Equipe de France - Retraite internationale - Karim Benzema, 97 sélections : De l'évidence aux malentendus

Tout était clair, au départ en mars 2007. Une première sélection, un premier but et un talent débordant qui semblaient tracer un inévitable destin. Karim Benzema est arrivé chez les Bleus en ouvrant la porte avec fracas. Il en est sorti, semble-t-il, par celle de derrière après un forfait qui aurait pu offrir au Ballon d'Or ce qui lui manquera à jamais : un titre majeur en grand tournoi en Bleu.

L'aventure avait débuté par une évidence, elle s'achève par des interrogations et des énigmes à tiroirs. Les motivations de son choix sont aussi peu limpides que son message sur Twitter publié le jour de son anniversaire. A 35 ans certes mais au sommet de son art, le Ballon d'Or semblait avoir encore tant à donner aux Bleus.

Est-ce la perspective d'attendre ses 38 ans pour jouer une nouvelle Coupe du monde qui l'a découragé ? Est-il définitivement convaincu que son mentor, Zinedine Zidane, n'est pas près de prendre la succession de Didier Deschamps ? Est-ce la nature de ses relations distendues avec Didier Deschamps qui le pousse aujourd'hui à dire stop ? Ou un peu de tout ça à la fois ?

Selon L'Equipe, Benzema voulait rester, malgré sa blessure, avec le groupe au Qatar, convaincu de pouvoir guérir avant la fin du tournoi. Le sélectionneur ne l'aurait pas entendu ainsi. Fin de l'histoire, et pour de bon ? Au fond, depuis l'affaire de la sextape et son exil de sept longues années, quelque chose s'était brisé entre le sélectionneur et le meilleur attaquant français de sa génération. Aujourd'hui, les contacts sont rompus entre eux.

Son retour, réussi sur le terrain, a fiché une sacrée pagaille dans la redistribution des rôles et dans les sphères d'influence des Bleus. Benzema a fait bouger des lignes et le groupe a senti l'onde de choc. Mais il n'est pour rien dans le fiasco de l'Euro, il fut même l'un des rares à se montrer à la hauteur, et fut un acteur majeur de la victoire en Ligue des Nations à l'automne dernier. Mais cette Coupe du monde a visiblement brisé l'élan et, peut-être, rompu le lien fragile entre le joueur et son sélectionneur.

Ce Mondial au Qatar restera une grande blessure pour le Madrilène. Un groupe s'est (re)formé sans lui, Olivier Giroud a fait oublier son absence et Kylian Mbappé a définitivement pris le pouvoir sur cette génération. Il aurait aimé, enfin, briller jusqu'au bout dans une compétition qui s'est toujours refusée à lui. En 2006, il était trop jeune. En 2010, Raymond Domenech le laisse sur le bord de la route. En 2018, il est banni. Reste 2014, un premier tour joyeux (3 buts) et une suite bien plus morose. Trois buts dans une phase de groupe : voilà la trace que laissera l'un des cinq Ballon d'Or français en Coupe du monde.

Il n'a jamais connu le grand frisson bleu, la grande aventure qui l'inscrirait dans le destin national. Sa première vie de 81 sélections a nourri les frustrations d'un attaquant en mal de buts malgré quelques accomplissements comme le barrage retour face à l'Ukraine en novembre 2013 dont il fut un des héros. Ce fut nettement plus efficace ensuite mais avec le même goût d'inachevé. Et pourtant, tout avait si bien commencé.