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Entretien exclusif - Didier Deschamps : "On doit avoir l'ambition de gagner l'Euro"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 28/10/2015 à 11:51 GMT+1

EQUIPE DE FRANCE - Didier Deschamps a accordé une longue interview à Eurosport.fr, mardi après-midi. A  un peu plus de sept mois de l'Euro, le sélectionneur national a fait le tour des sujets chauds et montré, fidèle à son image,  qu'il sait où il va, avec une équipe de France qui grandit doucement mais sûrement.

Deschamps en conférence de presse

Crédit: AFP

L’Euro approche à grands pas et, à la mi-novembre, la pente va se raidir avec deux matches face à l’Allemagne et en Angleterre. Peut-on dire que l’équipe de France entre dans la dernière ligne droite ?
Didier Deschamps : Non. La période clé commence le 10 juin. D’ici là, on a des matches de préparation face à des équipes différentes. En novembre, on affronte deux des meilleures formations européennes. On va être dans l’adversité. Mais il n’y a pas de deadline car, je le répète, il faudra être prêt le 10 juin (ndlr : date du match d’ouverture). Avant, on passera par des moments difficiles, le moins possible j’espère… mais il faudra aussi connaitre de la difficulté pour continuer notre progression collective et individuelle.
Depuis le 4 juillet 2014 et votre quart de finale de Coupe du monde perdu face à l’Allemagne, avez-vous le sentiment que votre équipe a progressé ?
D.D. : Elle est censée être meilleure. Après, si l’on se réfère aux matches qu’on a perdus face au Brésil ou contre la Belgique, je ne vais pas trouver d’arguments. Mais on a une expérience plus importante. L’objectif est d’être performant pour l’Euro. C’est là que l’on verra si on a progressé.
Il n'y a pas de problème de charnière
On a l’impression que les soucis sont toujours un peu les mêmes. Notamment en défense centrale…
D.D. : Il n’y a pas de problème de charnière. On a pris des buts mais on est capable de ne pas en encaisser. L’aspect défensif, ce n’est pas que la charnière. Nous avons trois ou quatre centraux habitués à jouer ensemble, que ce soit Laurent (Koscielny), Raphaël (Varane), Mamadou (Sakho) ou Eliaquim (Mangala). Ce sont les quatre qui étaient à la Coupe du monde.
Si vous aviez une baguette magique, quel défaut de l’équipe de France gommeriez-vous en priorité afin de vous rapprocher des plus grandes nations, telle que l’Allemagne ?
D.D. : L’Allemagne n’a pas eu besoin de baguette magique pour devenir championne du monde. Cette équipe, c’est huit ans de vie commune. Elle est passée par des demi-finales, une finale, pour enfin arriver à ses fins. Ça demande du temps et, parfois, ça ne suffit même pas. J’ai une équipe compétitive, des jeunes joueurs qui ont une grosse marge de progression. Ceux qui ont vécu la Coupe du monde ont un acquis… L’équipe de France est censée être plus performante à l’Euro et l’être encore plus en Russie, en 2018. Même si je sais qu’on sera avant tout jugés sur l’Euro.
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Didier Deschamps et ses joueurs à Clairefontaine.

Crédit: AFP

Le prochain rassemblement va marquer un tournant. Parce qu’il sera plus long que d’habitude et vous offrira la possibilité d’installer une équipe-type sur les deux matches…
D.D. : On est dans une configuration de matches joués le vendredi (face à l’Allemagne) et le mardi (en Angleterre). J’aurai mes joueurs pendant dix jours et je bénéficierai de quatre jours entre les deux rencontres. C’est mieux que d’habitude. Mais j’aurai toujours la liberté de faire beaucoup de changements. Ils dépendront aussi de l’état des joueurs qui, pour certains d’entre eux, jouent trois fois par semaine. Cela dit, conserver l’ossature du premier match sur le second est aussi important. Je l’ai fait en septembre. Je verrai bien mais je vais d’abord penser au premier match face à l’Allemagne.
Martial a un potentiel et je le suivais déjà depuis un moment
Durant les rassemblements, très courts, qu’avez-vous le temps de mettre en place ? N’en apprenez-vous pas plus sur les hommes que sur les joueurs ?
D.D. : On va à l’essentiel et on se charge d’améliorer ce que l’on connait déjà. On en fait très peu durant les rassemblements parce que le lundi, il n’y a pas de séance. Le jour est dédié à la récupération. Le mardi, pareil. Le mercredi, on est à la veille du premier match. Entre les deux rencontres ? Il n’y a que deux jours.
Alors, oui, on apprend sur les hommes mais, hormis les nouveaux, je les connais maintenant. Je reste attentif avec mon staff mais ça roule, comme on dit. On partage les mêmes idées et les mêmes objectifs.
Est-il simple d’entrer dans ce groupe, on pense notamment à Anthony Martial qui est arrivé comme une météorite en septembre ?
D.D. : Oui, le cadre de vie et le fonctionnement sont bien définis. Les joueurs se retrouvent avec le sourire et du plaisir. Concernant Anthony, je l’ai sélectionné avant son départ à Manchester United. Il a un potentiel et je le suivais déjà depuis un moment. Il est jeune et ce qu’il est en train de faire à Manchester où les exigences sont plus élevées, c’est bien pour lui et pour l’équipe de France.
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Anthony Martial et Olivier Giroud - Danemark-France 2015

