Euro 2016 - Cauchemar, rêve, 2000, exotisme… : un tirage au sort, 8 scénarios pour les Bleus

En sa qualité de tête de série, la France sait déjà une chose : elle n’affrontera pas l’Espagne, l’Angleterre, l’Allemagne, le Portugal ou la Belgique au premier tour du Championnat d’Europe. Chouette. Elle n’est pas tirée d’affaire pour autant car l’Italie rode dans le chapeau 2. Quadruple championne du monde, la Squadra Azzurra est, sur le papier, l’équipe à éviter. Les Bleus ont déjà payé pour le savoir : se coltiner l’Italie en 2008 ne leur avait pas souri. L’Italie, avec la République tchèque et la Turquie, même si cette dernière a dû passer par les barrages, n’aurait rien d’une bonne nouvelle pour Didier Deschamps et ses hommes.

Comme le dit “l’adage” d’un journaliste sportif inconnu au bataillon et repris par des centaines de footballeurs depuis : “On sait qu’un tirage au sort est bon une fois les matches joués, pas avant”. Les Bleus en savent quelque chose. Remember 2010. Néanmoins, plutôt que de tirer l’Italie dans le pot 2, Didier Deschamps et ses hommes ne seraient pas malheureux s’ils voyaient l'Ukraine sortir du chapeau. Les Bleus possèdent les armes pour venir à bout des Ukrainiens et, au moins, un léger avantage psychologique après le 3-0 du barrage en 2012. Ajoutez à cela la Hongrie (chapeau 3) et l’Albanie (chapeau 4) et les hommes de DD pourraient avoir le sourire. Même si les Albanais restent sur un nul et une victoire face aux Tricolores ces derniers mois, il n’est pas inutile de rappeler que les Bleus avaient joué ces matches avec des onze remaniés – même affaiblis – et, pour le second, en juin 2015 quand les Français avaient déjà les tongs aux pieds. Ce qui ne sera pas le cas en juin prochain.

Certaines équipes réussissent mieux aux Bleus que d’autres. Dernièrement, comme historiquement. On pense à la Croatie, nation récente que les Bleus ont battue en demi-finale de la Coupe du monde 1998 (2-1) et qui n’a jamais réussi à prendre sa revanche. Entre 1999 et 2011, quatre autres rencontres ont concerné les deux pays : 0 victoire pour l’équipe au damier. La Roumanie, elle, a déjà battu les Bleus. A trois reprises même. Mais cela n’est plus arrivé depuis… 1972. Depuis, la Roumanie représente surtout des bons souvenirs pour les Français, on pense évidemment au match fondateur de 1995 à Bucarest (1-3), celui-là qui avait lancé la génération Zidane. Au premier match de l’Euro 1996 aussi (0-1). Ou encore au duel de Constanta qui avait sauvé la tête de Raymond Domenech en octobre 2008. Deux buts de Ribéry et de Gourcuff. Ironie, quand tu nous tiens… Enfin, l’Irlande du Nord ferait un dernier adversaire plutôt acceptable. Elle n’a jamais vaincu les Bleus.

La dernière fois que les Bleus ont gagné quelque chose de gros (on met de côté les Coupes des Confédérations 2001 et 2003), c’était il y a seize ans. Du côté de la Belgique et des Pays-Bas. Cet Euro 2000 – ce chef d’œuvre devrait-on dire – les Français l’avaient remporté face à des adversaires qui seront en France. Si le tirage au sort en décidait ainsi, Didier Deschamps, capitaine devenu sélectionneur, croiserait de nouveau la route de l’Italie (battue en finale), de la République tchèque (vaincue au premier tour) et de l’Islande. Non, l’Islande n’était pas à l’Euro mais c’est contre les insulaires que les Tricolores avaient péniblement décroché leur qualification au Stade de France (3-2). La douleur avant l’extase en quelque sorte.

L’équipe de France a de la bouteille. Dans son histoire, elle a disputé 22 compétitions internationales, dont 8 Championnats d’Europe. Elle en a croisé des équipes… Mais, sur le plateau de l’Euro 2016, certains n’ont jamais affronté la France en grande compétition. On pense à la Russie, pensionnaire du chapeau 2. Oui, les Bleus ont déjà défié l’URSS en Coupe du monde et à l’Euro. Mais pas la Russie, redevenue indépendante il y a un quart de siècle. Même chose pour la Slovaquie, jamais défiée plus tard qu’en qualifications. Et le pays de Galles. Un duel face aux Gallois aurait également le goût de l’inconnu car les Tricolores n’ont plus joué les Britanniques depuis… 1982.

La France a une histoire mouvementée avec les barrages. 18 novembre 2009, dans un Stade de France pétrifié autant que les Bleus de Domenech, les Tricolores éliminent l’Irlande grâce à la fameuse passe décisive de la main de Thierry Henry. 19 novembre 2013, pas de main. Mais une sacrée soirée. Deux buts à remonter face aux Ukrainiens et une victoire 3-0 qui envoie la France au Brésil. Samedi soir, si le sort est taquin, il pourrait offrir l’Eire (chapeau 4) et les Ukrainiens (chapeau 2) aux Bleus. Avouez que ça ne manquerait pas de sel…

Quel quatrième adversaire ? La Suède. Non, les Français n’ont jamais joué de barrage face aux Suédois mais la sélection emmenée par Ibra a souvent fait barrage aux Bleus, au sens premier du terme. Trois fois la France a croisé le fer avec les Suédois en qualifs (Euro 1980, Coupe du monde 1970 et 1994) et elle n’est jamais passée. Et en compétition internationale, c’est un nul (1-1, Euro 1992) et une défaite (2-0, Euro 2012). On appelle ça un chat noir. Qui est sur la route de la Russie 2018, soit dit en passant…

L’ouverture à 24 équipes a déjà une vertu : Michel Platini a permis à des pays de revenir sur le devant de la scène. On ne sait pas si ça durera plus d’un tour mais, quoi qu’il en soit, la France pourrait bien croiser des équipes qu’elle n’a plus affrontées depuis des lustres. Dans le chapeau 2, on pense à la Russie, défiée pour la dernière fois en avril 2002 (0-0). Vous aviez oublié ce match ? On ne peut pas vous en vouloir. La République tchèque avait foulé la pelouse du SDF un an plus tard, à l’occasion d’une… victoire (0-2). Match à oublier pour les Tricolores. Enfin, le pays de Galles, dont le dernier match face aux Bleus remonte à 1982 (défaite de la France 0-1).

D’accord, c’est un peu tiré par les cheveux. Mais les Bleus pourraient retrouver quelques Parisiens sur leur route, Marco Verratti et Salvatore Sirigu avec l’Italie et Zlatan Ibrahimovic côté suédois. Dans le chapeau 4, on a cherché et on n’a trouvé que… Lorik Cana (Albanie) et Mevlut Erding (Turquie). Pas sûr qu’ils aient laissé, pour des raisons différentes, des souvenirs impérissables aux fans parisiens.