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Les affaires Le Graet ou Diacre, le PSG, l'indice UEFA... L'hiver noir du football français

Chérif Ghemmour

Mis à jour 21/03/2023 à 19:20 GMT+1

Après avoir décroché une demi-étoile au Mondial qatarien au terme du "match du siècle" en finale face à l’Argentine, le football hexagonal traverse un hiver noir. Des affaires Noël Le Graet à Corinne Diacre en passant par les résultats catastrophiques des clubs, le PSG en tête, dans les compétitions européennes, on redoute même que 2023 ne tourne à l’annus horribilis…

Noël Le Graet, Corinne Diacre, le PSG... L'hiver noir du football français

Crédit: Marko Popovic

"Nice doit sauver l’indice". Au matin du jeudi 16 mars, la presse française lançait un S.O.S en présentant le match retour de C4, Nice-Sheriff Tiraspol ! L’enjeu : préserver le 5e rang de la France à l’indice UEFA qui offrirait à nos clubs quatre tickets pour la future Ligue des champions 2024-2025 (trois places directes en phase de groupe + une place de barragiste, via deux tours de qualifs). Nice face au redoutable Sheriff Tiraspol ! Dans la prestigieuse Ligue Europa Conférence ! On en tremblait !
Le lendemain, malgré la qualification niçoise, on s’alarmait encore plus : la menace des Pays-Bas se précise, malgré la qualification de Nice. Le danger néerlandais est donc double puisque que les clubs bataves talonnent dangereusement les nôtres à l’indice UEFA et que les Oranje défieront les Bleus ce vendredi pour les qualifs de l’Euro 2024. Une équipe de France ballottée à nouveau par la guerre Benzema-Deschamps puisque ravivée récemment par un message vengeur du Nueve sur Instagram qui contesterait la version de son départ controversé du Mondial qatari émise par DD.
A l’aube du printemps 2023, l’équipe de France avance donc sans son meilleur footballeur, Ballon d’Or en titre, et avec à sa tête un sélectionneur dont la longue prolongation jusqu’à 2026 décidée seul par Noël le Graët, démissionnaire, continue de susciter des remous…

Le Graet, Diacre, la FFF...

Le vendredi 17 mars, mauvaise nouvelle encore : Patrick Vieira, unique coach français à officier dans un grand championnat étranger, était viré de Crystal Palace. Et ce weekend, à la FFF toujours gouvernée par un président intérimaire, Philippe Diallo, on s’inquiétait pour la nomination du successeur (homme ou femme) de Corinne Diacre, débarquée brutalement le 9 mars dernier : Jocelyn Gourvennec déclinait le poste de sélectionneur des Bleues, laissant seul en lice le favori Hervé Renard… mais toujours sous contrat avec la fédé saoudienne !
Même s’il semble que ce dernier soit toutefois nommé très prochainement, on n’oubliera pas le périlleux précédent du putsch fomentée par quelques sélectionnées (Renard, Katoto, Diani) en février dernier, installant de fait une "république des joueuses" mais qui assigne aux Bleues et à leur sélectionneur une obligation supérieure de résultat à la Coupe du monde cet été.
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Wendy Renard, la capitaine des Bleues pour l'Euro 2022

Crédit: Getty Images

Les doux rêveurs qui voyaient en Michel Platini le sauveur d’une FFF plongée dans une grave crise de gouvernance consécutive à la longue et pathétique séquence de non-retrait de Noël le Graët, ont été douchés il y a aussi une semaine par son annonce bien tranchée sur RMC : "Je ne reviendrai pas dans le football, ni à la Fédération française". A 68 ans en juin, le grand Platini était-il de toute façon l’homme de la situation, à la tête d’un football français qui tremble sur ses bases ?
Car hier, enfin, comme pour élargir le marasme de ce début d’annus horribilis 2023, le PSG a implosé 2-0 au Parc face à Rennes ! Après avoir sombré en Coupe de France et en 8e de Ligue des champions, malgré ses stars et son budget XXL, la "locomotive" du foot français de club est en train de bazarder une fin de saison qui pourrait lui coûter le titre. La situation de Christophe Galtier en est devenue intenable. Mais qui pour le remplacer ?

