Josuha Guilavogui, ou comment mériter les Bleus malgré une saison fantôme

C’est une décision que vont pouvoir méditer beaucoup de joueurs en train de réaliser une saison pleine. Dimanche soir, alors que tout le monde n’avait d’yeux que pour PSG – OM, Didier Deschamps a retenu Josuha Guilavogui pour France – Pays-Bas à la place de Rio Mavuba blessé. Envoyant en filigrane un message étonnant : vous pouvez rater votre transfert, ne pas être titulaire en club, n’avoir fini que deux matches (et quels matches…) en cinq mois et quand même faire partie de l’antichambre de l’équipe qui ira à la Coupe du monde. L’autre message est celui-ci : saisissez votre chance quand vous êtes convoqués, et le staff des Bleus saura s’en souvenir.

Car la saison 2013-2014 de Joshua Guilavogui, c’est…

Le milieu défensif a joué sept matches en intégralité cette saison. Mais seulement deux depuis le mois de septembre et la défaite contre Esjberg (0-1) avec les Verts en Ligue Europa. Les matches en question :  une 5e journée de Ligue des champions sans enjeu sur le terrain du Zenit Saint-Petersbourg (1-1) le 26 novembre et un 4e tour retour de Copa del Rey contre le petit club de Saint Andreu avec l’Atlético Madrid (2-1) le 7 décembre.

Re-transféré - très exactement : prêté - à Saint-Etienne en fin de mercato, Guilavogui n’a joué que 183 minutes en deux mois et quatre matches en 2014. Moins d’une heure contre Valence en Copa Del Rey (1-1) le 7 janvier, une mi-temps contre l’Athletic Bilbao en quart de la même compétition (1-0) le 23 janvier. Puis, avec les Verts : 24 minutes à Bastia (0-2) le 22 février. Enfin, samedi, Guilavogui a disputé 85 minutes contre Monaco (2-0) avant d’être remplacé par Renaud Cohade. Sans hésitation, au titre de son remarquable impact, c'est le match qui a décidé Deschamps et son staff sur la compétitivité du joueur. C’était pourtant sa première titularisation en championnat (Liga et L1 confondues) depuis le Lille – Saint-Etienne du 28 août 2013 (1-1).

Si l’Atlético Madrid joue le titre en Liga, il le doit pour l’instant assez peu à Josuha Guilavogui. Mal accueilli par Diego Simeone à son arrivée cet été, l’international français n’a joué… qu’une seule minute du championnat espagnol. C’était le 6 octobre dernier, quand il était entré en jeu pour gagner du temps contre le Celta Vigo (2-1). Ses apparitions avec les Colchoneros, Guilavogui les a dues à la C1 (deux bouts de match) et aux quatre rencontres de Copa del Rey sus-mentionnées.

Cinq des dix-neuf derniers matches de Guilavogui en pro auront été disputés avec l’équipe de France A, soit plus de 25%, et il faut croire que Didier Deschamps accorde du crédit à leur contenu. Au palmarès de Josuha Guilavogui : 23 minutes en Uruguay en juin (0-1), l’intégralité de la défaite au Brésil (3-0), puis du 0-0 en Belgique en août, 78 minutes en Géorgie (0-0) en match de qualification, puis une entrée en jeu symbolique en Biélorussie (2-4). Ce sont à ce jour ses cinq seules sélections. Mais Guilavogui a dû réaliser le jour J ce que Deschamps attend de lui.

Nous avions écrit, depuis Porto Alegre : "Lâchée dans la fosse aux lions pour sa première titularisation, au milieu des Neymar, Hulk et autres Lucas, la grande tige stéphanoise a rayonné. Guilavogui a fait ce qu'il avait à faire et coupé un nombre incalculable de trajectoires. Les Brésiliens ont dû passer par les ailes car Guilavogui a bloqué l'axe. Offensivement, il s'est montré lucide dans ses choix et a même tenté une frappe (35e)." C’est désormais certain : Guilavogui n’avait pas fait ce voyage pour rien.