Histoire des France - Espagne

Une ligne a longtemps été directrice dans l’histoire des affrontements entre les deux pays. Avant le mois de juin dernier lors de l’Euro 2012, la France avait toujours remporté les matches officiels alors que l’Espagne était championne des rencontres amicales. Voici quatre des plus importantes confrontations.

Pour la première fois, les deux équipes disputent un match en compétition officielle. Avant cela, 19 rencontres amicales ont eu lieu pour dix victoires espagnoles, dont quelques fessées (8-1 en 1929, 5-1 en 1949), six nuls et trois succès français. Mais les Bleus sont dans une période faste. La France accueille l’Euro et découvre le carré magique, deuxième version, avec Michel Platini, Alain Giresse, Jean Tigana et Luis Fernandez, fils d’immigrés espagnol. La finale de la compétition au Parc des Princes a confirmé le statut de Michel Platini, l’un des meilleurs joueurs du monde et auteur de son neuvième but de la compétition face à Luis Arconada, gardien malheureux de la Roja. Après une fin de match tendue où Yvon le Roux est expulsé, c’est Bruno Bellone qui délivre le pays du coq en inscrivant le deuxième but. La France remporte le premier titre de son histoire.

Depuis la victoire en finale de l’Euro, la France est désormais invaincue avec quatre victoires et un nul face à l’Espagne. Elle est surtout devenue championne du monde en 1998. Arrivés en quart de finale avec le statut de grands favoris de l’Euro, les Bleus affrontent une Espagne très ambitieuse de par sa génération en or, emmenée par Guardiola, Mendieta et Raul. Justement, l’attaquant du Real Madrid a été l’acteur principal d’un match que toute la péninsule regrette encore aujourd’hui. La France mène d’un but grâce à Zidane et Djorkaeff alors que Mendieta avait marqué sur penalty. L’Espagne se voit accorder la chance d’égaliser sur un nouveau penalty – généreux – sifflé par Pierluigi Collina dans le temps additionnel. Le milieu de Valence étant sorti, c’est Raul qui prend la responsabilité de tirer. C’est manqué. La France remportera par la suite le deuxième Euro de son histoire.

L’Espagne s’est renouvelé, elle est désormais commandée par Casillas, Xavi et Puyol, plus la jeunesse symbolisée par Sergio Ramos, Fabregas ou Fernando Torres. La phase de groupe est d’ailleurs facile avec trois victoires et huit buts marqués dont un 4-0 retentissant contre l’Ukraine. La France est elle vieillissante et réalise une première partie compliquée. Seulement deuxièmes de la poule G (derrière la Suisse !), Zidane et consorts sont très humbles avant d’affronter la Roja. Tout le contraire de la presse espagnole : "Nous allons mettre Zidane à la retraite", annonce fièrement Marca la veille de la rencontre. La réponse est cinglante. Accompagné d’un Ribery de feu, la génération 1998-2000 se rebelle après l’ouverture du score de David Villa et inflige une leçon aux insolents espagnols. Zidane repousse sa retraite mais échoue en finale sur un coup de tête.

Bizarrement ou pas, la défaite de 2006 a fait du bien à toute l’Espagne. Le pays a pris une leçon d’humilité alors qu’il se voyait déjà vainqueur. Raul, dernier symbole de la guerre des clans Madrid-Barça, a été écarté et la Roja s’est révolutionné. Avec un jeu flamboyant, elle a remporté l’Euro 2008 et la Coupe du monde 2010. Comme pour la France en 2002, beaucoup s’attendent alors à ce que l’Espagne échoue dans la quête d’un troisième titre international de suite. Mais même la plus grande bête noire des Espagnols n’y peut rien. Cette sélection là est trop sûre d’elle, trop forte. Xabi Alonso, auteur d’un doublé, écarte de bien jeunes Bleus, encore traumatisés par la pitoyable image montrée deux ans plus tôt à Knysna. L’Espagne a enfin surmonté tous ses démons et peut tranquillement filer vers un triplé historique.