Villarreal - Real Madrid (1-2) I Kylian Mbappé, déjà plus haut que Ronaldo : bien plus que des chiffres

Il n’était pas fatigué. Pourtant, le Real avait disputé une partie éreintante mercredi soir contre l’Atlético de Madrid, arrachant sa place en quart de finale de la Ligue des champions au bout de la nuit (1-1 a.p., 2-4 t.a.b.). Kylian Mbappé avait joué l’intégralité de la rencontre. Moins de 72 heures plus tard, ce qui a fait couler beaucoup d’encre, il a remis le couvert avec ses coéquipiers madrilènes dans l’antre de Villarreal. Le Français y a signé un doublé déterminant pour offrir un succès capital (1-2) au club merengue, désormais en tête de la Liga en attendant le choc entre l’Atlético et le Barça.

Symboliquement, ces deux buts lui ont permis de dépasser une légende. Ronaldo avait inscrit 30 buts lors de sa première saison au Real Madrid en 2002-03, toutes compétitions confondues. Mbappé en est désormais à 31. Il n’y a plus beaucoup de monde devant lui parmi les attaquants débutants à la Maison Blanche. L’ancien Parisien est revenu à deux longueurs de Cristiano Ronaldo, auteur de 33 buts pour sa première année madrilène en 2009-10. Et il n’en a plus que six de retard sur le recordman en la matière au Real, Ivan Zamorano, qui en avait bouclé la saison 1992-93 avec 37 buts.

Faire mieux que Ronaldo et se rapprocher de CR7, ça ne passe pas inaperçu. Et ça ne laisse pas Mbappé insensible. "Ce sont des légendes qui ont marqué une époque, a reconnu le Français dans les travées de la Ceramica. Mais à la fin ce sont des chiffres. Si je marque plus de buts que Ronaldo et Cristiano, cela ne veut pas dire que je suis meilleur. La chose la plus importante est d'aider et de gagner des titres, marquer des buts est important mais cela ne vaut que si nous gagnons le championnat, la coupe et la Ligue des champions."

Pour ça, Mbappé fait tout ce qu’il peut. Beaucoup d’observateurs le disait émoussé sur son niveau de performance face à l’Atlético. Muselé, le Français ne s’était pas vraiment illustré, même s’il avait provoqué le penalty manqué par Vinicius Jr, et transformé son tir au but. "C'est très difficile, a-t-il reconnu samedi. Tout le monde a vu le match contre l'Atlético, 120 minutes, on a joué avec beaucoup d'émotion. Jouer deux jours après, c'est difficile. L'échauffement était aussi difficile, mais il faut respecter le maillot et se battre jusqu'à la fin et c'est ce qu'on a fait aujourd'hui et on a pu gagner."

Dans ces conditions délicates, Mbappé est sorti grandi. Il ne faut pas réduire la victoire madrilène à sa seule présence. Comme souvent, Thibaut Courtois a lui aussi été déterminant dans le but merengue. Mais à l’autre bout du terrain, c’est bien le Bondynois qui a fait la différence. Avec classe. Sur la manière dont il a initié le premier but avant de conclure lui-même, comme sur la finition du deuxième, avec sang-froid et précision sur sa frappe enveloppée.

Mais Mbappé ne s’est pas contenté de finir les actions. Il a souvent décroché à bon escient pour permettre aux mouvements offensifs madrilènes de se développer, lâchant rapidement son ballon pour impliquer au maximum ses coéquipiers. Il a montré un registre de jeu très élargi dont le Real avait besoin pour compenser les limites physiques de son collectif à la Ceramica. L’impression dégagée était très nette, malgré une baisse de régime légitime après la pause. C’était celle d’un leader capable de fédérer toute une équipe derrière lui.

Il fallait bien ça pour que le Real sorte victorieux contre une équipe de Villarreal franchement fringante, et qui aurait certainement mérité un résultat plus positif. Mais Mbappé était en mission, peut-être encore davantage en l’absence de Vinicius Jr., laissé sur le banc au coup d’envoi. Il avait déjà prouvé sa capacité à briller quand le Brésilien n’est pas là. Cela s’est confirmé face à Villarreal. Sur les 21 buts inscrits par le Français en championnat, 10 l’ont désormais été sans Vinicius Jr. à ses côtés.

Mais là aussi, ce ne sont que des chiffres. Ils ne font que traduire l’impact toujours plus important de Mbappé sur le destin du Real. Qu’il dépasse Ronaldo, qu’il se rapproche de CR7, ce n’est que la conséquence du phénomène. "Je me sens très bien, a-t-il confirmé. Je suis très bien avec l'équipe en 2025, sur le plan personnel aussi. Je veux aider l'équipe à gagner et j'espère en faire plus quand nous reviendrons de la trêve." À n’en pas douter, il sera prêt à affoler les compteurs. Mais surtout assumer son rôle de leader.