Diaby, l'oiseau rare

Ce qui est rare est cher. Aux yeux de Laurent Blanc, Abou Diaby pourrait rapidement devenir hors de prix. Le milieu d'Arsenal avait éclaboussé le match en Bosnie (0-2) de toute sa classe le mois dernier. Le 4-3-3 mis en place par le sélectionneur tricolore était taillé pour lui. Encore fallait-il le montrer, dans la foulée d'une prestation très décevante contre la Bielorussie (0-1). L'ancien Auxerrois a su rebondir dans ce nouveau système, très proche de celui auquel il est habitué avec les Gunners, s'affirmant au passage comme un potentiel "incontournable" de l'ère Blanc.

Si l'ancien entraineur bordelais apprécie quelque chose en particulier chez Diaby, c'est son profil. D'abord parce qu'il est rare, comme Blanc l'avait expliqué au lendemain du succès à Sarajevo (0-2). "Diaby ? C'est un très bon joueur ! Il est très grand, mais il est un peu atypique dans le sens où il a une très bonne habileté technique en mouvement. On attend le genre de gestes techniques que peut faire Abou de la part de joueurs plus petits, ou plus agiles. Malgré sa grande taille et son physique longiligne, il arrive à enchainer les dribbles de manière déroutante", avait résumé le sélectionneur. Un profil à la Vieira, auquel Diaby est souvent comparé et pas seulement parce qu'il joue à Arsenal ou pour ses trop nombreuses blessures. Ils ont des caractéristiques physiques similaires et évoluent dans le même registre. Et ils proposent tous les deux une qualité indéniable dans la percussion.

Blanc l'apprécie d'autant plus que les joueurs du profil du Gunner sont rarissimes en France. Sa grande taille et ses longues jambes lui donnent un atout naturel à la récupération et dans les duels. Le milieu de 24 ans n'est pas à catégoriser parmi les récupérateurs pour autant. "Abou Diaby n'est pas un milieu défensif pour moi. Quand Wenger le fait jouer numéro 10, malgré Samir (Nasri, ndlr), c'est qu'il doit avoir quelques aptitudes...", avance Blanc. Sans parler d'un véritable meneur de jeu, Nasri, son coéquipier à Arsenal, évoque clairement un joueur tourné vers l'offensive. "C'est un milieu relayeur, ce n'est pas Obi Mikel qui reste devant sa défense et qui joue sur son physique et sa qualité de relance. Diaby joue vers l'avant et élimine l'adversaire", affirme l'ancien Marseillais. S'il peut s'appuyer sur un vivier important de milieux défensifs, Blanc est bien conscient de la complémentarité offerte par l'ancien Auxerrois.

L'influence de Diaby sur le jeu tricolore peut être énorme. Et son statut chez les Gunners est un atout. "Abou a la possibilité de devenir un grand joueur plus rapidement qu'un autre car il est titulaire à Arsenal", estime Blanc, avant d'aborder le sujet qui fâche. "Il aurait pu l'être avant mais il a été blessé". Touché à la cheville lors de la défaite d'Arsenal à Chelsea (2-0) dimanche, le milieu des Bleus a toujours collectionné les blessures. Il reste incertain pour affronter la Roumanie et le Luxembourg. "Abou Diaby, c'est plutôt rassurant. Même s'il a mal à la cheville", a constaté Blanc au début du rassemblement. Mercredi, le joueur n'était pas encore en mesure de s'entraîner normalement. Les pépins physiques expliquent largement pourquoi Diaby n'a que dix sélections en A. Ça ne le rend pas moins incontournable. Si Blanc devait s'en passer, il pourrait devoir changer de système de jeu. C'est le prix à payer quand on dispose d'un joueur rare.