Du 13 novembre à Wembley, quatre jours que les Bleus n'oublieront jamais

La nuit est tombée sur Wembley depuis quelques heures déjà. Sur la France, et le monde, elle s'est couchée depuis le 13 novembre et un vendredi noir qui marquera à jamais les mémoires. L'équipe de France vient d'être "battue" par l'Angleterre (2-0) il y a quelques minutes et, déjà, les couloirs de la mythique enceinte londonienne se vident à vitesse grand V. Les Bleus passent, tête basse. Peu s'arrêtent pour parler. Et cela n'a rien à voir avec le revers concédé. Le cœur n'y est pas, simplement. Leur priorité est celle de tout Français depuis le drame : retrouver leur famille après quatre jours à huis clos.

Bacary Sagna trouve quand même la force de s'arrêter devant micros et caméras. Les larmes aux yeux, voix éclaircie par l'émotion, le latéral droit livre le fond de sa pensée en résumant celle de ses coéquipiers : "Je pense que beaucoup de personnes et de joueurs conserveront ce match en tête. Moi le premier. Ce n’était pas facile de jouer après ce qui est arrivé en France, explique-t-il. Ce match avait un côté démesuré. Mais en tant que français, on avait envie de se battre. De montrer qu’on restait forts et unis."

Ce 17 novembre, les Bleus ont disputé le match de leur vie. En être était déjà une victoire en soi. "On était un peu tous dans la matrice. On a eu du mal à trouver le sommeil, du mal à se concentrer aussi. En général, on entre dans les matches de manière plus conquérante… Le foot fait partie intégrante de notre vie, mais il y a bien plus important que ça : vendredi, des gens ont perdu la vie. Je le dis : je suis français et quand on touche au peuple français, ça me touche aussi", explique alors Sagna.

En Angleterre, ils ont pu se rendre compte d'une chose : que la solidarité n'était pas un vain mot. Les Bleus, qui n'ont eu vent des attaques terroristes qui se déroulaient au même moment à Paris et à deux pas du Stade de France qu'au coup de sifflet final d'un France - Allemagne devenu accessoire devant l'ampleur du drame, ont ressenti un élan de soutien sans commune mesure.

De l'Angleterre. Des Anglais.

Et des leurs, venus les supporter de l'autre côté de la Manche.

Ce jour-là, Londres est bleu-blanc-rouge. Mais, globalement, la population n'a rien changé à ses habitudes pour venir au stade. Le terrorisme a déjà touché Londres. Seul un hélicoptère bourdonnant dans le ciel de la capitale rappelle l’état d'urgence dans lequel le monde est plongé depuis quelques jours.

Ce match, la FFF a rapidement décidé de le maintenir. En suspens le vendredi, il est devenu une réalité dès le lendemain des attentats. Le président de la FFF, Noël Le Graët, a pris la décision de le disputer. Les joueurs étaient plus réservés. Mais seront là. Entre le Stade de France et Wembley, ils vivent reclus et loin de tout au Château de Clairefontaine. Loin de leurs familles. Un proche du groupe France, cité à l'époque par Le Parisien, résume la situation : "Tout le monde est concerné par ces terribles attentats et on vit mieux ce type de périodes quand on est avec ses proches. Tout seul à Clairefontaine, loin de leurs familles, c'est difficile pour eux".

Lassana Diarra, touché dans sa chair après avoir perdu une cousine le 13 novembre, et Antoine Griezmann, dont la sœur est sortie indemne du Bataclan, ont été directement affectés par le drame. Ils fouleront la pelouse de Wembley. Ils entendront cette Marseillaise inoubliable et seront bouleversés par cette minute de silence assourdissante, respectée avant la rencontre. Et ne l'oublieront jamais.