5 buts encaissés en Liga, 12 en Ligue des champions : la défense du Barça est-elle si solide ?

Ce fut peut-être le dernier calvaire de son extraordinaire carrière ; mais c'en fut un. Face à l'Inter de Milan le 12 octobre dernier, Gérard Piqué avait vécu l'enfer au Camp Nou. Mis au supplice par Lautaro Martinez, fautif sur le premier but milanais de Barella, le vétéran s'était noyé dans les vagues transalpines, pour finir malgré tout sur un match nul, qui précipita l'élimination blaugrana de la Ligue des champions.

Le cadre en difficulté, tel était le symbole ressortant de cette phase de poules, au cours de laquelle le Barça a encaissé en moyenne 2 buts par rencontre. Un chiffre suffisant pour marquer un saisissant contraste : depuis le début de la Liga, Marc-André ter Stegen n'est allé récupérer que cinq petites fois le cuir au fond de sa toile, en quatorze rencontres. Dont, le hasard fait mal les choses, trois fois face au Real Madrid, le 16 octobre.

Il est de rigueur d'abord d'invoquer l'indulgence couplée à l'argument de la phase de transition, dans le cas du Barça : beaucoup d'arrières sont arrivés cet été (Koundé, Christensen, Marcos Alonso, Bellerín), Ronald Araújo revient tout juste de blessure et Piqué est donc parti pour de bon. Ce remodelage intégral de la base du 4-3-3 de Xavi a suffi assez vite pour dominer la Liga, mais il a laissé à désirer lors des sommets ; gageons qu'un peu de temps et de graisse dans le mécanisme ne seront pas de trop pour raffermir encore le dispositif.

Mais est-ce précisément du hasard, si les seules équipes à passer des buts au Barça de Xavi sont des grosses écuries ? Rien n'est moins sûr. Les trois cadors européens auxquels le FC Barcelone s'est mesuré (l'Inter, le Bayern, et le Real) ont trouvé la faille à chaque fois, cette saison. Le signe que lorsque le niveau s'élève, le système à base de pressing haut et de possession mis en place par Xavi s'effrite très rapidement, au point même de devenir une faiblesse.

Le "syndrome Busquets", pourrait-on être tenté d'appeler ce paradoxe. Du nom d'un joueur dont l'apport dans le jeu est toujours indéniable et pas loin d'être incontournable, dont la symbolique dans le dispositif suffit presque à la titularisation, mais dont la pertinence dans l'entrejeu barcelonais face aux ténors des pays voisins, ou face au ténor de la capitale, est de plus en plus questionnée.

Face aux moyennes et faibles équipes de Liga, en revanche, la mayonnaise prend, presque à outrance ; les Catalans sont redevenus cet automne les machines prêtes à ne laisser aucun point à l'adversaire, dès lors qu'il s'incline devant leur pression de tous les instants. Une régularité qui constitue une nécessaire première étape vers le retour au plus haut niveau continental, dont Marc-André ter Stegen est l'incarnation sur la pelouse. Mais ce que la jeune équipe de Xavi doit encore intégrer, c'est la solidité quand le vent tourne, bien qu'il ne tourne pas souvent, et peut-être même pas assez et pas assez fort pour véritablement progresser dans le domaine.

Ce Barça plie finalement trop peu pour ne pas rompre trop vite : face à l'Espanyol ce samedi dans un derby de Catalogne orphelin de Gérard Piqué, son chauffeur de pelouse attitré, puis face à l'Atlético de Madrid, puis en Ligue Europa, voilà le défi qui constitue l'ultime marche vers la rédemption du FC Barcelone. Pour que celui-ci rejoue enfin les premiers rôles, et plus seulement dans sa péninsule.