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D'Ibra à Thauvin, de Bale à Rooney… Pourquoi ils sont "intouchables"

Vincent Bregevin

Mis à jour 12/02/2015 à 21:34 GMT+1

Même s'ils sont moins performants, même s'ils sont critiqués, certains joueurs sont systématiquement alignés. Pour diverses raisons, ils sont considérés comme des "intouchables". Explications.

Ibrahimovic, Thauvin, Bale, Rooney : Tous intouchables... à leur manière

Crédit: Panoramic

Personne n'est intouchable. Et pourtant, en football, certains le sont quand même. Des joueurs qui, même moins performants, même contestés par le public ou par la presse, seront toujours alignés par leur coach. Un traitement de faveur ? Pas forcément. Leur marge de manœuvre n'est pas si importante que cela dans certaines situations. Cité par Thomas Janz, journaliste sur eurosport.de, un entraîneur renommé, qui compte plusieurs titres européens à son palmarès, explique sous couvert d'anonymat :
Certains joueurs dépendent fortement de leur condition psychologique. S'ils ont un problème, ils sont moins bons. Mais les retirer de l'équipe détruit leur confiance, ils deviennent encore moins performants. Et  ils ont souvent une forte influence sur l'équipe. Il faut faire attention à ce que l'équipe ne se retourne pas contre vous.
La personnalité, l'influence sur le collectif et/ou au sein du groupe, même la nécessité d'exploiter un potentiel qui ne parvient pas à s'exprimer pleinement peuvent ainsi devenir des critères plus importants que la performance pour un entraîneur, au moment de composer son équipe. A ce moment-là, un joueur peut en effet être considéré comme "intouchable". Pour des raisons différentes selon les cas.

Les stars emblématiques en baisse de forme

En France, ce mot est revenu régulièrement ces derniers mois, probablement plus que jamais. Avant, Zlatan Ibrahimovic ne faisait pas débat. Ça a changé quand le Suédois s'est blessé au talon en début de saison. Il n'a pas affiché le même niveau, au point où sa place dans le onze de départ a été contestée dans les médias. Laurent Blanc a continué de l'aligner, et Ibra a ainsi été considéré comme un "intouchable".
En Angleterre, deux noms sont très vite sortis du chapeau au moment d'évoquer des joueurs 'intouchables" avec nos collègues d'eurosport.co.uk: Wayne Rooney et Steven Gerrard. Le premier est le capitaine de Manchester United, joueur emblématique des Red Devils, où il évolue depuis dix ans. Le deuxième est le symbole de Liverpool, où il a été formé avant de faire toute sa carrière, dont il a fait la gloire et la légende notamment lors de la victoire en Ligue des champions en 2005. Moins performants ces derniers temps, ils sont quand même systématiquement alignés, ou presque.
Ibrahimovic est au PSG depuis moins de trois ans mais, aussi parce qu'il est l'une des plus grandes stars mondiales, il incarne quasiment à lui tout seul le projet porté par l'actionnaire qatarien. En recrutant le Suédois, QSI s'est offert plus qu'un joueur, fut-il de classe mondiale. Son impact est au moins aussi fort en dehors que sur le terrain. Diminuer son rôle au plan sportif aurait pour conséquence d'écorner son statut de figure de proue planétaire du club. Et cela, il n'en est pas question.
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L'arrivée en superstar d'Ibrahimovic à Paris, en juillet 2012

Crédit: AFP

Un peu comme Rooney à Manchester United et Gerrard à Liverpool, mais pour des raisons distinctes. Ils ont tous les trois montré un talent exceptionnel sur l'ensemble de leur carrière, et peuvent toujours faire la différence sur un geste de génie. Mais c'est aussi parce qu'ils sont les plus représentatifs de leur club et les plus influents de leur vestiaire qu'ils sont indiscutables. Même s'ils ne sont pas, ou plus, à leur meilleur niveau de performance.

Les gros investissements en panne de confiance

En France, deux cas illustrent assez bien le phénomène : Edinson Cavani au PSG et Florian Thauvin à Marseille. Sans être les stars de leurs équipes respectives, ils sont considérés comme des éléments- clés du collectif par leurs entraîneurs. Les deux ont en commun de traverser une crise de confiance qui se traduit par des performances insuffisantes. Et d'être contestés par la presse et par le public. Malgré cela, Laurent Blanc continue d'aligner Cavani, comme Bielsa avec Thauvin. Et les deux coaches ont publiquement assumé cette position. En cela, Cavani et Thauvin peuvent eux-aussi sembler "intouchables". Bielsa s'en est expliqué en octobre.
Ma position prend deux choses en compte : renforcer l'estime d'un grand joueur comme Thauvin, et maintenir sous pression ceux qui aspirent à être titulaires. Cet équilibre est très difficile à maintenir, parfois on sent qu'on le fait bien, parfois ça démontre le contraire. Je crois beaucoup en Thauvin. C'est l'un des joueurs que j'ai dirigés dans toute ma carrière qui m'a le plus impressionné. Je sais qu'en ce moment, ce n'est pas l'idéal pour lui, mais j'ai confiance en son caractère.
Dans ces deux cas, c'est plus un choix de l'entraîneur. Blanc comme Bielsa ont des solutions pour les remplacer, que ce soit Ezequiel Lavezzi au PSG, ou Romain Alessandrini et désormais Lucas Ocampos à Marseille. Mais en sortant Cavani et Thauvin de leur onze de départ, Blanc et Bielsa prendraient le risque de leur faire perdre définitivement confiance. Et s'exposeraient à ne plus pouvoir compter sur eux pour le reste de la saison. Un pari d'autant plus difficile à tenter que les deux joueurs constituent un investissement important du club (64 millions pour Cavani, 15 millions bonus compris pour Thauvin, les deux transferts les plus chers du PSG et de l'OM à l'été 2013).
En Espagne, un cas se rapproche de ceux de Cavani et Thauvin. Celui de Gareth Bale au Real Madrid. Le Gallois est moins performant que la saison passée, ce qui ne serait pas si problématique si le Real n'avait pas investi un montant "ronaldesque" pour se l'offrir (91 millions d'euros, contre 94 au Portugais). Il est désormais pris en grippe par une partie du public madrilène, qui lui reproche son individualisme et son irrégularité. Son entraîneur, Carlo Ancelotti, a des solutions pour le remplacer. Il ne peut plus compter sur James Rodriguez, indisponible pour deux mois, mais il peut par exemple aligner Jesé.  Cependant, l'Italien a clairement annoncé il y a peu que Bale ne sortirait jamais de son onze de départ, tant qu'il sera disponible.
"Si Bale n'a pas de pépin physique, il jouera. Toujours."
En Angleterre, Louis van Gaal a globalement la même démarche avec Robin van Persie. L'entraîneur de Manchester United maintient son compatriote à la pointe de l'attaque des Red Devils, même si RVP est loin de son meilleur niveau, d'où,  là-aussi, des critiques récurrentes de la presse et du public. Un choix d'autant plus fort que cela contraint Van Gaal à faire reculer Wayne Rooney au milieu, ce qui nuit considérablement au rendement du capitaine mancunien. Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Sous les feux des critiques, van Persie a marqué pour MU mercredi, tout comme Cavani avec le PSG. Ça ne risque pas de les rendre moins "intouchables" aux yeux de leurs entraîneurs.
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Robin Van Persie et Wayne Rooney (Manchester United), buteurs face à Hull City en Premier League 2014-2015.

Crédit: AFP

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