Deschamps a le profil

On saura le 3 juillet. Dans moins de deux semaines, Raymond Domenech saura si le Conseil fédéral de la Fédération Française de Football lui accorde encore les pleins pouvoirs à la tête de l'équipe de France. Cela reste possible. Mais peu envisageable. Sachant qu'aucun sélectionneur des Bleus n'a survécu à un échec depuis des lustres, on voit mal l'ancien patron des Espoirs conserver les rênes d'une formation dont il est le "boss" depuis le 12 juillet 2004. S'il venait à être remplacé, on imagine mal une autre personne que Didier Deschamps prendre les commandes de l'équipe de France.

Si Arsène Wenger, Jean Tigana ou encore Laurent Blanc sont des noms qui reviennent déjà, avant même la décision du Conseil fédéral, ils devraient passer derrière celui de Didier Deschamps. Pour diverses raisons, l'ancien capitaine de l'équipe de France (103 sélections – 56 matches avec le brassard) semble la personne la plus à même de conduire les Bleus vers la Coupe du monde 2010. La première est qu'il en a diablement envie. "Ce serait pour moi une grande fierté de devenir sélectionneur", assumait-il dans les colonnes du Monde avant même le match perdu face à l'Italie. Didier Deschamps a de nombreux soutiens. Une grande partie des joueurs de la génération 1998 font le forcing dans les médias pour qu'il succède à Raymond Domenech. Un lobbying intense qui pourrait faire la différence. Ses soutiens sont également internes, même si certains ont peur que la DTN perde de son influence au profit du nouveau venu.

Au-delà de ses envies et de ses appuis, Didier Deschamps a les qualités que demande la fonction. Est-ce la peine de le rappeler mais l'homme connait l'équipe de France et ses rouages. Pour l'avoir fréquentée de 1989 à 2000 et en avoir été le capitaine - influent - lors des campagnes de 1996, 1998 et 2000, l'ancien Marseillais sait comment fonctionne la maison bleue et arriverait avec un crédit énorme. Tout le contraire de Raymond Domenech qui, en 2004, avait bien eu du mal à convaincre l'extérieur et faire accepter ses règles aux joueurs. Domenech s'est imposé grâce à ses résultats (ndlr : finale de la Coupe du monde 2006). Deschamps jouit, lui, d'une autorité naturelle, qu'il doit à sa carrière et à sa faculté à mener les hommes.

Pour couronner le tout et parfaire un tableau proche d'être - aujourd'hui - idyllique, Didier Deschamps a derrière lui un début de carrière d'entraîneur accompli. L'homme a réussi à emmener l'AS Monaco en finale de la Ligue des Champions (2004) et n'a pas démérité aux rênes de la Juventus Turin en Serie B. Parti du Piémont en 2007 après fait remonter le club parmi l'élite et en raison de divergences de vues avec la direction, le champion du monde 1998 cherche depuis à rebondir. Soucieux d'avoir les pleins pouvoirs là où il travaillera, il pourrait s'en approcher avec les Bleus. Son "recrutement" ne tiendrait qu'à lui.