ADN oublié, doublé envolé : Pourquoi les Bleus de 2021 n'ont pas égalé ceux de 2000
Mis à jour 30/06/2021 à 18:01 GMT+2
EURO 2020 – L'équipe de France de Deschamps sélectionneur n'égalera pas l'équipe de France de Deschamps joueur. Eliminée par la Suisse, elle a échoué dans sa quête de doublé Mondial - Euro. Parce qu'à la différence des Bleus de 2000, elle a fini par faire l'erreur de croire que tout tournait autour de l'attaque, oubliant que la force ultime des champions du monde restait son assise défensive.
Un jour, un manager écossais, qui en connait un rayon quand il est question de rafler la mise et de décrocher la lune, a dit "l'attaque gagne les matches, la défense fait gagner les titres". L'adage n'a jamais été démenti. Hormis à de très rares exceptions, qui ne sont pas françaises, d'ailleurs.
La France, justement, cette équipe qui se targuait d'avoir la meilleure attaque du monde au cœur de la préparation et a fini par trop y croire, l'a une nouvelle fois appris à ses dépens. La devanture de la maison a beau être resplendissante, elle est aussi inutile qu'un peigne pour les chauves quand les murs porteurs ne soutiennent pas l'édifice.
Le mythe du doublé Coupe du monde - Euro s'est envolé peu avant minuit, lundi au cœur de Bucarest. Non, la génération Deschamps sélectionneur ne réussira pas l'immense exploit de la génération Deschamps joueur. Comme cette équipe de France, alors dirigée par Roger Lemerre, elle possédait largement ce qu'il faut en magasin pour habiller la vitrine, c'est une certitude.
Comme les Bleus de 2000, la France de 2021 avait vu son centre de gravité se déplacer vers l'avant, naturellement. Il y a deux décennies, les talents offensifs avaient mûri et fleuri et les Tricolores avaient mis l'Europe au pas au terme de trois semaines de football d'exception. Les meilleurs de l'histoire du football français.
La lubie du trio
Qu'est ce qui a empêché les Bleus de 2021 d'en faire autant ? Beaucoup de choses. Mais s'il fallait retenir un point saillant de cet échec XXL, il se situerait du côté de l'attaque. Tout a trop tourné autour des trois de devant et Didier Deschamps a construit son équipe à partir de ce trio, qu'il voulait à tout prix mettre dans les meilleures conditions. Une lubie qui ne date pas du printemps, d'ailleurs, ni du retour de Karim Benzema, auteur de 4 buts durant l'Euro. Non, dès l'automne, DD a procédé à tous les tests possibles. Ce qu'il a essayé hier en une partie - 3-5-2, losange, 4-4-2 -, il l'avait tenté lors des trois rassemblements de la fin de l'année 2020. Et ça n'avait guère fonctionné. Privilégier l'attaque, abondante en talents, sans dénaturer le reste ni casser sa défense. Le beurre et l'argent du beurre, en quelque sorte. Des deux, Deschamps n'a rien récolté. Sinon le goudron et les plumes.
En 2000, parce qu'il faut toujours se souvenir des belles choses, l'équipe de France possédait encore cette solidité indispensable à ses conquêtes. Parce qu'elle possédait le quatuor défensif le plus fort de son histoire : De Thuram à Lizarazu, en passant par Blanc et Desailly (une défense qui n'a jamais perdu sous la tunique bleue), les cadres de 1998 étaient toujours au top. Barthez compris. Et même si Bixente Lizarazu préfère la version 1998 à 2000, parce que cette dernière avait très confiance en elle, l'équipe de France 2000 possédait ce supplément d'âme qu'elle avait égaré deux ans plus tard en Corée, quand elle se voyait belle comme un camion, aveuglée par… son attaque. Le meilleur buteur de Premier League (Thierry Henry), le meilleur buteur de Serie A (David Trezeguet) et celui de Ligue 1 (Djibril Cissé) n’avaient pas empêché les Bleus de terminer dans le fossé.
ADN de combat
Les champions du monde 2018 n'ont jamais possédé un quatuor de défenseurs aussi fort que celui de 1998-2000, mais toute l'équipe possédait un ADN de combat en Russie. Et la construction partait de derrière, sans hésitation aucune. Au Mondial il y a trois ans, après l'Australie, quand l'option un peu trop "ouverte" avait montré ses limites, DD avait tenté la formule Matuidi "milieu hybride gauche". Et avait fixé l'identité de cette équipe. Définitivement.
Ce même ADN qu'il a renié, aveuglé par son trio. C'est d'autant plus triste que l'on ne peut pas mettre cette cécité sur le dos des joueurs. La pièce rapportée Benzema a fini par faire le job et s'était parfaitement intégrée dans l'esprit de ces Bleus. Si ça n'a pas fonctionné dans le jeu, comme fantasmé avant la compétition, il s'était mis au diapason face à l'Allemagne, avant de planter deux doublés face au Portugal (2-2) et contre la Suisse, donc (3-3, 5 tab à 4). Benzema n'a pas suffi. Pas plus que ses partenaires de devant. L'attaque fait gagner des matches, ou parfois, évite de les perdre. Mais pour les titres...
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