Le PSG n'a rien créé : ni esprit club, ni identité

Un focus comparatif du PSG avec Chelsea et Manchester City s’impose. Ces deux clubs anglais ont suivi le même modèle de rachat par des gros investisseurs étrangers dans le but de gagner la C1. Depuis 2003 et l’ère Abramovitch (Russie), Chelsea a remporté deux C1 et deux C3. Depuis 2008 et l’ère Al Mubarak (Abu Dhabi), City n’a, certes, pas remporté la C1 mais a disputé une finale en 2021 et a développé un esprit club, une identité de jeu mondialement reconnue et a fourni pas mal d’internationaux chez les Three Lions.
Or, cette année, le PSG qatarien pourtant triomphant d’avant la Coupe du monde au Qatar n’avait fini que deuxième en poule de C1 derrière le Benfica. Et le Benfica a donc pu affronter et éliminer un faible Bruges et il est aujourd’hui en quarts... Avec Naples, l’Inter et Milan AC, l’Italie et sa Serie A "dévaluée" a placé trois clubs dans le Grand Huit de Champion’s !
Depuis 2011, avec des moyens tout aussi considérables que Chelsea et City, le PSG-QSI a accumulé les fiascos malgré une finale de C1 2020 bien à part pour cause de Covid… Aujourd’hui, même en cas de succès en championnat 2023, le bilan global de 12 années de PSG-QSI est accablant : pas de C1, pas d’esprit club, pas d’identité de jeu.
La situation actuelle du PSG est édifiante car elle acte surtout une désillusion sur notre championnat : on croyait la L1 en nets progrès cette saison et donc capable d’offrir enfin une réelle adversité au PSG censée l’aguerrir pour la Ligue des champions… Erreur ! Non seulement Paris a plus subi cette concurrence mais en plus nos clubs de haut de tableau n’ont pas existé en Coupes d’Europe. Après Monaco encore éjecté en août, l’OM a été sorti en C1 d’une poule "abordable". En barrages de 8e de Ligue Europa, Nantes, Monaco et Rennes ont ensuite repoussé les limites de la médiocrité en giclant piteusement.

Qu'ils sont loin les rêves de Labrune...

On essaie de se réjouir de l’actuelle "course à l’Europe" des poursuivants du PSG, Monaco, l’OM, Lens, Rennes ou Lille. Mais pour y faire quoi exactement la saison prochaine ? L’année dernière, on avait assisté à une finale de C3 Francfort-Glasgow Rangers, preuve que cette compétition n’est pas insurmontable pour nos clubs. Et bien, non ! Et c’est en C4, sur les épaules de l’OGC Nice, que repose le salut des clubs français…
Les rêves de grandeur de Vincent Labrune (une victoire française prochaine en C1, la L1 dans le Top 3 des championnats européens et des droits TV à la hausse fin 2023), président d’une L1 qui se déprécie sont-ils réalistes ? Surtout si Messi et/ou Neymar quittent le PSG, produit d’appel de la L1, à l’image sportive dégradée à l’international.
Même s’il est peu probable que Kylian Mbappé s’en aille cet été, Alexis Sanchez, autre star de la L1, a laissé planer l’idée d’un départ de l’OM. Et on ne parle même pas de nos jeunes pépites convoitées par les clubs étrangers dont la fuite appauvrirait encore notre championnat. Les affaires diverses (Abdel Bouhazama viré d’Angers, la reprise du procès Benjamin Mendy en Angleterre) et la valse accélérée des entraîneurs de L1 (suite au passage prochain à 18 clubs) continuent d’assombrir le tableau hexagonal.

Nouvelle "année zéro" du football français

Il y a exactement 30 ans, après le succès de l’OM en C1, le foot français avait brutalement basculé la saison suivante 1993-1994 dans les affres de l’affaire OM-VA et du calamiteux France-Bulgarie… Aujourd’hui, juste après la finale de Coupe du monde France-Argentine, un même marasme, plus profond qu’on ne le pense, mazoute le football tricolore. Sauf que lors de la décennie 1990, les clubs français traversaient un cycle vertueux qui envoyait chaque année un ou plusieurs d’entre eux en demi-finales des trois coupes d’Europe. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
A travers la grave crise du PSG qui dévalue la Ligue 1, l’année 2023 apparaît un peu comme une nouvelle "année zéro" du football français (après 1993 puis Knysna 2010) où il faudrait tout repenser et tout rebâtir. Aujourd’hui, notre football ne brille globalement qu’à ses deux extrémités, avec sa formation de jeunes et avec sa sélection nationale A. Entre les deux, un vide monotone qui nous prive toujours de printemps européens (désolé pour Nice en C4 !) et de fins de championnats réellement emballantes…
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