Henry est éternel

"Ce qu'il a fait pour le club restera à jamais. Espérons qu'il fera grandir un peu sa statue", déclarait Arsène Wenger à propos de Henry juste avant le match face à Leeds. Il faudra vérifier mais le bronze s'est peut-être transformé en or après ce but qui a propulsé les Londoniens en seizième de finale de la Cup. Le Français n'est plus à un miracle près après tout... "Je revenais juste des vacances au Mexique il y a 15 jours, je ne pensais pas que j'allais encore jouer pour Arsenal et marquer le but de la victoire", raconte celui qui allait (re)devenir le héros du soir. Récit d’une soirée qui s'est déroulée comme dans un rêve.

Cela commence par une déception. En dépit de l'absence de van Persie, Arsène Wenger décide d'aligner Chamakh à la pointe de l'attaque d'Arsenal, le Marocain étant soutenu par Arshavin et Oxlade-Chamberlain. Pas de titularisation d'entrée pour le héros de l'Emirates Stadium. Un choix qui peut se justifier par la condition physique encore un peu précaire du joueur des New York Red Bulls. Prêté pour deux mois par le club américain, Henry, 34 ans, n'a que quelques entraînements dans les jambes avec ses ex ou nouveaux coéquipiers. "Il a toujours ses qualités. Il est un peu moins fort physiquement, comme tout le monde en vieillissant, assurait le technicien français. Mais il avait de telles qualités physiques qu'il reste à un bon niveau". La légende allait bientôt lui donner raison.

Barbu et visiblement détendu, il prend place sur le banc aux côtés de Walcott, le joueur qui porte désormais son célèbre n°14 à Arsenal. Plus le match avance, plus il devient évident que le meilleur buteur de l'histoire en équipe de France va faire son entrée. D'autant que Leeds fait mieux que résister et que la situation n'est pas débloquée. L’Emirates le réclame bruyamment. Pas simple de rentrer dans ces conditions et pourtant, à la 68e minute, Arsène Wenger prend le risque. Le stade vrombit de bonheur quand son idole foule de nouveau la pelouse en remplaçant Chamakh...

Le regard déterminé, Henry assure ses premiers ballons, cherchant essentiellement des remises en appui. Puis, dix minutes plus tard, le fantôme se matérialise. Une passe lumineuse de Song dans la profondeur, "Titi", légèrement décalé sur la gauche à l'entrée de la surface, oriente son contrôle et place une frappe plat du pied dans le filet opposé. Oui, la spéciale Henry, tout simplement. Comment pouvait-il marquer autrement ? "J'avais des sensations extraordinaires après avoir marqué le but", racontait le revenant après son exploit. "J'ai rejoint le club comme supporteur. Je voulais juste revenir et aider l'équipe. Puis, j'ai terminé comme l'homme du match. Ce n'était pas mon plan de devenir un héros!" C'est raté.

Dès lors, les chiffres s'affolent. 227e but pour le Français sous les couleurs blanches et rouges. Douzième but en 12 matchs contre Leeds. Il retrouve le chemin des filets 1769 jours après son dernier match avec Arsenal, le 7 mars 2007 (1-1). Mais ces statistiques ne sont rien en comparaison des émotions ressenties et procurées. Aux anges, le public ressort ses vieux standards à la gloire de son héros. Celui-ci, visiblement ému, vient saluer ses supporters après la victoire. Surtout, en à peine vingt minutes de jeu, il a démontré une rage de vaincre et une envie de junior. Et même s'il a terminé épuisé, sa pige avec Arsenal, que certains considéraient comme risquée et susceptible d'écorner son image, est déjà un succès. Welcome home Thierry !