Stade Rennais, Nicolas Holveck : "Etre européen chaque saison et de gagner par le jeu"

Alexis Billebault

Mis à jour 20/11/2020 à 15:32 GMT+1

LIGUE 1 - Rennes, troisième de Ligue 1 avant d’accueillir Bordeaux vendredi soir, a effectué un recrutement spectaculaire, qui traduit bien les nouvelles ambitions du club breton. Le président Nicolas Holveck, nommé en mars dernier, explique la politique sportive voulue par la famille Pinault, l’actionnaire majoritaire.

Nicolas Holveck, le président du Stade Rennais, 2020

Crédit: Getty Images

Après dix journées, quelle lecture faites-vous du classement du Stade Rennais ?
N.H. : Il est satisfaisant, avec cette troisième place, derrière l’intouchable Paris Saint-Germain, et Lille. Notre objectif, c’est d’être européen tous les ans. Pour l’instant, nous le sommes, même s’il reste vingt-huit journées. La feuille de route est donc respectée. A cela s’ajoute une volonté de gagner par le jeu. Cela fait partie de l’ADN du club, et de Julien Stéphan, notre entraîneur. Il veut que son équipe produise un football offensif, de qualité. Et puis, nous constatons que toutes nos recrues se sont bien intégrées. C’est aussi parce que nous avons un vestiaire qui intègre bien…
Parlons justement du recrutement : Rennes a dépensé beaucoup d’argent (67 M€ environ), pour faire venir de nombreux joueurs (Gomis, Aguerd, Doku, Terrier, Guirassy…). Est-ce la preuve chiffrée que Rennes a franchi un cap et veut concurrencer, à terme, Marseille, Lyon ou Monaco ?
N.H. : Nous avons beaucoup acheté, c’est vrai, mais aussi très bien vendu (environ 50 M€, dont Mendy et Raphinha, ndlr), ce qui, dans le contexte économique actuel, est à signaler. Les joueurs que nous avons fait venir sont jeunes, ils s’inscrivent dans un projet. Nous avons effectué un mercato ambitieux, cohérent, avec la volonté de doubler chaque poste. Car avec les cadences imposées par le calendrier, entre la Ligue 1, la Ligue des champions, bientôt la Coupe de France et les matches internationaux…
D’ailleurs, à ce propos, trois matches par date FIFA, au lieu de deux, c’est trop, beaucoup trop. On utilisé les joueurs à tort et à travers, c’est excessif. Jusqu’au 22 décembre, Rennes va joueur sept matches de Ligue 1 et trois de Ligue des champions… Mais pour en revenir à votre question, il y a le PSG, intouchable, alors que Lyon, Monaco ou Marseille ont des budgets plus élevés que le nôtre. Comme je vous l’ai dit, notre objectif est d’être européen tous les ans. La concurrence sera rude, et les trois clubs que vous avez cités ont les mêmes ambitions. Je dirais que Rennes a un modèle plus près de celui de Nice, qui peut compter sur un actionnaire très solide (Jim Ratcliffe) que Lille, davantage tourné vers le trading.
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Nicolas Holveck, le président du Stade Rennais, 2020

Crédit: Getty Images

Européen, Rennes l’est cette saison. Au bout de trois journées, Rennes compte un point en trois journées de Ligue des Champions…
N.H. : Oui, et nous sommes déçus. Notamment par rapport au match contre le FC Krasnodar (1-1), car je pense que nous méritions autre chose. On a perdu à Séville (0-1), face au tenant de la Ligue Europa, et ce soir-là, Alfred Gomis avait effectué un match énorme. Et à Chelsea (0-3), on concède deux penalties, un des nôtres est expulsé, et certaines décisions arbitrales sont discutables. Il nous reste trois matches, à commencer par le match retour contre les Anglais, le 24 novembre. Nous allons tout faire pour faire mieux lors de la phase retour, et essayer de poursuivre notre parcours européen. Si c’est le cas, ce sera sans doute en Ligue Europa. On apprend, face à de grosses équipes comme Chelsea, le FC Séville.
Nous avons évoqué le mercato estival. Peut-on s’attendre à des mouvements significatifs à Rennes, où des joueurs comme Clément Grenier ou Mbaye Niang ont été tentés par un départ avant le 5 octobre ?
N.H. : Il faut déjà s’attendre à un mercato hivernal globalement calme. Les clubs français souffrent des conséquences de la crise sanitaire, et du dossier Mediapro. A l’étranger, les matches se jouent dans des stades vides, et l’impact sur les recettes de billetterie est énorme. Avec toutes ces considérations, je crois qu’il faut s’attendre à un mercato calme. En ce qui nous concerne, le calendrier qui s’annonce sera lourd. Si on poursuit notre parcours européen, avec treize matches de Ligue 1 entre le 6 janvier et le 21 mars, plus la Coupe de France, une compétition très importante pour nous, nous aurons besoin de tout le monde.
Sera-t-il difficile de conserver Eduardo Camavinga l’été prochain ?
N.H. : On nous avait promis qu’il partirait l’été dernier, et il est toujours là. Eduardo est un joueur extraordinaire, nous avons besoin de lui et la saison n’a débuté que depuis deux mois. La question n’est pas à l’ordre du jour. Par contre, puisque vous parlez d’un joueur formé au Stade Rennais, je veux insister sur le fait que le centre de formation du club, qui est une des forces du club, et sur lequel nous souhaitons nous appuyer.
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Eduardo Camavinga avec Rennes

Crédit: Getty Images

Vous avez été nommé président du club en mars dernier. Quelles relations entretenez-vous avec l’actionnaire principal, Artemis, propriété de la famille Pinault ?
N.H. : Elles sont excellentes. Il y a des échanges très réguliers avec François et François-Henri Pinault. Le Stade Rennais a la chance de pouvoir compter sur un tel actionnaire. J’avais déjà eu à Nancy, dans un rôle de vice-président, l’occasion de gérer un club au quotidien, avec un président, Jacques Rousselot, qui me faisait confiance et me laisser une grande marge de manœuvre. Je considère d’ailleurs que le vrai président est l’actionnaire principal.
Et avec Julien Stéphan, le coach, et Florian Maurice, le directeur sportif ?
N.H. : Elles sont excellentes aussi, et fluides. Nous sommes de la même génération, nous sommes des personnes rationnelles. Les échanges sont permanents, constructifs, nous sommes en phase. On ne se connaissait pas personnellement avant, mais très rapidement, cela a fonctionné entre nous.
Un vieux serpent de mer, le retour d’une Ligue 1 à dix-huit clubs, est revenue sur la table, comme la déclaré Vincent Labrune, le président de la Ligue de Football Professionnel (LFP). Noël Le Graët, le président de la FFF, a estimé que ce n’était pas le bon moment…
N.H. : Je pense en effet que ce n’est pas le moment. Il y a une crise sanitaire qui coûte très cher au football professionnel français. On joue dans des stades désormais vides. Cela va représenter une perte sèche comprise entre 12 et 15 M€. A cela s’ajoute les difficultés avec Mediapro. Nous n’avons pas touché l’échéance d’octobre, soit 9 M€. Je pense donc qu’il y a d’autres priorités…
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