez à ça un soupçon d'usure, mentale et/ou physique, et vous avez ce qu'il faut pour un plantage. Mais tout sauf une règle.
Ce n'est pas ça qui va me saper le moral
Alors que la France se prépare à entrer dans l'arène et rêve de ne pas imiter ses prédécesseurs, elle ne sait pas forcément comment s'y prendre autrement. Parce que, question renouvellement, Didier Deschamps a fait le boulot, les événements ne lui ayant pas laissé le choix. Onze moins Kimpembe qui a déclaré forfait lundi : il n'y aura que 10 champions du monde français au Qatar. A cette heure, son équipe manque de repères, derrière, au milieu et, si elle a ce qu'il faut devant, ça ne suffit guère.
"C'est ça le haut niveau… Gagner, c'est difficile. Continuer à le faire et se maintenir au plus haut niveau, c'est encore plus difficile, rappelle Didier Deschamps. Il y a du talent en face. Il y a des repères différents, certains conservent 15 champions du monde, certains moins de dix, ou douze… C'est factuel. Mais ce n'est pas ça qui va me saper le moral. Entre la Coupe du monde et l'Euro, il y a eu du changement dans notre équipe, pour différentes raisons. Quand vous gagnez, vous avez toujours envie de gagner et vous savez pourquoi vous avez gagné. Mais il y a la réalité du haut niveau." La concurrence accrue est une piste qui se tient.
Quid d'Hugo Lloris, capitaine des champions du monde, 139 capes au compteur ? "On ne peut pas ne pas y penser. Ça arrive une fois, deux fois, trois fois… Il doit y avoir des raisons. Je pense que le staff et le coach ont préparé la meilleure équipe possible. Être tenant du titre, c'est aussi être une équipe à battre. On a pu le ressentir ces dernières années. On sent les adversaires encore plus motivés à l'idée de faire tomber les champions du monde. Il y a aussi le danger des premiers matches, des accidents peuvent arriver". A défaut d'être sûrs du remède, les Bleus ne pourront pas dire qu'ils n'étaient pas prévenus.
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