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Al-Nassr et Al-Hilal - PSG / Messi et Ronaldo réunis contre leur pays : le projet saoudien pour la Coupe du monde 2030

Cyril Morin

Mis à jour 19/01/2023 à 12:36 GMT+1

Ce jeudi, le PSG de Lionel Messi défiera une sélection de joueurs du championnat saoudien, dont Cristiano Ronaldo. Un match symbolique de la détente diplomatique entre l'Arabie Saoudite et le Qatar. Mais un duel qui rassemble aussi deux figures vouées à jouer un rôle clé en vue du Mondial 2030, que l'état du Golfe espère organiser. Face à la candidature saoudienne ? L'Argentine et le Portugal...

Sa signature à Al-Nassr gâche-t-elle l'héritage de Ronaldo ?

Ils sont sans doute les seuls employés d'entités qataries et saoudiennes à regretter la programmation d'un match amical au plein cœur de l'hiver, dans la douceur de Riyad alors que des échéances importantes arrivent pour leurs deux équipes. Christophe Galtier et Rudi Garcia le savent pourtant : les affaires n'attendent pas. La géopolitique non plus.
Jeudi, le PSG affronte une sélection composée des meilleurs joueurs des clubs d'Al-Hilal et d'Al-Nassr dans un match à la symbolique chargée. Puisque le hasard fait bien les choses, ce sera, au passage, le premier match de Cristiano Ronaldo depuis son arrivée dans le plus grand pays du Moyen-Orient. Alors, sur le papier, Riyad a déjà gagné : ce jeudi, c'est un énième remake du duel Messi-CR7 qui devrait être rejoué, l'enjeu en moins.
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L'entraînement du PSG au Qatar

L'image va remettre un coup de projecteur incroyable sur l'Arabie Saoudite, lancée à grande vitesse mais aussi avec beaucoup de retard dans son opération de sportwashing. Après le LIV Golf, le rallye-raid, la Formule 1, le motoGP en approche, les Jeux Asiatiques, le Saudi Tour voire la Diriyah Tennis Cup, le royaume a décidé de s'attaquer au sport le plus populaire au monde : le football. Le rachat de Newcastle n'était qu'une étape dans la stratégie saoudienne. Le rêve plus si secret de Mohammed ben Salmane, prince héritier, est désormais d'organiser la Coupe du monde 2030 avec la Grèce et l'Egypte.
Dans cette bataille, Cristiano Ronaldo et Lionel Messi risquent d'être torturés. Car, en face, le Portugal sera candidat, aux côtés de l'Espagne et de l'Ukraine. L'Argentine aussi y pense, avec l'Uruguay, le Chili et le Paraguay, histoire de fêter les 100 ans de la création de la Coupe du monde. Les deux stars vont-elles céder aux avances saoudiennes ?
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Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, un duo dont rêve l'Arabie Saoudite pour promouvoir sa candidature à la Coupe du monde 2030

Crédit: Quentin Guichard

Ronaldo, ambassadeur et influenceur

En un sens, Cristiano Ronaldo a déjà franchi le Rubicon. "L'investissement sur Ronaldo est lié à deux choses, décrypte Jean-Baptiste Guégan, spécialiste en géopolitique du sport. D'abord, il fallait quelqu'un qui soit un ambassadeur. Si Al Nassr dément que les 2/3 des 200 millions d'euros vont aller à un contrat d'ambassadeur, à partir du moment où il a posé un pied en Arabie saoudite, il devient l'ambassadeur du pays de manière concrète. On parle du premier influenceur sur Instagram".
De son côté, le Portugais s'est toujours tenu assez éloigné de la candidature lusitanienne. Ses préoccupations de joueur de premier rang étaient sans doute ailleurs. Mais le fait de le voir choisir l'Arabie Saoudite pour finir sa carrière a mis un vrai coup à sa popularité dans le pays. "Finalement, ce qui lui est le plus reproché au Portugal, c'est le fait de devenir un ambassadeur pour l'Arabie Saoudite, expliquait Alex Ribeiro, gérant de Trivela, au moment d'évoquer la signature de CR7 à Al-Nassr. Officiellement, il n'est pas encore ambassadeur mais en allant là-bas, il donne une telle exposition au football en Arabie Saoudite qu'il y a les mêmes conséquences. Ce n'est pas forcément la meilleure façon de finir de la personnalité portugaise la plus connue de l'histoire…".
Depuis, la tonalité n'a pas évolué. Même Miguel Albuquerque, président du gouvernement régional de Madère, soutien historique de la star, a estimé qu'une promotion d'une candidature étrangère serait un acte "anti-patriotique" auprès du Diario de Noticias.
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Cristiano Ronaldo avec son maillot d'Al-Nassr

Crédit: Getty Images

Messi, porte-drapeau argentin… jusqu'au bout ?

Pour Lionel Messi, on n'en est pas encore là. Sous contrat avec le PSG, entité qatari, en discussions pour prolonger, son avenir sportif ne semble pas passer par l'Arabie Saoudite à court terme, pas avant 2024 en tout cas, date de l'attribution du Mondial 2030. Surtout, il a toujours poussé pour une candidature de l'Argentine en 2030, se présentant même en 2017 avec Luis Suarez avec deux maillots distincts pour une même candidature.
Fernando Marin, coordinateur du projet argentin, expliquait alors à l'AFP que Messi serait avec son pays d'origine : "Il sera avec nous dans cette initiative, tout comme Suarez certainement. On a parlé à Léo de nos objectifs, et il pense que c'est faisable. Il a montré une vraie envie de nous aider. Il sera probablement le porte-drapeau de notre candidature".
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Luis Suarez et Lionel Messi en août 2017 qui font la promotion du Mondial 2030 co-organisé par l'Argentine et l'Uruguay, notamment

Crédit: Getty Images

Sur le papier, aucun risque. Sauf qu'une vraie alerte est arrivée dans le camp argentin quand, en mai dernier, l'Arabie Saoudite a officialisé l'intronisation de Lionel Messi comme ambassadeur touristique. La durée du contrat et le montant n'ont pas filtré. Mais que l'Argentin accepte de confier son image au royaume dit beaucoup de l'attractivité des sommes saoudiennes. Un exemple : Tiger Woods, en son temps, avait refusé une offre entre 700 et 800 millions de dollars pour rejoindre le projet du LIV Golf.

Des "mercenaires en termes de communication"

Messi et Ronaldo pourraient donc devenir des exceptions géopolitiques. Dans l'histoire récente, des joueurs ayant soutenu des projets étrangers alors que leur pays était candidat, ça ne s'est jamais vu. "Contre leur pays, ça serait nouveau, estime Jean-Baptiste Guégan. Mais qui ont soutenu d'autres candidatures, oui. Il y a eu Guardiola et Zidane qui ont pris des chèques monstrueux pour le Qatar en décembre 2010. Mais cela reste un phénomène assez récent. Il y a eu un tournant dans les années 90. On a alors associé les joueurs à l'organisation de ces méga-événements qui dépasse le cadre du sport. On se sert alors de la popularité des joueurs pour cela. Maintenant, il y a un revers à ça, c'est que les joueurs deviennent des mercenaires en termes de communication. Je ne suis pas sûr que ce soit au final si productif". Sauf pour certains comptes en banque...
Avec Glenn CEILLIER
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