Laurent Bonadei, adjoint d'Hervé Renard : "Comme les Argentins, Ronaldo va avoir certaines surprises en Arabie Saoudite"

Voilà, Cristiano Ronaldo a disputé son premier match en Arabie Saoudite. Double buteur face au PSG ce jeudi, il a pu se rendre compte du niveau des siens. Dimanche, le Portugais va disputer son premier match de championnat. A quoi doit-il s'attendre ? Décryptage avec Laurent Bonadei, adjoint d'Hervé Renard à la tête de la sélection saoudienne.

Sa signature à Al-Nassr gâche-t-elle l'héritage de Ronaldo ?

Video credit: Eurosport

L'aventure a commencé. Ce jeudi, Cristiano Ronaldo a fait ses premiers pas en Arabie Saoudite avec le brassard autour du bras lors du match amical opposant une sélection de joueurs issus d'Al-Nassr et Al-Hilal au PSG. La courte victoire du PSG (5-4) est anecdotique tant l'enjeu était ailleurs. Reste que le Portugais, auteur d'un doublé jeudi et compétiteur devant l'éternel, disputera son premier match officiel dimanche, face à Al-Ettifaq. Mais que vaut le championnat saoudien ? Réponse avec Laurent Bonadei, adjoint d'Hervé Renard à la tête de la sélection saoudienne.
Question : Avez-vous été surpris de l'arrivée de Cristiano Ronaldo ?
Laurent Bonadei : Oui et non. Il y avait des rumeurs qui circulaient donc on attend. Au début, on ne sait pas si c'est une fake news ou si c'est réel. Mais, finalement, on n'est pas surpris. Pour avoir vu récemment leur capacité à organiser des évènements sportifs, comme la F1, le Dakar ou des Supercoupes, je connais le pouvoir d'attraction de ce pays. Il y a aussi eu des évènements avec des grands DJ récemment, comme David Guetta, surtout depuis l'ouverture au tourisme il y a deux ans. Ils ont cette capacité à attirer les grands, ils ont les moyens de le faire.
Que vaut ce championnat ?
L.B : Avec Ronaldo, le niveau va s'élever encore un peu plus. Mais comme beaucoup d'étrangers l'ont fait avant lui, à l'image de Bafé Gomis, qui a beaucoup apporté au football saoudien et au club d'Al-Hilal. Ils sont dans cette volonté de progresser mais le championnat est déjà d'un bon niveau puisque Al-Hilal a gagné deux des trois dernières Ligues des champions d'Asie. Les clubs sont limités à sept joueurs étrangers cette année mais la limite va passer à huit l'année prochaine. C'est un pays de football et celui-ci s'y développe là-bas.
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Cristiano Ronaldo, dans le vestiaire d'Al-Nassr

Crédit: Getty Images

On a été impressionnés par la discipline collective de votre sélection au Qatar. Est-ce représentatif du niveau du championnat ? L'écart de niveau est-il encore important avec le foot européen ?
L.B : 100% de nos joueurs sélectionnés lors de la Coupe du monde jouaient dans le championnat saoudien. Quand on voit les huit équipes qualifiées en quart de finale au Qatar, ils avaient sans doute 98% des joueurs qui jouaient en Europe. 24 des 26 Marocains, presque l'intégralité de l'équipe argentine ou brésiliens : ça prouve que le fait de jouer en Europe amène un niveau d'expertise et de performance élevé. Donc, pour ce championnat, il faut trouver le bon compromis entre le nombre de joueurs qui viennent pour renforcer et élever le niveau de jeu tout en incluant les joueurs saoudiens.
Vous avez ressenti cette différence à la Coupe du monde ?
L.B : Avant la Coupe du monde, on a constaté que le temps de jeu de notre équipe, c'était 8.000 minutes cette saison alors que le Mexique était à 30.000, l'Argentine à 34.000. Nos joueurs avaient quatre fois moins de temps de jeu que n'en avaient les autres dans les sélections concurrentes. C'est toute la difficulté du développement du football : il doit se faire par l'élite mais aussi par la base. Il y a beaucoup de moyens mis en place, avec notamment Nasser Larguet, le nouveau DTN, qui nous a rejoints il y a huit mois avec une vraie équipe autour de lui. Ils ont fait un gros travail sur les jeunes. Notre souci, c'était surtout les jeunes joueurs entre 18 et 23 ans qui n'avaient pas beaucoup de temps de jeu alors même qu'ils ont des bons résultats en sélection de jeunes. Il faut pouvoir leur donner le temps de grandir.
Lors de votre signature, vous a-t-on demandé un travail spécifique pour développer le football ? Y avait-il un modèle à suivre ?
L.B : Quand on a signé, notre premier objectif était la qualification pour la Coupe du monde au Qatar. Mais, connaissant Hervé avec sa volonté d'intégrer des jeunes, de les développer et de construire, on s'est investi aussi. On vit ici, on va voir des matches, on a un staff élargi, un DTN désormais. Je crois que le travail qu'on a mis en place, l'image qu'on a donnée lors de la Coupe du monde va donner un élan supplémentaire pour faire en sorte qu'une dynamique soit créée au niveau des clubs et des régions.
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Hervé Renard et Laurent Bonadei lors de la Coupe du monde au Qatar

