Real Madrid : Sans Tchouaméni, Camavinga a (presque) le champ libre

Le Real Madrid n'est pas sorti totalement indemne de Montjuic. Il y a gagné le Clasico (1-2) en renversant le Barça grâce à l'incroyable Jude Bellingham. Mais il y a aussi perdu Aurélien Tchouaméni. Victime d'une fracture du deuxième métatarsien du pied gauche durant la rencontre, le milieu français se retrouve au repos forcé pour plusieurs semaines. Un coup dur tant il s'est imposé comme une pièce essentielle au Real cette saison. Carlo Ancelotti va devoir composer sans le protecteur de sa défense, et le quatrième élément le plus utilisé de son effectif (1 019 minutes).

L'entraîneur madrilène dispose cependant de nombreuses solutions pour atténuer son malheur. Dans un secteur particulièrement fourni, il a déjà l'option Toni Kroos. L'Allemand avait été régulièrement aligné à ce poste sur la deuxième partie de la saison passée, quand Tchouaméni était au creux de la vague. Il offre notamment des perspectives intéressantes à la première relance par la qualité et la variété de son jeu de passe. Moins à la récupération, où il ne propose pas le même impact physique que le Français. Ou que Camavinga.

Cela donne un avantage à l'ancien Rennais pour hériter du poste laissé vacant par Tchouaméni. Son profil est celui qui se rapproche le plus de celui de son compatriote parmi les milieux du Real. Ancelotti a d'ailleurs préféré aligner Camavinga plutôt que Kross dans ce rôle de sentinelle quand il a choisi de ne pas titulariser Tchouaméni cette saison. Ce n'est arrivé qu'à deux reprises, pour une victoire à Braga (1-2) en Ligue des champions, et une défaite dans le derby contre l'Atlético (3-1) en championnat, le seul revers enregistré par le Real toutes compétitions confondues.

Camavinga tient ainsi l'occasion de se stabiliser à un poste qu'il affectionne, au moins jusqu'au retour de Tchouaméni. Ce serait quasiment une situation nouvelle pour l'ancien Rennais. Sur ses dix titularisations, il en a connu six en milieu relayeur, deux en milieu défensif axiale et deux en latéral gauche. Une tendance qui suivait celle de la saison passée, durant laquelle Ancelotti l'avait également utilisé sur ces trois postes. L'entraîneur madrilène a toujours loué la polyvalence de l'international français et ses choix sont allés dans ce sens.

Pas forcément pour le bonheur de Camavinga. Être baladé à différents postes n'a pas empêché le joueur de 20 ans de s'imposer au Real à défaut d'en être un titulaire indiscutable. S'il affectionne aussi un rôle de relayeur qui lui permet de se projeter vers l'avant, il apprécie en revanche beaucoup moins celui de latéral gauche, où Didier Deschamps l'a également aligné en équipe de France. "Je pense que tout le monde est au courant, répétait Camavinga le mois dernier, avant la victoire contre l'Ecosse (4-1). J'y vais même si ce n'est pas forcément avec plaisir. Je reste un milieu de terrain."

L'horizon s'est dégagé pour Camavinga dans ce secteur avec la blessure de Tchouaméni, tant au Real Madrid qu'en équipe de France. A-t-il le champ libre pour autant ? Pas totalement. Le milieu tricolore reste confronté aux caractéristiques de l'effectif du Real. Déjà dans l'entrejeu, où la concurrence reste très forte malgré l'indisponibilité d'un titulaire. Ancelotti a notamment la possibilité de relancer Luka Modric, déterminant après son entrée en jeu face au Barça. Dans l'optique de libérer une place pour le Croate, Kroos pourrait ainsi reculer d'un cran et évoluer devant la défense aux dépens de Camavinga.

L'autre obstacle qui pourrait se dresser devant Camavinga sur la route d'une place de titulaire devant la défense, c'est toujours le manque d'options pour Ancelotti au poste de latéral gauche. Même si elles sont plus nombreuses que d'habitude avec Fran Garcia et Ferland Mendy. Mais l'Espagnol est davantage loué pour ses qualités offensives que défensives. Ce qui avait certainement incité l'entraîneur madrilène à titulariser Mendy pour le Clasico. Le Français, toujours en délicatesse avec ses ischio-jambiers, avait cependant dû céder sa place dès le début de la seconde période. Et pour le remplacer, Ancelotti avait fait appel à Camavinga, pas à Fran Garcia.

Au moment de désigner le latéral gauche le plus compétitif du Real, c'est toujours vers Camavinga que les regards se tournent. C'est en partie ce qui l'a empêché de s'installer en tant que milieu à la Maison Blanche jusqu'ici. Et si une porte vient de s'ouvrir dans l'entrejeu avec la blessure de Tchouaméni, l'ex-Rennais a tout intérêt à s'y engouffrer en se montrant le plus performant possible. Car le Real a besoin d'un homme fort dans ce rôle si crucial devant la défense pour maintenir son niveau collectif de ce début de saison. Et Camavinga tient une occasion en or de montrer qu'il peut être cette homme-là.