Liga | Real Sociedad - FC Barcelone : Avec Takefusa Kubo, Messi a trouvé son "Kobe Bryant"

Il est l'un des seuls à ne pas porter ses comparaisons avec Messi comme un fardeau. Ailier gaucher d'1m73 à la conduite de balle millimétrée, le Japonais Takefusa Kubo a, évidemment, comme tant d'autres, été rapidement comparé au désormais octuple Ballon d'Or. Car s'il y a bien deux choses dont le football est incapable, ce sont bien de contenir la saudade perpétuelle de l'enthousiaste du ballon rond, et d'apprendre des erreurs qui ont menées bien trop de jeunes joueurs à la perte. Marvin Martin et consorts vous en diront tant.

Pourtant, à l'orée de la carrière du génie argentin, ce qui ressemble le plus à un successeur - Messi restant inimitable - semble se dessiner à quelques 500km du Camp Nou. Numéro 14 dans le dos et coupe au bol immuable, le Messi japonais Takefusa Kubo s'apprête même à défier l'ancien club de l'idylle catalane. Le FC Barcelone se déplace à Saint-Sébastien ce samedi soir (21h) pour défier la Real Sociedad de l'ailier de 22 ans, avec un léger goût doux-amer.

Michael Jordan a eu son Kobe Bryant. Un joueur plus jeune d'une quinzaine d'années, qui avait grandi en mangeant des heures de ses matches jusqu'à reproduire au plus proche de la perfection ses mouvements iconiques. Avec Takefusa Kubo, Lionel Messi pourrait voir émerger ce fils spirituel. Tout, ou presque, dans le jeu du Japonais fait penser à l'Argentin, comme si les bandes vidéo avaient été superposées au préalable.

Sa conduite de balle qui lui colle au pied, ses slaloms entre trois défenseurs, ses crochets dévastateurs jusqu’à sa tendance à repiquer dans l'axe depuis la droite pour armer du pied gauche, et son amour pour les passes lobées : Takefusa Kubo aurait dû prendre la relève de Messi au FC Barcelone. Mais le destin aime jouer des tours.

Car le maillot Blaugrana, Takefusa Kubo l'a porté. De ses 10 à 15 ans, le Japonais fait ses gammes à la Masia alors que son modèle empile ses premiers Ballon d'Or. Après un début en professionnel au Japon, il revient en Europe à 18 ans au… Real Madrid, où il n'aura jamais sa chance. Transféré l'été dernier à la Real Sociedad contre 6,5 millions d'euros, l'international japonais a enfin trouvé sa place.

Avant la rencontre, en conférence de presse, Xavi est même resté perplexe au sujet du destin du Japonais : "Je ne sais pas ce qu'il s'est passé au Barça avec Take Kubo, doutait-t-il. Parfois, des joueurs n'ont pas le niveau à un moment précis, et explosent autre part." Un beau dégagement pour celui qui connaît certainement les raisons du départ du Japonais du FCB : le club catalan avait été sanctionné pour des transferts de joueurs mineurs, et le prodige avait dû faire ses valises et rentrer à Tokyo.

A Saint-Sébastien, où Martin Odegaard avait également connu un passage salvateur il y a quelques saisons, le mariage semble aujourd'hui idéal. Jokin Aperribay, président du club, déclarait même fin octobre, péremptoire : "Je veux que Kubo reste de nombreuses années, et je pense que ce sera le cas". "La Real Sociedad m'a aidé à faire mes preuves en tant que footballeur" ajoutait l'intéressé quelques jours auparavant.

L'Histoire l'a laissé comme leçon : les comparaisons avec les légendes du sport ne se sont rarement révélées judicieuses. Sur la côte Atlantique de l'Espagne, à quelques kilomètres de Bayonne, Takefusa Kubo est en train de la faire mentir. Dans un long portrait, As révélait les secrets de la réussite du jeune homme : de son affection pour Xabi Alonso, dont son numéro 14 est un hommage, à son quotidien presque autarcique en passant par son refus de demander ou de conserver le maillot d'un joueur adverse.

Le jeune homme a les pieds sur terre, vissés sur l’autoroute du succès. Auteur de 5 buts et 2 passes décisives en Liga cette saison, il a même été élu joueur du mois de septembre du championnat, devant l'inarrêtable Jude Bellingham. De quoi s'imposer comme l'un des jeunes ailiers les plus enthousiasmants du football mondial, et offrir une petite madeleine de Proust teintée d’amertume aux supporters barcelonais samedi soir.