Crédit: Getty Images

Au niveau des clubs, ça donne quoi ?
L.B : Il y a beaucoup de grands clubs. Al-Hilal, bien sûr. Mais Al-Nassr aussi, qui prouve sa capacité à attirer des grands joueurs. Il y a Al-Ahli aussi, qui est malheureusement descendu en deuxième division mais qui est un gros club, Al-Ittihad, Ettifaq…
A quoi doit s'attendre Cristiano Ronaldo ?
L.B : Il va apporter ses qualités de footballeur mais aussi son expérience, son professionnalisme. Il va être un exemple dans son club, pour son travail avant et après séance d'entraînement. Ça va être une vraie source de progression pour les joueurs d'Al-Nassr. Il va marquer des buts, il en a marqué partout où il est allé. Je n'ai pas de conseils à lui donner. Simplement, il va arriver dans un championnat où il y a beaucoup d'éléments contextuels à prendre en compte, par rapport aux régions, à la chaleur, l'environnement. Son adaptation se fera sans souci mais il va aussi avoir certaines surprises, comme les Argentins ont pu avoir.
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Ronaldo receives raptuous welcome from Al Nassr fans

Video credit: SNTV

Les conditions changent beaucoup ?
L.B : C'est bien pour lui d'arriver dans cette période-là, où il fait un temps à l'Européenne à Riyad. Mais, souvent, les joueurs qui arrivent au mois d'août, ça leur fait drôle. 45 à 50 degrés, ce n'est pas la même histoire. Lui, il va pouvoir s'adapter au climat qui va changer et aux différentes régions. Parce que si vous jouez à Djeddah avec 75% d'humidité, à Abha à 2300 mètres d'altitude ou à Riyad avec un temps chaud et sec, c'est totalement différent. Mais il sera bien entouré, bien conseillé par un staff français qui a pu évaluer tout ça sur les six derniers mois.
On a vu une vague verte déferler au Qatar. C'est représentatif de l'ambiance dans les stades locaux ?
L.B : C'est dingue qu'en France on ne soit plus informé sur ça. Parce que c'est vraiment un très beau pays de football. On a joué nos qualifications à Djeddah devant 55 000 spectateurs et une ambiance de folie. Il y a eu plus de 800 000 demandes de billets pour le match contre l'Argentine. Il y a eu un engouement pendant le Mondial mais il existait avant la compétition. Al-Nassr, par exemple, joue dans un stade de 25 000 places, il sera plein à tous les matches. C'est similaire pour les autres gros clubs, avec certaines affiches qui se jouent devant 40 000 spectateurs. La curiosité de voir jouer Ronaldo va aussi attirer un peu plus de monde dans les stades de province, moins remplis que les autres, et ça va faire boule de neige. Ça va entraîner un cercle vertueux, avec plus d'engouement, donc plus de jeunes qui se mettent au football etc…
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