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Hazard et ses kilos en trop : Pourquoi ce n'est pas qu'une question de professionnalisme

Glenn Ceillier

Mis à jour 23/09/2020 à 16:52 GMT+2

A l'image d'Eden Hazard qui a été pointé du doigt par la presse espagnole lors de la reprise, certains sportifs ont tendance à revenir de vacances avec quelques kilos superflus. Et ce n'est pas forcément un manque de rigueur ou de professionnalisme.

Eden Hazard avec le Real Madrid, 2020

Crédit: Getty Images

Et cette année, c'est Eden Hazard qui a été pris par la patrouille et la presse espagnole. A chaque reprise, c'est la même histoire. Certains joueurs professionnels se retrouvent pointés du doigt pour avoir un peu trop profité de leurs vacances. Et affichent un petit surpoids coupable pour un joueur de haut niveau. Cela peut surprendre et poser quelques questions : comment est-ce possible de se retrouver avec des kilos en trop après seulement quelques semaines sans compétition ? Est-ce un manque de professionnalisme ? Un comportement inadapté aux exigences du haut niveau ? Pas forcément.
La nature joue aussi son rôle. Et comme dans le reste de la société, tous les sportifs ne partent pas sur le même pied d'égalité. "Tous les individus présentent des besoins spécifiques. Et chez le sportif de haut niveau, vont se greffer des besoins supplémentaires liés à une activité physique très importante, nous explique Michel Martino, diététicien-nutritionniste qui travaille depuis six ans avec quelques clubs professionnels comme Toulouse ou Lyon. Mais initialement, comme il existe une disparité importante en fonction des individus, certains auront tendance à prendre plus rapidement du poids que d'autres. Et si on retrouve ces individus dans le monde du sport professionnel, ils seront plus facilement confrontés à des fluctuations de leur poids ".
Il y a des phénomènes d'adaptation qui ne sont pas immédiats
La période des vacances peut alors être difficile à gérer pour ces sportifs qui possèdent une prédisposition génétique à prendre du poids plus facilement. Les tentations nombreuses mais surtout l'arrêt de l'activité sportive peuvent se transformer en piège. "J'ai certains cas comme ça dans les clubs où j’exerce, nous raconte Martino, qui est l'expert en nutrition du sport de l’Association française des diététiciens-nutritionnistes (AFDN). Quand ils partent en vacances, le niveau d'appétit va être maintenu pendant quelques semaines alors qu'ils s'entraînent moins. Ce n'est alors pas évident pour ces personnes-là de parvenir à réguler la prise alimentaire, sachant qu'ils ont le même niveau d'appétit. Car il y a des phénomènes d'adaptation au niveau des mécanismes de faim qui ne sont pas immédiats malgré l'arrêt de l'entraînement ".
En clair, les sportifs continuent de manger autant alors qu'ils ne se dépensent plus de la même manière. Et forcément, certains le payent. "Certains ne connaissent aucune variation pondérale qu’ils mangent bien ou mal, plus ou pas assez, même si en terme d’optimisation de la performance c’est loin d’être idéal. En revanche chez un sportif qui a tendance à prendre du poids même s'il ne fait pas n'importe quoi, c'est plus difficile", remarque Michel Martino. La nature n'est pas toujours bien faite. Et il faut savoir faire avec en s'adaptant en fonction de chaque profil. "On va alors tenter de leur expliquer que malgré cette diminution du volume d’entrainement et une persistance d’un appétit conséquent, il est possible, à la fois de baisser les apports énergétiques en conservant un niveau de rassasiement suffisant en jouant, par exemple sur le volume de légumes consommé. Car si on rentre dans la frustration, on induit ensuite des craquages avec des aliments pas nécessaires"
Ce phénomène, qui peut donc être injuste, met aussi en lumière l'importance de l'alimentation chez les sportifs de haut niveau. Et ce domaine n'est pas encore toujours abordé à sa juste valeur dans tous les clubs de football. Pourtant, les conséquences peuvent être déterminantes, même pendant la saison. "Si un joueur a une tendance à être un petit peu enrobé et qu'il galère pour perdre les 2-3 kilos qui lui permettraient soi-disant d'être meilleur, il risque de couper les vannes et de moins manger, déplore Michel Martino. Il peut alors se retrouver à être moins efficace aux entrainements. Et si ça devient chronique avec des restrictions alimentaires, cela peut entrainer une fréquence plus importante de blessures. Cela peut induire vraiment des modifications de la performance, de la récupération". Le genre de détail qui n'en est pas pour un sportif de haut niveau. Comme de revenir avec quelques kilos superflus pour reprendre une saison.
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