Crédit: AFP

A l’Euro, les Bleus pourront compter sur Paul Pogba. Depuis des mois, la tentation est forte de le comparer à de glorieux anciens, comme Platini ou Zidane. Le meilleur service à lui rendre ne serait-il pas de le laisser être simplement Paul Pogba ?
D.D. : A qui la faute ? Est-ce la sienne ? Un jour, c’est dans un journal, l’autre, dans une radio… Paul ne laisse pas indifférent, par ce qu’il fait sur le terrain et ce qu’il fait en dehors. Ce sont des éléments qui le perturbent forcément. Son non-transfert de l’été dernier aussi… C’est un jeune joueur, il ne faut pas l’oublier. Ce qu’il a fait à son âge est déjà extraordinaire et il a encore une marge de progression. Tout ce qui peut se passer autour de lui ne l’incite pas à la sérénité.
On a fait nos comptes : selon nous et sauf catastrophe, 18 joueurs ont déjà validé leur billet pour l’Euro 2016. Sommes-nous loin de la vérité ?
D.D. : Ça fait un noyau dur. Un gros noyau (rires). Sérieusement, je ne me pose pas la question aujourd’hui. Certains joueurs reviennent régulièrement. Plus ils reviennent, mieux c’est pour eux. Non pas que je ne veuille pas ouvrir la porte, je l’ai fait ces derniers temps pour des jeunes joueurs quand je pensais qu’ils avaient un potentiel intéressant et pouvaient apporter un plus. Si je juge qu’un ou deux autres peuvent le faire encore, je recommencerai. Il y aura des commentaires sur mes choix mais cela ne m’empêchera pas de dormir et je ne changerai pas ma manière de faire.
Ne pas croiser l’Italie au premier tour ne serait pas une mauvaise chose.
La formule “23+7” pour la liste du Mondial sera-t-elle reconduite pour dévoiler les joueurs retenus pour l’Euro ?
D.D. : Avant la Coupe du monde, j’avais dit que ce n’était pas la meilleure solution mais que c’était la moins mauvaise. Dans certaines situations, quand on n’a pas la meilleure, on prend la moins mauvaise. Je serai dans cette réflexion-là au mois de mai prochain.
Comment vivez-vous les sorties médiatiques des joueurs qui, tels Dimitri Payet, étalent un peu leurs états d’âme ou leur frustration quand ils ne sont pas retenus ?
D.D. : Je pars du principe que les joueurs sont libres. Je ne les empêche pas de parler. Ils peuvent faire des campagnes médiatiques, comme il y en a eu avant la Coupe du monde… Si je pense que ce n’est pas bien pour l’équipe, je ne prendrai pas le joueur. Tout le monde est capable, des observateurs aux internautes, de juger le niveau d’un joueur. Moi, ce qui m’intéresse, c’est aussi de connaitre l’homme et qu’il fasse le bien de l’équipe.
D’ici l’Euro et la liste, il y aura le tirage au sort de la compétition le 12 décembre. L’équipe de France fait partie des têtes de série. Pas l’Italie…
D.D. : L’Italie, c’est l’épouvantail. Mais toutes les têtes de série espèrent l’éviter… Après, les mauvais et les bons tirages, c’est sur le papier. Et la vérité vient, elle, du terrain. Cela dit, ne pas croiser l’Italie au premier tour ne serait pas une mauvaise chose.
Cet Euro, l’équipe de France va l’aborder en tant que prétendante à la victoire finale. Cela faisait longtemps que cela ne lui était pas arrivé…
D.D. : Je ne vais pas déclarer aujourd’hui que je veux gagner l’Euro. Mais je suis convaincu qu’on doit avoir cette ambition-là. Après, il ne faut pas que ça passe pour de la suffisance. L’équipe de France est compétitive. Face aux meilleurs, on verra le moment venu.
Propos recueillis par Martin MOSNIER et Maxime DUPUIS
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