La dernière chance

Mieux vaut tard que jamais. C'est sans doute ce que David Trezeguet a dû se dire lorsqu'il a appris qu'il était convoqué par Raymond Domenech pour le rassemblement précédant les deux rencontres face au Mali, pour les A', et l'Angleterre, mercredi au Stade de France. Appelé en remplacement de Karim Benzema (blessé) et arrivé lundi soir à l'heure où les autres joueurs avaient déjà pris leurs quartiers à Clairefontaine, le buteur de la Juventus Turin n'a pas fait la fine bouche pour autant.

Eloigné de l'équipe de France depuis le 12 septembre 2007 et la défaite concédée au Parc des Princes face à l'Ecosse (0-1) lors des éliminatoires de l'Euro, le joueur aux 70 capes et 34 buts sélections s'était fait une raison. Ou pas loin. "Dans n'importe quel groupe, il est important d'avoir la confiance de l'entraîneur et je ne pense pas l'avoir en sélection, c'est pourquoi je me suis déjà préparé mentalement à renoncer" , expliquait-il jeudi dernier. Auteur de dernières prestations décevantes avec les Bleus, n'entrant pas dans les plans et la stratégie d'un Raymond Domenech plus enclin à faire jouer son équipe en contre et dans la profondeur, le renard Trezeguet n'était plus en odeur de sainteté avec l'équipe de France et n'avait plus envie de venir en sélection pour se coltiner les rencontres des A'. Le sélectionneur avait entendu et respecté le message du Turinois.

Mercredi, David Trezeguet aura cependant une chance de revenir dans les petits papiers de Raymond Domenech. Si le co-meilleur buteur de la Serie A (17 buts) a été convoqué par le sélectionneur national, ce n'est pas pour rien. Pas pour le Mali. Ni pour rester dans une tribune du Stade de France. Certes, l'attaquant d'origine argentine ne sera sans doute pas titulaire face aux Anglais, mais il aura son mot à dire et pourra peut-être montrer qu'il peut toujours être utile. Comme le disait un Raymond Domenech, empreint de sagesse jeudi dernier, "On a toujours besoin d'un buteur".

Sur la pelouse du Stade de France, l'ancien Monégasque tentera de donner raison et tort en même temps au sélectionneur. Raison de l'avoir rappelé, tort de penser que les Bleus peuvent se passer de lui. Si les dernières sorties bleues du buteur donnent du crédit au patron de l'équipe de France, le joker Trezeguet reste un joueur essentiel. Demandez donc à la Juventus Turin qui l'a retenu cet été alors que le Français avait annoncé son départ. Demandez aussi à Roger Lemerre qui en avait fait un joker de luxe sous son règne. Si le joueur était évidemment réticent et n'appréciait que modérément de ne disputer que des bouts de matches, force est de constater qu'il n'a jamais été aussi prolifique et décisif qu'à cette période. En point d'orgue, ce but en or massif face à l'Italie lors de la finale de l'Euro 2000.

Remplaçant 28 fois lors de ses 70 sélections, le troisième meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France a pour particularité d'avoir traversé une décennie mouvementée avec les Bleus. Une histoire contrariée qui l'oblige à rester lucide, malgré ce retour en grâce. Le Turinois est conscient de ne pas être le premier sur la liste d'attente. Raymond Domenech ne dit pas le contraire : "C'est un problème de concurrence et il est vrai que je ne prendrai pas six attaquants. Aujourd'hui, il est là et c'est tout à fait logique puisque l'opportunité s'est présentée. Son talent, je le connais mais son statut n'a pas changé." La porte de l'Euro est loin d'être ouverte. A David Trezeguet de glisser le pied dans l'entrebâillement.