Suisse -Pologne : deux ambitieux et un même rêve

Dans ce haut du tableau déserté par les poids lourds du football européen, il y a des places à prendre. Et une histoire à écrire. La Croatie, la Belgique ou le Portugal rêvent d'un destin doré. Mais d'autres équipes pourraient, elles aussi, avoir leur mot à dire et s'offrir une percée historique dans la hiérarchie européenne. C'est le cas de la Pologne et de la Suisse. Deux équipes qui ouvriront le bal des huitièmes de finale en s'affrontant samedi (15h) à Saint-Etienne. Le vainqueur, quoi qu'il arrive, écrira une page d'histoire.

Les footballs polonais et suisses guettent tous deux le grand frisson dans un tournoi majeur depuis plusieurs décennies. Depuis la place de troisième accrochée lors de la Coupe du monde 1982 par la génération Boniek, la Pologne n'a plus jamais dépassé le cap des huitièmes de finale dans un Mondial ou un Euro. Pour la Suisse, la disette est plus longue encore puisqu'il faut remonter à la Coupe du monde… 1954, organisée à domicile, pour voir les Helvètes au-delà des huitièmes. L'équipe qui quittera Geoffroy-Guichard victorieuse renouera donc avec un passé lointain.

La Suisse a rempli son contrat minimal en s'extirpant du premier tour. Derrière la France, mais devant la Roumanie et l'Albanie. Comme prévu. Elle a fait ce qu'on attendait d'elle. Maintenant, elle a besoin de franchir un cap pour ne pas stagner dans une zone où elle a pris ses aises, sans parvenir à s'en affranchir. Car c'est tout de même la troisième fois en 10 ans que la Nati se retrouve en huitièmes de finale d'un tournoi majeur. En 2006 et en 2014, en Coupe du monde, elle y avait touché son plafond de verre.

Deux matches au goût amer et au profil similaire. Face à l'Ukraine, il y a 10 ans, les Suisses avaient cédé aux tirs au but, après un match fermé et sans but. En 2014, face à l'Argentine, ils s'étaient inclinés après prolongation, 1-0, sur un but de Di Maria à la... 118e minute. Un nouvel échec en huitièmes, face à un adversaire sérieux mais qui n'est pas non plus l'Argentine de Messi lors du dernier Mondial, serait vécu comme un échec.

L'heure est maintenant venue de gagner, enfin, un match à élimination directe. "Nous commençons à y prendre goût et à nous habituer à être en haut, concède le sélectionneur bosnien de la Suisse, Vladimir Petkovic. Nous avons accompli des petits pas et atteint un petit objectif qui est derrière nous, désormais. La porte principale est devant et nous allons essayer de l'ouvrir, et nous espérons en ouvrir le plus possible".

Mais la Pologne est donc exactement dans le même cas de figure que la Nati. Elle aussi a rempli son contrat au premier tour. A l'instar de la Suisse qui a fini dans le sillage de la France en l'accrochant (0-0), l'équipe d'Adam Nawalka a collé aux basques de l'Allemagne dans le groupe C. Mais elle non plus ne saurait se satisfaire d'une sortie de route dès samedi. Et le sélectionneur polonais a refusé de la jouer profil bas. Il a annoncé la couleur : "Personne ne peut ignorer l'importance de cette rencontre, a-t-il lancé jeudi. Les joueurs sont parfaitement conscients de l'occasion qui se présente. Nous sommes prêts."

La presse polonaise, elle, est allée encore plus loin, parlant du "match le plus important du XXIe siècle." Les Suisses, au fond, pourraient proclamer exactement la même chose. Entre ces deux équipes aux couleurs communes, aux ambitions similaires et à la trajectoire ascendante, il y aura samedi après-midi un grand frustré et rêve éveillé.