@Domenech a un message

Tout est parti d'une interrogation: "Raymond Domenech a-t-il un compte sur twitter sous le pseudo @Raymon_Domenech?" Non certifié, créé en catimini, moins de 400 followers après sept semaines d'existence, le compte avait tout l'air d'un faux. Cela n'aurait pas été le premier. Ni le dernier. Pourtant, Pascal Irastorza, son conseiller en communication qui l'accompagne depuis désormais un an, nous a confirmé que l'ancien sélectionneur des Bleus avait bel et bien une empreinte numérique sur twitter : "Oui, ce compte lui appartient", nous a-t-il révélé mardi après-midi après avoir laissé planer le doute durant des semaines.

Aux interlocuteurs qui le joignaient jusqu'ici, il se voulait volontairement mystérieux. "J'ai eu des demandes de vos confrères quand le compte est sorti. Je n'ai ni confirmé, ni infirmé que c'était son compte. Avant de le confirmer, comme je le fais avec vous, je voulais qu'il y ait suffisamment de tweets pour que cela ressemble à quelque chose de proche de son état d'esprit. De manière à ce que cela ne parte pas dans tous les sens : "il a taclé Blanc", "il pense ceci"... On ne veut pas de polémique. On veut être peinard mais néanmoins s'amuser un peu. C'est son jouet. (...) Raymond n'est pas connu pour être un geek. Twitter, c'était pas loin d'être du chinois pour lui. Maintenant, ça reste tout autant chinois. Il s'en amuse comme ça", assure Pascal Irastorza.

Dirigeant de la société Laminak Conseil, spécialisée en gestion et communication de crise, Irastorza s'occupe également de Sébastien Chabal, membre influent de la tweetosphère depuis plus de deux ans maintenant. Mais derrière @Raymon_Domenech, il ne faudrait chercher aucun calcul. "Il envoie des messages quand il en a envie, c'est pour cela qu'il n'y a pas de stratégie. Le compte a un fonctionnement erratique. C'est fait pour prendre la parole de manière souple et anodine. Il ne faut pas lui faire dire plus que cela. Sur les thèmes évoqués, on le voit bien. Il n'y a aucun enjeu. On n'a pas bâti pas une stratégie de reconquête autour de son compte Twitter."

Les premiers tweets du principal intéressé en disent néanmoins beaucoup sur son envie de reprendre pied et la main médiatiquement parlant. En douceur. Mais sûrement. Après une période où l'homme est resté globalement silencieux, parlant avec parcimonie, Domenech a trouvé un moyen de dire ce qu’il veut et à s'adresser à ceux qui veulent bien l'entendre. Sur le PSG, il affiche son soutien à Antoine Kombouaré ("Est-ce que Leonardo et les qataris seront sensibles à la pression populaire? J'en doute accroche toi, Antoine"). Il partage son agacement quant aux "questions à la con aux entraîneurs sur leur avenir". D'ailleurs, le 6 octobre, il avait fait du pur Raymond : "Parfait. 24 heures sur Twitter et je vois énormément de journalistes parmi mes followers. Îl n'y a que des journalistes sur twitter?" suivi d'un "Et donc pour les autres... Merci de votre accueil".

L'équipe de France, dans tout ça, a aussi sa place. Présent au Stade de France pour le match face aux Etats-Unis (1-0), l'ancien patron des Bleus commence demander une autorisation virtuelle ("Hier soir au Stade de France. Je peux donner mon avis, non ?") avant de livrer ses inspirations : "Pas de débat sur la manière. Ce match mal placé sert à voir des joueurs en situation. Encore trop d'individualisme pour être efficace" et "Et quand il n'y a pas de créateur dans la génération, il faut que Rémy joue tous les matches", explique-t-il en deux fois 140 signes. Avant France - Albanie (3-0), il avait osé : "Cissé+Rémy+Gomis, je ne vois pas bien la complémentarité. Mais que je suis heureux pour Djibril..."

Ce compte est aussi, dans l'esprit de son conseil, l'occasion de montrer que de l'eau a coulé sous les ponts depuis l'Afrique du Sud. Et que Raymond Domenech a tourné la page. "La vie d'avant, c'est la vie d'avant. Il a changé et n'est plus sélectionneur de l'équipe de France. Les enseignements de ce qui s'est passé ont été tirés. Quand il a été nommé à la tête des A, les gens qui suivaient les Espoirs étaient ravis. Peut-être qu'ils seront ravis de les retrouver. L'essentiel est de ne pas rester bloqué ou figé. Il a dépassé cela. Il a repris sa place dans la vie." Et l’envie de revenir.